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ALERTE ROUGE SUR L'AMERIQUE & LA PUISSANCE SANS FIN

ALERTE ROUGE SUR L'AMERIQUE & LA PUISSANCE SANS FIN

Par Ruby BIRD - Journaliste Indépendante

ALERTE ROUGE SUR L’AMERIQUE
Retour sur le maccarthysme
Florin Aftalion (Editions JC. Lattès)

Ce livre fourmille d’informations sur l’époque du « maccarthysme » et j’ai retenu la biographie du Sénateur Joseph Mc Carthy. Je la résume pour donner une idée du personnage et de ses ambitions :

Né en 1908, dans le Wisconsin, de parents catholiques pratiquants d’origine irlandaise. Il nourrissait des ambitions déjà  jeune. Il décida d’entrer dans les affaires à  l’époque du lycée et devint éleveur de poulets. Ce fut le succès jusqu’à  ce qu’il tomba malade et dut arrêter ses activités pendant plusieurs mois. Il se retrouva donc ruiné à  l’âge de 21 ans ce qui le motiva à  reprendre ses études. Grâce au travail et à  une mémoire extraordinaire, il réussit à  rattraper en neuf mois l’équivalent de quatre années scolaires. Il devint avocat. Pendant trois ans, il vécut la vie d’un avocat de province et se présenta aux élections de juge du Comté e Shawano, dans le Wisconsin. Il fut élu grâce à  des méthodes peu reluisantes car il attaqua son adversaire sur son âge et en le faisant passer pour sénile. Le sénateur sortant avait commencé sa carrière en se vieillissant et lors de la campagne avait démenti son âge et il avait complètement oublié qu’il s’était vieilli bien des années plus tôt. La confusion fit donc gagner Mc Carthy.

Pendant la guerre, il était dispensé de service militaire en tant que juge. Mais il s’enrôla quand même dans les marines et devint officier de renseignements. Etant extrêmement ambitieux, il s’arrangeait pour que la presse du Wisconsin parle de lui en évoquant des exploits vrais ou faux. En 1944, Mac Carthy venait de gagner plus de 40 000 $ à  la Bourse, ne les déclara pas au Fisc et s’en servit pour financer sa campagne afin de devenir sénateur. Il utilisa ses amis sur place, lui était encore en activité dans le Pacifique Sud. Il savait qu’il ne gagnerait pas mais c’était uniquement pour que l’on parle de lui. Ensuite, il s’engagea pour un autre poste de sénateur en 1946 en se déclarant républicain, il avait toujours voté, ainsi que sa famille, pour les démocrates. Il sillonna le Wisconsin dans tous les sens intervenant quand il le pouvait sur les radios locales. Il accusait son adversaire républicain d’être un profiteur de guerre corrompu, lui-même, on ne savait pas toujours d’où son argent provenait. Il remporta avec une faible marge.

Il s’attaqua ensuite à  son opposant démocrate, l’Etat du Wisconsin était majoritairement républicain. Mc Carthy accusa le candidat démocrate de faiblesse à  l’égard des communistes. A chaque accusation, la presse ne vérifiait jamais ses dires. Mc Carthy gagna en novembre 1946. Sa première tâche à  Washington fut de se faire connaître. Il fréquentait donc beaucoup de journalistes et les réceptions mondaines. Il voulait se démarquer par ses mauvaises tenues, son manque de manières. Il jouait aussi de son charme, de sa jeunesse (il était le benjamin du Sénat) et de sa religion (sera un familier du Clan Kennedy).

Mc Carthy apprit très vite à  donner et à  recevoir des coups bas. En 1948, il publia une étude détaillée de la situation du logement aux Etats-Unis et avança une proposition de loi sur la construction de 1,5 million de logements sur 10 ans. Il obtint aussi des aides pour les anciens combattants, il voulait être leur champion. En novembre 1948, le nouveau Congrès élu était majoritairement démocrate. C’était connu qu’il ne cherchait que la célébrité, la fin de son mandat approchait et la presse du Wisconsin s’acharnait sur lui. Il s’en prit donc au Capital-Times, l’un des plus gros journaux de l’Etat, accusa les dirigeants d’être des communistes. La Cour Suprême du Wisconsin trancha en sa faveur. Mc Carthy comprenait que les accusations de communisme l’aiderait à  marquer des points.

En 1950, Mc Carthy faisant une tournée de discours pour son parti, il mit en exergue une liste de soi-disant 205 espions appartenant aux employés du Département d’Etat, celle qu’il brandit antérieurement au Club des Femmes républicaines de Wheeling en Virginie. Il jouait au chat et à  la souris avec les journalistes qui ne réclamaient que des noms. Tout était à  base de confusion dans ses différentes déclarations, c’était 205, 81 ou 57 noms…. Le 16 février le Président Truman déclara que tout était faux dans les allégations de Mc Carthy. Ce dernier venait d’intéresser le Président. Il était à  la une des journaux. Le 20 février, il s’adressa au Sénat. On lui reprocha de ne rien révéler du tout. Il se défendit pendant six heures. Les démocrates décidèrent de déclencher une Commission d’enquête pour anéantir sa réputation montante en en confièrent la présidence à  son ennemi juré Millard Tydings.

La Commission Tydings, après un mois, arrêta les auditions et blanchit tout le monde en concluant que les accusations de Mac Carthy étaient frauduleuses. C’est au cours des hearings que Mc Carthy comprit qu’il était tombé dans un piège. En 1952, Mc Carthy devait se représenter. Il sentait la fatigue l’envahir. Des crises d’ashmes et migraines devenaient fréquentes, s’y ajouta une hernie discale. Il ne contrôlait plus la boisson, même devant les journalistes. En novembre 1952, Mc Carthy fut réélu sénateur. Les Républicains gagnaient de courtes majorités au Sénat et à  la Chambre, expliqué par l’évolution du corps électoral et la prospérité de l’après-guerre transformant les cols bleus démocrates en membres de la classe moyenne.

Mc Carthy bénéficia des règles de l’ancienneté et devint président de : «Government Operations Affairs Committee » et « Senate permanent Subcommittee on Investigation ». Cette dernière allait s’appeler la Commission Mc Carthy et avait des pouvoirs d’investigations très larges. A l’origine, elle fut créée pour lutter contre la corruption dans l’administration et pour réformer les programmes gouvernementaux. Mc Carthy s’en servira pour la chasse aux communistes de l’administration en mettent en avant le laxisme des démocrates.

Les autres membres de la Commission (démocrates et républicains) étaient des anticommunistes inflexibles ou trop jeunes pour s’opposer à  Mc Carthy. Il commença donc sa tâche par s’attaquer au Département d’Etat, puis aux organisations financées ou dépendantes de l’Administration, puis enfin à  l’armée. Ce sont les auditions qui établirent sa réputation de Grand Inquisiteur. Au total, 395 personnes furent entendues à  huis clos et 214 d’entre elles durent revenir devant la Commission réunie en session publique. Les témoins pouvaient avoir un avocat et refuser de répondre en se retranchant derrière le cinquième amendement de la Constitution.

Il fut reproché à  Mc Carthy et Roy Cohn d’intimider en menaçant de condamnation pour outrage au Congrès, de déclarer coupable de communisme par association, de calomnie en dévoilant à  la presse des extraits choisis « d’executive sessions », en principe secrètes (les comptes-rendus des cessions seront rendus publics en 2003). « La Commission Mc Carthy voulait démontrer la présence dans les bibliothèques des centres culturels américains d’ouvrages à  contenu subversif. »

En 1953, Roy Cohn et David Schine quittèrent l’Amérique pour l’Europe pour visiter les centres culturels. Des journalistes européens les suivirent pas à  pas enquêtant sur leurs faits et gestes. Ce fut un désastre complet. Sa cote de popularité chuta à  partir de ce moment. Pour y remédier, Mc Carthy prétendit détenir la preuve qu’il y avait des communistes dans l’armée. Cela ne pouvait que fâcher le général Eisenhower. L’entourage de ce dernier se demandait si Mc Carthy ne briguait tout simplement pas les élections présidentielles de 1956. La Maison Blanche décida de réagir en s’assurant de l’appui de la presse et des médias. Les méthodes du sénateur furent dévoilées dans toutes leurs largueurs.

Le 12 mars 1954, le Pentagone rendit public le rapport effectué sur Mc Carthy. La presse en fit les gros titres. Les hearings « Armée contre Mc Carthy » commencèrent le 22 avril 1954 devant 400 personnes, plus de 100 journalistes, une douzaine de caméras et 20 millions de téléspectateurs. Maintenant, Mc Carthy était victime du même traitement, sinon pire, qu’il infligeait auparavant aux témoins. On utilisa des méthodes illégales contre lui. Mc Carthy décida d’assurer lui-même sa défense mais se laissait trop facilement emporter. Ses capacités physiques étaient affaiblies par manque de sommeil, boisson, migraines et douleurs aux sinus. La télévision jouait contre lui, c’était une arme qui faisait rire de ses malheurs les Américains.

Dans les semaines qui suivirent, il fit en sorte de rendre coup pour coup. Il fut néanmoins comparé à  Hitler, traité d’homosexuel et accusé de corruption. « L’affaire de l’armée était dépassée. Lui faire quitter la Commission ne leur suffisait plus… Les démocrates conçurent le projet de faire voter la censure de leur archi-ennemi. Ils réunirent comme charges contre lui celle d’outrage au Congrès…. Et de conduite répréhensible envers un général. Il fallait condamner sous n’importe quel prétexte Joseph Mc Carthy pour ce qu’il représentait : l’anticommunisme pur et dur. ».

Les élections de mi-mandat de novembre firent des démocrates les gagnants et ils reprenaient la majorité à  la Chambre et au Sénat. Le 2 décembre la censure contre Mc Carthy était votée par 67 voix contre 22. Cette majorité ne fut possible qu’avec le ralliement des Républicains modérés aux Démocrates. La censure n’était que morale. Mc Carthy gardait ses prérogatives de membre du Congrès. La quasi-totalité de la presse le détestait. Maintenant, au Sénat, ses discours attiraient l’indifférence. Il mourut le 2 mai 1957 en ne cessant jamais de boire.

LA PUISSANCE SANS FIN
Essai sur la dissolution du monde
Jean-Michel Le Lannou (Hermann Editeurs)

Ce livre est assez formel et est un vrai traité de philosophie, ce qui le rend passionnant pour les amateurs. Tout y est dit concernant le devenir de l’homme et ce qu’il pourrait en faire. Un changement radical caractérise notre époque, le développement sans limite de la puissance sous toutes ses formes. Tout devient possible. L’homme sait qu’il peut jusqu’à  se modifier lui-même. Changer à  commencer par les modalités de sa procréation. Ainsi il ne se devrait plus à  la Nature. Le problème qui se pose est que quand la puissance devient illimitée, elle bouleverse non seulement l’action qui est entamée mais aussi bien toute l’existence de l’individu. L’ampleur des conséquences nous échappe encore.

Il y aurait, sûrement, dans les hommes, une logique de l’excès, le dépassement incessant, un processus qui conduirait son intensification sans que rien ne puisse le maîtriser. L’auteur pose les questions : quel est le sens et le statut de ce processus ? Faut-il le dénoncer et s’y opposer ? Faut-il y consentir, en trouvant en lui la vérité de la Nature ? Serait-il là  l’annonce du passage à  l’autre « être », la suite de l’évolution ?….

L’être véritable exige le devenir qui le conduira à  lui-même. L’absence s’identifie à  tout ce qui empêche de s’égaler à  soi. Relèvent de cette « inégalité », la contingence, la possibilité ou le pouvoir de na pas être, l’extériorité ou encore la transcendance, donc tout ce qui jette « hors de soi ». La « contingence » est la condition pour atteindre le bonheur. Les question posées sont : d’où vient donc qu’il y ait de l’absence ? Pourquoi l’être se manque-t-il ainsi à  lui-même ? Où donc la Nature manque-t-elle ? Qui exige l’avenue de l’égalité ? Quel est le principe de ce mouvement d’égalisation ? Est-ce la volonté ? En quel sens cela pourrait-il l’être ?….

Pour chaque homme, la question est bien pragmatique : que lui faut-il faire pour correspondre au mouvement réel qui porte et anime son existence. Les formes de l’excès pourraient se formuler dans notre rapport au réel qui est maintenant entièrement médiatisé par le savoir de l’inexorable pouvoir être autre qu’il recèle. Rien n’échappe plus à  la probabilité d’une métamorphose, la puissance ne connaît plus de limite, elle s’est entièrement libérée de tout ce qui la retenait. La puissance constitue maintenant explicitement la modalité propre de l’action. Elle s’en révèle même le principe.

La puissance actuelle met fin à  la croyance ancienne à  la Nature qui fondait la religion la plus tenace. L’argent s’y révèle puissance. Par lui l’action cesse de dériver de l’être. Entre l’être et l’agir, il vient s’interposer, en produisant leur stricte disjonction. Il sépare le réel, et l’homme en particulier, d’eux-mêmes. « Ce que je suis et ce que je peux n’est donc nullement déterminé par mon individualité ». L’argent transforme chaque être en échangeable. Que résulterait-il du règne illimité d’une telle puissance ?

Dans l’actuelle probabilité de la technique les modifications de la réalité s’ouvre la perspective d’un « pouvoir faire » sans limite. La technique ne se limite plus à  une simple modification, elle devient capacité de produire. La productivité technique contemporaine s’ouvre à  son illimitation. La technique actuelle ne se réduit plus à  un faire particulier, elle opère directement l’intensification du pouvoir faire. Sa potentialisation semble même sans fin. Quelle limite envelopperait-elle ? Que signifie le fait d’un tel pouvoir produire ? Quel sens, quel statut reconnaître à  cette puissance ? La technique n’est-elle pas en elle-même, et « essentiellement » un moyen ? Quel est le statut de l’illimitation qui y paraît ? N’est-ce pas oublier la détermination volontaire ? Qu’advient-il, symboliquement et concrètement, à  celui qui sait qu’il peut se refaire ? Quels sont les effets de la potentialisation technique sur l’homme, la société et la réalité même ?…… On peut développer ainsi avec la volonté et le désir illimité……A lire impérativement si l’on veut se remettre en question et remettre en question notre libre arbitre.