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Procès Clabecq: la justice de classe en action ?
by pablo Wednesday April 10, 2002 at 02:31 PM
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A l'occasion de la commémoration "Aux martyrs ouvriers de 1886 à Roux", organisée par la Centrale Générale FGTB de Charleroi le 27 mars dernier, des syndicalistes ont décidé de dénoncer publiquement l'utilisation des lois répressives de 1887 dans l'actuel procès des 13 de Clabecq.

Procès Clabecq : la justice de classe en action ?

Les 26-27 avril 1886 à Roux, 19 ouvriers mineurs, sidérurgistes, verriers et chômeurs sont tués par la Garde Civique (la gendarmerie de l'époque) en révolte contre la misère, le chômage et l'injustice. La répression s'abat durement sur les travailleurs et la population. Le syndicat de l'Union Verrière était particulièrement visé : ses dirigeants Falleur et Schmidt furent condamnés à 20 ans de prison. Leur délit : non pas d'avoir personnellement participé aux destructions de machines ou incendies de châteaux des directeurs d'usines, mais bien d'avoir appelé à la grève et avoir soutenu les manifestants. La bourgeoisie vota dès 1887 une loi spéciale pour criminaliser les syndicalistes qui oseraient inciter les travailleurs à se révolter contre les méfaits du système capitaliste : l'article 66§4 du Code Pénal est introduit en réponse aux grèves insurrectionnelles de 1886: « Seront punis comme auteur d'un crime ou d'un délit ceux qui, soit par des discours tenus dans des réunions ou dans les lieux publics, soit par des écrits, des imprimés, des images ou emblèmes quelconques, qui auront été affichés, distribués ou vendus, mis en vente ou exposés aux regards du public, auront provoqué directement à le commettre ... ».

Depuis 1998, 13 syndicalistes de Clabecq sont poursuivis par la Justice, leur inculpation repose sur cet article 66§4, qu devient ainsi une arme patronale par excellence pour criminaliser les conflits sociaux et traîner devant les tribunaux les délégués qui prennent leur responsabilité dans le cadre de leur mandat syndical. Dès le début, des syndicalistes ont dénoncé le danger de ce procès pour les libertés syndicales. Un appel, lancé par le SETCa-FGTB de Bruxelles-Halle-Vilvoorde disait ceci : « Procès de Clabecq : la solidarité d'abord ! (...) Quelles que soient les analyses divergentes que l'on peut porter sur la gestion du conflit des Forges de Clabecq, les soussignés estiment que toute répression à l'égard des principaux acteurs signifierait une atteinte grave à l'ENSEMBLE du mouvement ouvrier et démocratique de notre pays et un précédent sérieux sur le plan juridique. (...) Nous ne pourrions que souscrire à un procès qui fasse le bilan des violences et des injustices de notre système vis-à-vis des travailleurs et des chômeurs ! Il est inadmissible d'assimiler des grévistes qui se battent pour l'emploi à des délinquants de droit commun. Nous nous inscrivons donc dans la solidarité avec ceux qui sont en butte à la répression pour avoir mené un combat syndical. (...) »

Le procès est dans sa phase finale. L'instance, qui traite de l'affaire de Clabecq, est déjà la Cour d'Appel. Il n'y aura donc pas d'appel possible contre le jugement qui sera prononcé dans les toutes prochaines semaines. Nous comprenons pleinement le sens de la déclaration d'un délégué FGTB de Charleroi, il y a quelques jours devant le Tribunal de Bruxelles : « Si ceux de Clabecq sont condamnés, les travailleurs de Caterpillar ne resteront pas les mains dans les poches ! ». Il est inadmissible que sur base de lois iniques et arbitraires d'une époque où le suffrage universel était absent, la Justice devienne une justice de Classe anti-démocratiques. Elevons la voix pour défendre les libertés syndicales et politiques, celles qui sont encore garantes de la défense des intérêts des travailleurs. Des martyrs ouvriers ne sont pas morts hier, pour laisser bafouer aujourd'hui les acquis sociaux et les droits des travailleurs !

Ce texte est co-signé par les syndicalistes et démocrates suivants :
Paul Lootens, Christian Viroux, Carlo Briscolini, Robert Lacroix, Thierry Tonon, Anne Dombrecht, Marc Bourguet, Jean-Pierre Meyers, René Van Cauwenberge, Dominique Fervaille, Jean-Luc Bosmans, Victor Martin, André Beauvois, Michel Grovonius, Gust Haverbeke, Jean-Marie Piersotte, Eric Devriese, Christian Bianchini, Gilberte Chartier, Jacques Brouckaert, Antonio Cocciolo, Albert Faust, Jan Staal, Gaby Jaenen, Hugo Franssen, Jos Hennes, Michel Collon, Herwig Vermarcke, Erika Van den Bossche, Jan-Pieter Everaerts, Rudy Musters, Astrid Bloemkolk, Karin Van Hoffelen, Jakke Jacobs, Francine Mestrum, Van Hees Laurent, Ronny Onsia, Veerle Vanloo, Dirk Tuypens, Frank Stappaerts, Jacky Schabon, Tony Coppens, Lucas Catherine, Els Reyniers, Didi de Paris, Jef Bossuyt, Georges Spriet, Kathlijn Pittanvils, Alfons Wouters, Rick Valcke, Pipeleers Dirk, François Borghmans, Filip Desmet, Dany Van Cauwenbergh, Erik Demeester, Guiliana Rust, Rudy Sohier, ... (signataires au 9/04/2002)
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