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Zinneke : le bouillonnement culturel retrouvé à  Bruxelles.

Zinneke : le bouillonnement culturel retrouvé à  Bruxelles.

La culture va mal. Voilà  un lieu commun qui devrait quitter les sentiers de la banalité et alerter les consciences. La Zinneke s’en charge. Rencontre avec Matteo Segers, scénographe de la Zinneke parade 2006.

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A l’occasion des préparatifs de la quatrième Zinneke parade qui se déroulera le 13 mai prochain, la Zinneke ASBL-VZW dresse les états généraux d’une culture en mal d’initiatives citoyennes. Car si Bruxelles se revendique d’une vie culturelle riche, force est de constater que le monde associatif bruxellois reste morcelé et perd une énergie précieuse dans le cloisonnement qu’il existe actuellement entre des projets à  caractères communs. Le risque étant d’y laisser la peau d’une participation citoyenne pourtant nécessaire à  l’élaboration d’une culture dont les valeurs servent directement l’idéal démocratique.

La Zinneke Parade, l’événement phare de votre ASBL, se veut projet fédérateur du monde socioculturel bruxellois. Pourquoi avoir entrepris une telle action ?

Actuellement, il n’y pas à  Bruxelles de « projet bruxellois ». Bruxelles est d’ailleurs une des seules villes européennes à  ne pas avoir de Ministre de la Culture, ce qui est selon moi une véritable aberration. S’il n’y a pas de politique culturelle générale, comment créer des plateformes entre associations pour prévenir que deux projets identiques se développent dans l’ignorance mutuelle ? Ca génère en permanence des pertes de temps et d’énergie.

La Zinneke se donne donc le rôle de pallier à  ce manque…

Notre ASBL-VZW répond en fait à  une double demande : celle de créer un projet fédérateur des actions culturelles à  Bruxelles et celle de sacrer le côté très en vogue du monde artistique bruxellois. On surfe en effet actuellement sur la vague du spectacle de rue, déjà  très populaire dans d’autres villes européennes comme Copenhague par exemple. Nous nous donnons en quelque sorte pour mission de mettre en ébullition le monde artistico- socioculturel bruxellois pour stimuler la participation des citoyens à  la culture qui les détermine. Ce que nous souhaitons par-dessus tout, c’est sortir du canevas de ville dortoir. Nous voulons provoquer un réveil culturel.

Et où situez-vous les missions des centres culturels par rapport à  cet objectif ?

Les centres culturels font de la diffusion ; ils ne répondent désormais plus à  la demande de participation des citoyens à  la culture. De plus, il s sont gérés par les communes, ce qui limite bien souvent leur marge de manoeuvre.

Sous-entendez vous par là  que le pouvoir politique gèle la participation culturelle ou qu’il la dirige dans le sens qui lui sied ?

Quand on dresse les états généraux de la culture, on réalise très vite qu’elle est aux mains des plus nantis. Les priorités des pouvoirs publics en matière socioculturelle ne sont pas artistiques mais elles sont statutaires des personnes concernées. Si on continue à  nourrir cette politique, on va tuer les acteurs culturels. A la Zinneke, chaque artiste a sa chance. Et c’est un des rares endroits où c’est possible.

Vous faites passer vos objectifs par la création artistique. Est-ce selon vous une dimension essentielle dans le processus de mobilisation à  la participation citoyenne ?

Pour qu’il y ait bouillonnement citoyen, il faut qu’il y ait bouillonnement créatif car c’est un bouillonnement de vie. Si un homme ne crée pas, sa vie ne sert à  rien. Ca commence d’ailleurs tout bêtement par l’acte de procréation ! Si on coupe les racines de la création aux gens, il n’y a plus de société. Ou on entre dans le schéma d’une société Mac Do’, aliénante à  long terme. Il faut faire savoir que la ville n’appartient plus qu’aux commerçants.

En quoi la Zinneke Parade incite-t-elle le citoyen à  être un élément actif de sa culture ?

Elle invite les jeunes et les moins jeunes à  mettre la main à  la pâte partout à  Bruxelles. En fait, le défilé n’est que la cerise sur le gâteau. Ce qui importe vraiment et qui est l’objet véritable de l’ASBL, c’est de mobiliser les énergies et les esprits autour d’un projet commun pendant les deux années précédant la grande fête. Cela permet en effet à  des milliers de personnes d’entrer en interaction à  travers une cinquantaine d’ateliers et de réfléchir ensemble autour et à  des valeurs fortes.

Par cette action exceptionnelle, la Zinneke ASBL-VZW sacre l’existence d’une culture particulière, faite du « melting pot » des cultures qui font vivre Bruxelles - et non l’inverse - et qu’elle souhaite faire émerger au grand jour: la culture Zinneke.

Zinneke parade: 13 mai 2006
www.zinneke.org