arch/ive/ief (2000 - 2005)

Haïti - un navet dans le caviar!
by Cécily Wednesday, Feb. 18, 2004 at 6:34 PM

Ne cherchez pas votre horreur médiatique de ce mois dans la presse hersantisée: en février 2004, c’est dans le Monde Diplo que vous la trouverez.

Elle est d'un journaliste de l’agence bruxelloise Infosud-Syfia, qui a été spécialement envoyé à Haïti pour y observer le bicentenaire de l’indépendance du pays.

C’est en 1804, en effet, que les esclaves noirs de Haïti ont chassé les Créoles (= les colons blancs) et ont proclamé la république. Vingt ans après, les Créoles des autres pays d’Amérique latine, des Caraïbes et d’Amérique centrale déclaraient leur indépendance par rapport aux métropoles européennes.
Haïti est un rêve d’opprimés. Mais Haïti va mal.
Aujourd’hui, 20 à 34% de la population a faim. Des bandes armées sévissent, rackettant ceux qui ont quelque chose, mais qui ne sont pas assez riches pour se barricader dans les quartiers de l’élite. Les soins de santé et les écoles font défaut. L’emploi est rare. Il n’y a pas de redistribution des richesses de l’élite vers les masses.

Or, tout au long des deux premiers tiers de l’article du Monde Diplo, on nous explique que la pauvreté actuelle résulte de ce qui s’est passé il y a deux cent ans.
L’indépendance a empoisonné les esprits de la population pour les siècles des siècles. On cite en ce sens le philosophe local Jacky Dahomay:
« La liberté a besoin de cadres institutionnels. Or, ce qui caractérise le jeune Etat haïtien, c’est la faiblesse de la dimension institutionnelle de la liberté (...) Le pouvoir politique en Haïti n’a jamais été un gouvernement par la loi. »
Selon Ernst Mathurin aussi, « l’Etat haïtien a toujours été faible. La révolution haïtienne a fait table rase du passé, mais sans modèle d’Etat à reconstruire. »
Pourquoi « le jeune Etat haïtien »? Cela fait deux cent ans que l’Etat haïtien est jeune. Il est plus vieux que tous les autres Etats d’Amérique latine, presque aussi vieux que les Etats-Unis (1783), mais il faut croire que les Etats, c’est le contraire des organismes vivants: plus c’est petit, plus ça mûrit lentement.
Bien sûr, « L’Etat haïtien hérite de l’Etat colonial; le droit se confond avec la force. » (Toujours Jacky Dahomey).
Ca, c’est le poncif qui, tel une phrase de l’horoscope, s’applique à tout moment à tout Etat généralement quelconque du Tiers-Monde et nous est donc asséné abondamment par de nombreux journalistes en mal de données originales - il faut croire que cela leur arrive souvent de manquer de données originales.
On bâille et on regrette d’avoir terminé tout Harry Potter: comme les auteurs qui prétendent décrire la réalité sont indigents!
Mais à y regarder de plus près, le poncif est bien étonnant, appliqué à l’Etat haïtien. Ainsi, même dans l’Etat qui s’est débarassé le plus complètement de ses colons et qui l’a fait avant tous les autres, le modèle s’abat sur les épaules des libérateurs et leur reproduction de l’exploitation coloniale est fatale et éternelle depuis deux cent ans!


Le destin des nations héroïques

Il y a des nations maudites… c’est ainsi… faut pas réfléchir…vertu ou vice, tout se retourne toujours contre le peuple haïtien.
« Haïti est la seule nation héroïque que nous connaissons. » Formidable? Que non! « L’essence du pouvoir héroïque est de ne se légitimer de rien, sauf de la volonté arbitraire du chef. Un héros ne supporte pas la présence d’autres héros. » (Toujours Dahomey).
Conclusion: « Cette image du chef héros structure l’histoire de Haïti. »
Si on a affaire à des « essences » qui « structurent l’histoire », point n’est besoin de quitter la stratosphère synchronique, de s’abaisser jusqu’à la diachronie et de se coltiner les turbulences purement anecdotiques du reportage.
Le structuralisme, c’est très pratique pour un journaliste envoyé spécial qui n’est pas sorti de son hôtel.
A propos : Haïti n’est pas la seule nation héroïque que nous connaissons. Il y a aussi le Libéria. C’est un Etat fondé en Afrique par les esclaves américains revenus sur leur continent d’origine. Savez-vous avec quel slogan le président sortant, Charles Taylor, y a mené en 1997 sa campagne électorale ?
« J’ai tué ton père, j’ai tué ta mère, vote pour moi si tu veux avoir la paix! » (Stephen Smith, « Négrologie », Calmann-Lévy 2003 p. 121).
Et il a été réélu.
Décidément, il ne faut jamais faire confiance en les opprimés.
Libérés, ils s’empressent de reconduire l’oppression. Ils n’accéderont donc jamais à la démocratie? C’est ce que l'article nous donne à penser. A raisonner à partir des allusions philosophiques, on arrive au racisme, ou peu s’en faut. On devient convaincu, en tout cas, qu’il faut aux opprimés qui se libèrent, des élites non issues d’eux, car les opprimés ne peuvent pas inventer seuls la démocratie.
Mais bien entendu, ce n’est pas le journaliste qui a dit cela, c’est nous qui l’avons pensé. L'article ne l’a dit qu’infraliminairement.
Retour à la case départ : pourquoi le rêve d’opprimés sombre-t-il dans le cauchemar?
A côté des essences structurantes telles que le despotisme éclairé du héros, l’imitation par les colonisés de la cruauté de leur ancien pouvoir colonisateur, l’anarchie et l’allergie à l’ordre des colonisés libérés, L'article évoque-t-il d’autres facteurs de causalité de la misère du peuple haïtien?
Très peu, dans une partie du dernier tiers de son article du Monde Diplo. Et encore, pour comprendre cette partie, il faut au préalable, connaître l’histoire récente de Haïti. Or, l'article ne nous la raconte pas, soit parce qu’on la suppose connue, soit parce qu’on la tient pour une répétition purement anecdotique de l’essence tragique de l’histoire haïtienne. On ne sait pas très bien pour laquelle de ces deux raisons il ne la raconte pas. Désinformation, quand tu nous tiens…
Mais voici, d’autres sources, l’histoire récente.


Le plus heureux des sans-papiers

D’abord, qui est le héros auquel l'article fait allusion sans le nommer? En 1800, c’était Toussaint Louverture; en 1990, c’est Jean Bertrand Aristide.
Durant les années 70 et 80, la famille Duvalier régnait sur le pays par la terreur et le paternalisme. Les milices armées des « Tontons Macoutes » assassinaient ou torturaient les opposants et la population, pour le plus grand profit du club d’industriels qui bénéficiait d’une main d’oeuvre soumise. Ces industriels soutenaient donc la famille Duvalier. En 1985, les Duvalier avaient reçu la visite de Mère Teresa. Mère Teresa les avait bénis et avait admiré la concorde sociale qui régnait en Haïti. En échange, elle avait reçu un don important pour ses mouroirs et ses orphelinats mystico-misérabilistes des quartiers pauvres de Caclutta.
En 1986, un soulèvement populaire chassa du pays le dictateur Jean-Caude Duvalier et sa famille.
On organisa des élections. Malheureusement, il apparut que la population dans son immense majorité se rangeait derrière un intellectuel de gauche, quelqu’un qui par exception avait fait beaucoup d’études sans que celles-ci n’aient en rien modifié sa solidarité avec les masses et son aspiration au partage des richesses. C’était le curé Jean-Bertrand Aristide. Aristide était un pur produit de Vatican II, de la doctrine du progrès social, de l’Etat-providence, de la théologie de la Libération, enfin bref de ce vent qui a soufflé après la deuxième guerre mondiale. C’était l’Eglise catholique qui avait financé son éducation, et la direction de sa paroisse l’avait préparé au rôle de chef de parti ou d’Etat. Il voulait de vrais soins médicaux, de vrais logements et une vraie éducation pour la population. Pas la misère mystique qui s’insensibilise en s’infligeant, par la prière, des cals aux genoux ou au front. Pas le sourire du pauvre lorsque la fièvre le fait halluciner le paradis. Rien à voir avec Mère Teresa.
Avec son parti appelé « Lavalas », en souvenir du soulèvement populaire « l’avalanche » qui avait chassé la famille Duvalier, Aristide faisait peur. Haïti basculerait dans le communisme.
Des tas de trucs et de ficelles ont été inventés par le club international des investisseurs et par les industriels du pays, pour tenter de sponsoriser un leader rival, et retarder les élections en attendant de trouver à Aristide un rival sérieux. Rien n’y fit. En 1990, Jean-Bertrand Aristide fut élu président à la majorité écrasante des suffrages, sous l’oeil vigilant des observateurs internationaux qui veillèrent à ce qu’il n’y ait pas de fraude électorale. Le communisme était parvenu au pouvoir par les urnes.
Sitôt président, Aristide fut sommé par l’Eglise catholique de choisir entre son titre de prêtre et son rôle politique. En effet, selon le Vatican, un prêtre ne pouvait pas faire de politique. Au Nicaragua, un cardinal catholique, Monseigneur Obando y Bravo, travaillait notoirement pour la CIA, mais cela, ce n’était pas faire de la politique. Aristide ne fut plus ni prêtre ni membre de l’Eglise.
Pour autant, il ne conserva pas son nouvel emploi. Il y resta même trois fois moins longtemps que son prédécesseur du Chili, Allende. Neuf mois après son investiture,un coup d’Etat mit au pouvoir le chef de l’armée, le général Raoul Cedras, et Aristide s’enfuit au Venezuela. Les milices se chargèrent de faire le nombre suffisant de victimes d’atrocités pour que la population comprenne que c’était fini de jouer.
Pendant que la population donnait quand même au nouveau pouvoir assez bien de fil à retordre, Aristide, dans son exil, alla vivre aux Etats-Unis et se fit l’apôtre de la démocratie dans son pays. En 1994, Aristide revint en Haïti.
Fin 2000, Aristide fut de nouveau élu président. La Constitution prévoit qu’il l’est pour cinq ans, donc jusqu’en 2006.
Cependant, en 2004, en ce deux-centième anniversaire de l’indépendance de Haïti, une véhémente campagne politique et de presse vise à provoquer sa démission avant la fin de son mandat.
L’article médiocre sur Haïti, échoué on ne sait comment dans notre Monde Diplo, est tout simplement un élément de cette campagne.

Pendant ce temps, pour la petite histoire, mentionnons que Jean-Claude Duvalier coule de paisibles jours de riche rentier dans sa propriété de Grasse, au bord de la Méditerranée française, avec l’argent pris dans les caisses de l’Etat haïtien et planqué en Suisse sous le sceau du secret bancaire et de l’insaisissabilité des avoirs, qui en résulte.
Lors d’une manif de sans-papiers en France, un slogan disait en substance: « Il y a un sans-papiers ici qui est en séjour illégal: c’est Jean-Claude Duvalier! Mettez-le dans un centre de rétention et essayez de le rapatrier! » Pas de réaction de la part du ministère français compétent pour les sans-papiers. Pourtant, la Convention de Genève de 1951 sur les réfugiés prévoit bel et bien que les réfugiés qui ont commis des crimes politiques ne bénéficient pas du droit d’asile, même si, pour ces crimes, ils sont en danger dans leur pays d’origine.


Sé pa fôt li!

Maintenant, repassons la parole au journaliste du Monde Diplo et examinons enfin le seul passage de son article où il évoque les origines récentes de la misère en Haïti:
« En 1990, lorsqu’il passa de la cure d’une paroisse au palais présidentiel, M. Aristide était porté par un courant populaire. Aujourd’hui, l’ambiance est à la désillusion, non pas généralisée, mais partagée. »
Belle langue de bois. La première phrase suggère qu’Aristide est un petit curé de paroisse porté au pouvoir par l’ignorance du peuple, sans disposer de l’instruction nécessaire. La deuxième phrase est un tressage d’euphémismes dans lequel seuls les esprits avertis sauront lire que la majorité accorde toujours sa confiance à Aristide, mais qu’une opposition bien organisée veut priver cette majorité de son pouvoir démocratique.
Pour expliquer la désillusion des Haïtiens vis-à-vis d’Aristide, « Trois interprétations circulent. Les uns estiment avoir été dupés par M. Aristide en 1990. D’autres, moins nombreux, pensent que le coup d’Etat qui l’a écarté en 1991, son exil aux Etats-Unis puis son retour en 1994 l’ont changé. D’autres enfin le voient prisonnier de contraintes: « Se pa fôt li! » (« Ce n’est pas de sa faute! »), dit le langage populaire, renvoyant à l’entourage du président, mais aussi à la communauté internationale. »
Et que fait la communauté internationale? Ce n’est pas écrit dans le texte mais en note. Si on a de bons yeux, on peut lire en note 6:
« Haïti subit toujours un embargo de l’aide publique internationale, tant qu’il ne se conforme pas à des résolutions de l’Organisation des Etats Américains (OEA) sur la démocratisation. Lire Paul Farmer, « Haïti, l’embargo de la typhoïde », Le Monde Diplomatique, juillet 2003. ».
Voilà une info parfaitement accessoire, contingente et non déterminante, qui est tout juste tolérée en note pour ne pas alourdir le texte.


L’erreur des années cinquante

Le modèle d’Etat social qui a été organisé dans le monde industrialisé et dans plusieurs endroits du Tiers-Monde après la fin de la deuxième guerre mondiale, a produit plusieurs leaders gauchisants du type d’Aristide.
Paul Tchibanda, le « fou noir au pays des blancs », raconte que des gens du centre du Congo, le Kasaï, étaient venus au Katanga travailler dans les mines. C’était un travail très dur, avec des accidents collectifs, et qui rendait les gens malades après vingt ans de travail, mais les familles et les enfants des travailleurs bénéficiaient d’une existence sans soucis matériels, accompagnée d’une solide éducation. C’est pourquoi du Kasaï sont issus des leaders du Congo, instruits, égalitaristes et partageux comme Aristide, dotés de qualités et d’une mentalité de nature les faire à récolter un succès important auprès des masses: Patrice Lumumba, Etienne Tchissekedi, et il y en aurait eu d’autres, si on avait laissé faire. Le ver était dans le fruit! Il ne fallait pas accorder d’avantages sociaux aux ouvriers des mines. Plus un ouvrier a de l’or ou des diamants dans les mains, plus il faut qu’il soit esclave, terrorisé ou abruti.
Donc, les industriels blancs du club des grands internationaux se sont aperçus que l’Etat social à la mode européenne de l’après-guerre était une erreur dangereuse, et qu’il fallait d’urgence éradiquer ces Kasaïais du Katanga, sans quoi les mines d’uranium seraient bientôt nationalisées. En 1960 puis en 1990, ils ont suggéré à Mobutu de jouer la carte ethnique. On utilise pour cela une coutume africaine, en elle-même innocente. Même si un Africain est né au Katanga, il n’est pas nécessairement katangais. Il appartient à la terre de ses ancêtres. Eh bien, puisque les Kasaïais faisaient leur grosse tête au Katanga, des envieux habitant aussi le Katanga n’avaient qu’à les chasser vers le Kasaï et s’approprier leurs maisons et leurs emplois. En 1990, on a dit aux Kasaïais du Katanga: « Retournez sur la terre de vos ancêtres! Allez à la gare et prenez le train. » Mais le train avait du retard. Il arriverait dans deux mois. Les Kasaïais du Katanga, dont la plupart étaient nés au Katanga et y avaient toujours vécu, ont commencé à mourir dans des camps de fortune autour de la gare. Puis, ils sont morts dans le train qui parcourait à une lenteur d’escargot les mille kilomètres vers le Kasaï. Enfin, ils sont morts au Kasaï où rien ne les attendait.
Médecins Sans Frontières a réussi à diminuer les morts de moitié. Pour ne pas être chassée de la région et pouvoir continuer son oeuvre humanitaire, la puissante ONG s’est tue. Elle n’a pas dénoncé la persécution ethnique. Les images des trains de la mort et des camps de la mort des années 90 au Congo, ont été prises clandestinement et sont passées clandestinement vers l’Europe.
C’est une des manières dont la communauté internationale en découd avec les séquelles de l’Etat-providence et met fin au mode de vie des gens trop intelligents sortis de l’école pour tous.


Un navet dans le caviar

Au lieu de lire les faufilosophes locaux, notre journaliste auteur de l'article sur Haïti publié dans le Monde Diplo aurait mieux fait d’aller se promener sur Google autour du mot « Lavalas ». Ou bien, d’aller sur le site de MSN Fr et de faire une recherche : « Amérique latine… Haïti ».
Cela aurait évité avantageusement à ses employeurs de devoir lui payer le voyage.
On trouve des articles par dizaines, dont huit sur dix sont par trop dénigrants pour être vrais.

On apprend ce qui suit :
Une coalition de petits partis d’opposition, qui se sont baptisés « Convergence démocratique » ou « Groupe des 184 », tente d’obtenir la démission d’Aristide avant la fin de son mandat, mais s’oppose à la tenue d’élections anticipées, car celles-ci risqueraient de reconduire Aristide. « Convergence démocratique » s’est donné pour leader André Apaid et veut imposer à Aristide, en pleine législature, un « partage du pouvoir » et une recomposition du gouvernement, sans élections ni consultation populaire.
Cette opposition fait courir la rumeur que les élections qui ont porté Aristide au pouvoir en 2000 étaient entachées de « fraude massive ». Notre Monde Diplo de février 2004 aussi laisse entendre sans autre commentaire:
« 2000: élections contestées du 21 mai (législatives et locales) et du 26 novembre (présidentielles et sénatoriales).
Cependant, via Internet, on tombe sur un article d’Antilles News du 22 mai 2000 qui précise:
« Du côté de l’opposition on conteste la validité de ces élections en arguant qu’elles ont été l’objet d’une fraude massive. Des accusations auxquelles a répondu la mission d’observation électorale de l’OEA, l’Organisation des Etats Américains, affirme ne pas avoir constaté de fraude massive globale mais tout au plus quelques petites irrégularités sans incidence majeure sur le scrutin. »
Or, l’OEA ne peut pas être soupçonnée de parti pris pour Aristide ou Lavalas.
D’après un article de « Haïti en Marche » daté du 27 octobre 2001, les Etats-Unis et l’Union Européenne soutiennent l’entreprise déstabilisatrice de l’opposition.
Ainsi, les pays de l’Union Européenne appellent les protagonistes « à revenir à la table des négociations, insistant que pas un sou ne sera débloqué en faveur de Haïti tant qu’une solution acceptable par toutes les parties en cause (autrement dit, l’opposition), n’aura été trouvée à la crise des élections législatives, municipales et locales du 21 mai 2000. »

Tiens, on a déjà oublié que les observateurs de l’OEA avaient déclaré que ces élections n’avaient pas été massivement frauduleuses, et que la correction des irrégularités ponctuelles n’en aurait pas modifié le résultat. C’est fatigant de lutter contre l’amnésie sélective.

Au cours des négociations déclenchées depuis 2001 par l’accusation non fondée de fraude électorale, on voit débarquer à l’hôtel où elles se tiennent, un envoyé spécial de l’administration Bush, ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’OEA, Roger Noriega, conservateur notoire. On y aperçoit aussi Elliott Abrams, un autre Américain de réputation sulfureuse, qui fut le conseiller des généraux putchistes de septembre 1994. Du beau monde.

The Black Commentator et Bella Ciao, enfin, publient un article du 15 janvier 2004, en Anglais, qui démontre que des violences sont déclenchées par des groupuscules organisés, et ensuite attribuées à des militants de Lavalas ou d’Aristide. Les techniques de déstabilisation utilisées par l’opposition ressemblent à celles utilisées au Vénézuela contre le président Chavez. La situation est assez semblable dans les deux pays: le suffrage universel donne le gouvernement actuel pour légitime, mais une minorité, gonflée des capitaux et de la sympathie de l’élite nationale et internationale, et se fait encombrante.
Dans les deux cas, on ne sait pas encore si et comment cette élite minoritaire viendra à bout de la volonté populaire. On sait seulement que ses menées paralysent la politique sociale de l’élu et l’empêchent de réaliser les aspirations sociales de la population. Mais, sé pa fôt li!

Voilà ce que le Monde Diplo aurait dû nous raconter à l’occasion du deux centième anniversaire de l’indépendance de Haïti. Décidément, on ne peut plus s’abonner ni s’adonner tranquillement à aucune feuille de chou. Il faut aller voir sur Google, Internet, pour réussir à éplucher un navet coriace qu’on a trouvé dans son journal favori de la gauche caviar.

demande d'info
by stan pinte Friday, Feb. 20, 2004 at 9:01 AM
stanpinte@fastmail.fm

bonjour l'auteur de cet article...

le mardi 9 mars prochain, attac bruxelles organise un café politique sur le thème de haiti...avec entre autres une vidéo sur la situation sur place en 99.

Souhaiteriez-vous participer au débat?

En espérant avoir de vos nouvelles,

Bien à vous,

Stanislas Pinte.