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Patrons allemands partisans d’une guerre des matières premières

Patrons allemands partisans d’une guerre des matières premières

L’Allemagne doit assurer son acheminement en matières premières stratégiques, au besoin en s’aidant de moyens militaires. C’est ce qu’a expliqué fin mars, à  Berlin, Karl-Heinz Dörner, président de la Task Force allemande chargée des matières premières. Dörner y est allé d’un premier briefing sur la stratégie générale allemande à  ce propos, stratégie qu’il veut opérationnelle pour mars 2007.

« Le Congo est le principale zone d’extraction du cobalt et, de ce fait, il revêt une importance extraordinaire pour l’industrie allemande. » Tel a été en gros le discours du patron allemand de la métallurgie, Karl-Heinz Dörner, le 31 mars à  Berlin, au cours d’un premier briefing de la Task Force spécialisée dans les questions internationales concernant les matières premières, Task Force dont il est le président. « Pour affronter la concurrence internationale sur les marchés des matières premières », écrit German Foreign Policy (sur son site Internet), « les stratèges allemands envisageront également les possibilités de guerre (Mittel des Krieges) ou de subversion dans les territoires à  risque. »

Ces stratèges siègent au sein de la Task Force de Dörner. Le groupe d’étude a été mis en place voici un an par le patronat allemand et plus particulièrement par le Bundesverband des Deutschen Industrie (BDI, en gros l’équivalent allemand de la FEB, la Fédé des Entreprises belges). Dörner lui-même est un personnage de premier plan parmi les patrons allemands. Il dirige la fédération de la métallurgie allemande, la "Wirtschaftsvereinigung Metalle" (WVM, l’équivalent de l’Agoria flamande), mais il siège également à  la BDI susnommée. Depuis cette même BDI, il a été désigné à  la présidence du groupe chargé d’élaborer une stratégie allemande des matières premières pour le printemps 2007. La Task Force peut compter sur le large soutien des planificateurs militaires de l’État allemand.

La réunion de fin mars a surtout examiné la question de savoir comment l’Allemagne pouvait assurer l’acheminement de « matières premières en quantités suffisantes, de bonne qualité et à  des prix intéressants ». Les matières premières sont concentrées dans certains territoires, a expliqué Dörner, et cela comporte un certain risque géostratégique, surtout lorsque des « régimes politiquement peu fiables contrôlent ces mêmes matières premières ». Dörner faisait explicitement allusion au Kazakhstan, le second producteur mondial de chrome, et au Congo, le premier producteur mondial de cobalt. Le Congo, est-il apparu, est d’une importance particulière pour l’industrie allemande.

Rudolf Adam, de la « Bundesakademie für Sicherheitspolitik » (Institut fédéral de la politique sécuritaire), est encore allé un peu plus loin, lors de cette même réunion, en déclarant que si l’Allemagne voulait libérer certaines routes commerciales, il lui faudrait « éventuellement évincer l’ancienne élite et veiller à  la remplacer par de nouveaux groupes gravitant dans sa sphère d’influence ».

Pour l’instant, l’Allemagne reprend la direction de l’EUFOR-RDC, les forces militaires de l’Union européenne pour le Congo, opérationnelles au début mai. Des observateurs allemands expriment ouvertement leurs doutes quant à  la mission officielle de ces troupes – « la sécurité des élections au Congo » - et disent que l’Allemagne s’intéresse de près aux matières premières congolaises.

Cela concorde parfaitement avec les intérêts et desiderata des patrons de l’industrie allemande. Dörner figure sur les feuilles de paie de Hydro Aluminium Deutschland, une filiale de Norsk Hydro. Le groupe a des intérêts en Afrique : dans le secteur pétrolier en Angola et en Libye, dans l’aluminium au Zimbabwe et en Afrique du Sud. Le géant canadien de l’aluminium, MagEnergy, va en outre installer au Congo-Brazza une fonderie qui sera alimentée par du courant bon marché exporté du Congo-Kinshasa. De même, le géant minier australien BHP Billiton considère le Congo avec un intérêt non dissimulé, et pour des raisons similaires.

Ces dernières années, les entreprises métallurgiques et minières allemandes, telles HC Starck (du groupe Bayer) et Gesellschaft für Elektrometallurgie (GfE) – et surtout son ancien directeur Karl-Heinz Albers – ont été mis en cause parce qu’elles avaient gagné des sommes astronomiques dans le pillage des richesses naturelles au cours de la guerre du Congo (1998-2003). GfE a été propriétaire de la société d’extraction de minerai de Lweshe, au Congo oriental, qu’Albers exploitait à  son propre compte durant la guerre. Selon les milieux allemands de la politique étrangère, la diplomatie fédérale a pratiqué un lobbying très dur au profit de ces entreprises et elle a également protégé Albers. Officiellement, HC Starck et GfE ont été lavées de toute accusation de commerce de guerre.

Il apparaît donc aujourd’hui que le patronat allemand resserre les rangs afin de se précipiter, ces prochaines années, sur les pays à  matières premières, dont le Congo à  coup sûr. Sous la devise « contre le protectionnisme », il préconise une politique internationale agressive afin de s’assurer le libre accès à  « toute la gamme des matières premières importantes pour l’industrie, du minerai de fer au zirconium ».

Les arguments du patronat et de ses lobbys ont trouvé une large écoute auprès des homes politiques allemands. On a pu s’en rendre compte en février et en mars quand, au Bundestag, s’est manifestée toute une opposition à  la participation allemande à  l’envoi d’un contingent européen au Congo. En voici un petit florilège. Jung, le ministre allemand de la Défense a rabroué les adversaires avec l’argument disant que « la stabilité dans cette région riche en minerais est bénéfique pour l’industrie allemande ». Andreas Schockenhoff, spécialiste des affaires étrangères de la fraction CDU/CSU du Bundestag, a dit de son côté : « Le Congo dispose surtout de matières premières stratégiques importantes pour l’Europe. » Eckart Von Klaeden de la fraction Union a déclaré dans Der Spiegel : « Il y a là  des richesses souterraines importantes pour la sécurité, tels l’uranium et le béryllium. Elles ne peuvent tomber dans des mains incompétentes. » De ces minerais « sécuritaires » font également partie le niobium, qui sert dans certaines pièces de fusée, et le tantale, utilisé dans les GSM.

Enfin, début avril, au cours d’un voyage en Afrique du Sud, le président allemand Horst Köhler a déclaré que « le thème des matières premières doit bel et bien figurer à  l’agenda de la politique internationale ». On peut désormais s’attendre à  ce que l’Allemagne, la première économie de l’UE, fasse figurer également la chasse aux minerais dans la stratégie de l’Union.