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L'extrême-droite et les médias francophones

L'extrême-droite et les médias francophones

En 2004, lors des élections régionales, le Vlaams Belang enregistrait une spectaculaire progression en Flandre et décrochait près de 25% des voix (avec près d'un million d'électeurs). De l'autre côté de la frontière linguistique, le FN est parvenu à  décrocher 8,12% des voix. A Bruxelles, les deux partis d'extrême-droite ont progressé. Aujourd'hui, un Bruxellois sur dix vote pour l'une des formations d'extrême droite qui se présente dans la capitale.

Les médias jouent un rôle dans ces résultats, car ce sont eux qui déterminent, en partie du moins, l'image de l'extrême droite auprès du grand public. Si en Flandre, le Vlaams Belang est présent dans la quasi-totalité des journaux et dans tous les débats télévisés, les médias francophones de leur côté, ont décidé de ne pas laisser la parole aux partis non-démocratiques.

Bien sûr la situation n'est pas comparable car si le Vlaams Belang est un parti très structuré, rodé à  la vie politique et qui compte de nombreux adhérents, le FN, principal parti d'extrême droite du côté francophone du pays apparaît comme désorganisé et il est donc plus facile de « l'oublier » lors des débats politiques.
Nicole Gérard, employée au centre de production de la RTBF à  Liège, confirme la chose. Dans un article intitulé « Service public, médias et extrême droite », elle écrit: « si la RTBF a pu résister sans faiblir, c'est aussi- il faut bien le reconnaitre- à  cause de la faiblesse quantitative des quelques groupuscules d'obédience extrême. Et aussi grâce à  la médiocrité de leurs représentants, parmi lesquels il ne ressort aucun tribun ni figure un tant soit peu médiatique. Pas de Le Pen, ni de Pim Fortuyn. Au contraire, des petits militants minables, sans cesse pourchassés par la justice pour des délits racistes ou autres... »

Mais que se passerait-il si l'extrême droite francophone se structurait? La politique de la RTBF et des autres médias francophones, qui consiste à  ignorer l'extrême droite est-elle la bonne solution?
D'autre part, les médias francophones ne devraient-ils pas dénoncer plus souvent et plus systématiquement les dérives de l'extrême droite pour en exposer clairement les dangers aux citoyens?
Enfin, la « faitdiversification » de l'information, comme l'appelle Hugues Le Paige (ancien journaliste à  la RTBF et auteur de plusieurs ouvrages sur l'extrême-droite) contribue-t-elle à  la montée des partis extrêmes?

Le cordon médiatique, utile mais pas suffisant
Si, au moment de l'émergence du Front National dans la partie francophone de la Belgique, certains médias ont donné la parole à  ce parti, on pense par exemple à  Télé Bruxelles qui a laissé un petit temps de parole au front national lors des élections régionales de 1989 ou à  RTL qui avait, en 1994, organisé un débat entre le président du FN, Daniel Feret et le président du PSC, Gérard Deprez dans l'émission « Controverse ». Depuis les années 90 et 2000, les médias tant publics que privés ont décidé de ne plus laisser l'extrême droite s'exprimer.
Une décision qui semble correcte mais qui comporte aussi quelques risques, comme le souligne Jérôme Jamin, rédacteur en chef de la revue « Mémoire »: « c'est certainement une bonne chose dans la mesure ou il me semble que dans un pays démocratique on ne peut pas, ni dans la rue, ni dans la presse, ni dans les médias de masse laisser des gens inciter à  la haine raciale, inciter aux troubles de l'ordre public en montant les gens les uns contre les autres. Maintenant il est évident que quand on ouvre la porte à  la restriction de la liberté d'expression, on peut se retrouver dans une situation où on arrive pas à  la refermer et où de plus en plus de courants pourraient se retrouver à  tomber sous le coup des mêmes interdictions. »
Le tout est donc de savoir si priver un parti de s'exprimer est démocratique. Pour Pascal Delwit, directeur du centre d'études de la vie politique à  l'ULB, le problème principal se situe cependant ailleurs: « En gros, il y a deux thèses en présence, celle qui s'articule principalement autour de « pas de parole pour les ennemis de la liberté » et puis celle qui dit que justement la démocratie consiste à  laisser parler aussi ceux qui ne sont pas d'accord avec le système. Je pense que chacune des postures a des avantages et des inconvénients mais la question se pose moins en ces termes là  qu'en des termes où dans l'hypothèse où on souhaite qu'il y ait une expression d'un parti d'extrême droite, c'est comment s'articule cette expression. Je pense que finalement le vrai problème est de savoir dans quelle condition donne-t-on la parole aux partis d'extrême droite? »

Et pour le politologue, il y a beaucoup de travail à  effectué dans ce domaine: « un des aspect important, c'est de ne pas donner la parole aux partis d'extrême-droite uniquement sur les thèmes sur lesquels eux-même articulent leur propagande. Si vous regardez VTM, la VRT ou la presse néerlandophone , de manière assez surprenante d'une part ils interviewent essentiellement les représentants du Vlaams Belang sur leurs thèmes de prédilection: le droit de vote des étrangers, l'immigration, l'insécurité et d'autre part ces questions ou interviews sont relativement mal préparées ou sont inscrites dans une logique d'audimat. En revanche, il est exceptionnel que l'on interroge le Vlaams Belang sur un certain nombre de ces positions socio-économiques, sur un certain nombre de ses positions sociales, notamment son rapport à  la place de la femme dans la société, son rapport par rapport aux syndicats, ce sont des questions sur lesquelles ils sont finalement très peu interpellés, or il n'y a pas de raisons. »

La question est aussi de savoir si les journalistes peuvent, doivent ou ne doivent pas prendre un ton plus engagé lors qu'ils abordent le sujet. L'objectivité journalistique doit-elle rester la règle lorsqu'on écrit sur un ou des partis extrémistes?
Les avis divergent, pour certains, le métier du journaliste est clairement d'être le plus neutre possible, comme pour Pascal Delwit: « Selon moi, le travail d'un journaliste doit être « objectif », ce que je veux dire par là , c'est qu'il ne doit pas prendre position par rapport à  son objet d'étude. C'est ce qu'on appelle dans notre jargon « le principe de neutralité axiologique », c'est à  dire qu'on ne demande pas aux gens d'être neutre politiquement parce que ça n'a aucun sens mais ils doivent être neutre par rapport à  leur objet d'étude. Un journaliste n'a pas à  dire le bien ou le mal, il doit essayer d'éclairer les citoyens et les citoyennes par rapport au champ qu'il couvre et de dire les choses tel quelles sont et pas de dire « Daniel Féret c'est bien ou Daniel Féret c'est mal ».

Bénédicte Vaes, journaliste au Soir, ne partage pas cet avis: « Personne n'est neutre, certainement pas un journaliste, je préfère le terme « indépendant ». En ce qui concerne l'extrême droite, le département politique du Soir a établit un code de conduite qui stipule un recul plus important, un décodage plus approfondi lorsque l'on traite d'un parti anti-démocratique. Même si l'on relate ce que l'extrême droite pense, il est indispensable, dans une rédaction comme la nôtre d'être engagé contre le racisme et pour la démocratie. »

Jérôme Jamin est quant à  lui moins catégorique: « Je pense personnellement que l'extrême droite n'est pas une force politique légitime et que les gens qui adhèrent à  l'extrême droite n'adhèrent pas pour son programme, ils adhèrent par désespoir. Donc je pense que, quelque part, c'est un thermomètre. Elle indique un malaise mais elle est totalement illégitime. Vu comme ça, je pense qu'il faut être pédagogue et prendre un peu les gens par la main, regarder vraiment qui ils sont et dans quelle mesure ils ne vont rien régler comme problème. En revanche, si on considère que l'extrême droite est une force légitime qui a toute sa place dans le cadre politique, alors là  il faut lui donner la parole comme on fait pour les autres partis. Si on considère que c'est juste un thermomètre, alors là  danger par ce que manipulation par l'extrême droite de l'électorat et des spectateurs et donc obligation quand même de rappeler un minimum qui est l'extrême droite.»

Une nouvelle hiérarchie des informations qui déstabilise l'électeur
Hugues Lepaige, ancien journaliste de la RTBF, avance la montée du sensationnalisme et des faits divers pour expliquer, du moins en partie, la montée des extrêmes. Il serait cependant un peu trop facile, comme le souligne Marc Lits de tout mettre sur le dos des médias: « On a beaucoup parlé de ce phénomène au moment des élections présidentielles françaises de 2002 avec l'arrivée de Le Pen au second tour. Pourtant, la télévision française avait très peu médiatisé le leader du Front National car tous les sondages le montrait en perte de vitesse. On ne peut donc pas dire que les médias aient encouragés le vote Le Pen en le médiatisant à  outrance. Par contre, TF1 et France 2 ont beaucoup utilisés les faits divers cette époque et certains ont été montés en épingle entre autre par ce que l'UMP, Chirac et Sarkozy avaient un discours plutôt sécuritaire. Mais à  force d'agiter cet éventail sécuritaire, les gens peuvent se dire que c'est vrai, qu'ils vivent dans un pays dangereux, menacé, etc. Dans ce cas là , on choisit un vote sécuritaire et le parti qui a le discours le plus sécuritaire, c'est le Front National.

On ne peut pas démontrer, prouver le lien de cause à  effets entre les deux mais ce qui est sur c'est qu'il y a de plus en plus de faits divers dans les journaux télévisés, notamment en Belgique. Ce phénomène est lié au fait que l'on se situe dans une logique de privatisation des chaînes qui l'emporte et la RTBF par exemple fait plus de faits divers dans ses journaux télévisés pour essayer de récupérer de l'audience. Pour peu que cela entraîne un sentiment d'insécurité plus grand chez les gens, cela peut entraîner une demande plus forte de sécurité et une plus grande répression par les pouvoirs publics. Maintenant est-ce qu'à  partir de là  les gens se disent qu'ils vont voter extrême droite, il est difficile de faire ce lien là . De plus, on sait bien que quand il y a un problème de société, il n'y a jamais un seul facteur, ce sont des situations qui sont pluri-factorielles. Je pense personnellement qu'on est plus, pour ce type de vote là , dans des sentiments de rejet massif et ce n'est pas dû spécialement au fait qu'il y ait plus de faits divers, c'est surtout dû au fait que de nombreuses personnes sont en décrochage social, au chômage depuis longtemps, ont peur des questions d'immigration, etc. Par ailleurs, les gens qui votent extrême droite ne sont pas de grands consommateurs de médias et quand ils regardent ces derniers, ce n'est pas le journal télévisé mais plutôt des émissions de divertissement, des séries, etc. Il serait donc trop facile de dire: « faisons moins de faits divers dans les journaux télévisés et on va diminuer le sentiment d'insécurité des gens ». Je doute que cela aurait un effet immédiat. »

Néanmoins, le manque de hiérarchie des informations et la montée de sensationnalisme désoriente l'électeur. Jêrome Jamin en est certain: « à  partir du moment ou les médias mettent sur un pied d'égalité un événement politique important et un fait divers sans importance, indirectement ils font le jeu de l'extrême droite. A force de mélanger sensationnalisme, faits divers et événements politiques, déjà  on gaspille du temps pour ce qui est important mais surtout on donne l'impression de casser la hiérarchie entre ce qui est important et ce qui ne l'est pas. On jette le trouble dans les esprits et on pousse les gens à  ne plus vraiment être capable de saisir les enjeux politiques importants pour notre pays. Ce phénomène pousse donc les gens à  la dépolitisation, au fait de ne plus croire au politique et donc au fait de vouloir sanctionner le politique. Et la meilleure façon de sanctionner pour beaucoup de gens, c'est de faire peur en votant extrême droite.

Plus encore que les médias, le monde politique peut être pointé du doigt face à  l'inquiétante montée des extrêmes. Les différentes personnes interrogées estiment qu'il est grand temps que les partis prennent leurs responsabilités. « Il est temps que les grands partis traditionnels arrivent à  persuader les électeurs de revenir sur le droit chemin, et pour ce faire, il faut peut être faire le nettoyage dans son propre camp, il faut peut être changer de discours, il faut peut être être plus radical, plus franc. Aujourd'hui on ne peut plus vraiment s'exprimer sans être considéré comme un démagogue, parfois je trouve qu'il faut pouvoir dire certaines choses, il faut les exprimer avec sincérité. » affirme Jérôme Jamin, et Pascal Delwit rajoute: « Je pense qu'il n'y a pas de recette miracle pour lutter contre l'extrême droite, surtout quand cette extrême-droite correspond à  une réalité socio-politique et sociologique ce qui est clairement le cas en Flandre. En même temps, il est clair que le monde politique dit classique porte un certain nombre de « responsabilités ». Je ne me pose pas en magistrat ou en juge mais ça peut concerner des politiques publiques à  mener en matière sociale, d'emploi, de logement mais aussi effectivement leur manière de fonctionner, actuellement trop articulée autour des effets d'annonce et de la personnalisation à  outrance. Ca ne veut pas dire qu'il y a obligatoirement un lien de cause à  effet entre cela et le vote d'extrême droite mais certaines pratiques entretiennent des modes de pensée qui peuvent conduire à  un vote d'extrême droite. »

Pas de « Vlaams Belang francophone »
Dans le futur néanmoins, les spécialistes estiment que l'on ne devrait pas assister à  la structuration de l'extrême droite en Wallonie, et ce pour plusieurs raisons. « On peut imaginer qu'en Flandre, une partie du succès du Vlaams belang est lié au charisme de leur leader, c'est vrai que si on remonte dans l'histoire il y a un lien plus fort avec l'extrême droite en Flandre, il y a des mouvements nationalistes plus importants etc. Mais une partie de leur succès s'explique par leur leader charismatique, les électeurs d'extrême droite aiment bien avoir des chefs, des leaders. » estime Marc Lits, et Jérôme Jamin d'enchaîner: « en Wallonie il y a une culture anti-fasciste, liée au mouvement social, au mouvement ouvrier qui est encore suffisamment présente pour que celui qui se présente comme d'extrême droite soit immédiatement mis à  l'index, mis au coin. Se lancer dans le combat politique avec le cheval de l'extrême droite aujourd'hui, en Wallonie, c'est un pari très risqué, on risque de vous diabolisez immédiatement et peu de gens ambitieux en politique prennent donc le risque de s'aventurer sur ce terrain. »

Mais attention, le fait qu'on ne doive pas craindre, en tout les cas pour le moment, un « Belang francophone », cela ne veut pas dire que l'extrême droite ne progressera plus, comme le rappelle Pascal Delwit: « malheureusement, de mon point de vue, on peut anticiper une nouvelle poussée de l'extrême-droite nationale dans les endroits où il aura l'occasion de se présenter pour les élections communales d'octobre 2006, et notamment dans certaines villes wallones et à  Bruxelles car le front national belge c'est surtout un phénomène urbain.»

médiabolisme

L'idée politiquement correcte, que la séduction de l'extrême droite repose sur le racisme des petites gens, et que par conséquent, elle ne doive pas être médiatisée, sauf de manière souveraine, critique, ou distanciée, est d'une logique digne des burocraties kafkaïenne. Ce n'est guère une logique de liberté démocratique. Pour beaucoup hélas, la liberté individuelle peut être limitée par la démocratie. Le gouvernement se fait fort, comme mission principale, de nous montrer dans quel sens. Quel dilem quand on se rend compte que tout gouvernement "fort" est antinomique par définition de la "liberté individuelle", qu'il soit de gauche, de droite et surtout - grande nouveauté - même du centre.

L'aspect "désepoir", ou "méfiance de la caste politique" touche bien plus la vérité des partisans de l'"extrème droite". C'est pourquoi on ne retrouve pas cet électorat dans les forums politiques justement. Est-ce pour autant une quantité négligeable? ou même particulièrement "anti-démocratique"? Ce jugement, de nombreux journalistes le portent, sans laisser au lectorat dont l'intelligence les surclasse cependant souvent, le bénéfice d’une simple description réaliste. Mais qui aime donner des mauvaises nouvelles de la "patrie" ? Le mal n'est-il pas toujours en Irak ou en Russie plutôt ? Cela nous arrangerait. Pourquoi ferions-nous partie du mal, mais quel mal d'abord ? La colonisation c’est tellement loin ! Notre politique intérieure et extérieure aujourd’hui est "souverainement indépendante" et bien pensante ! Il suffirait que chacun se saigne d’une petite obole pour régler les problèmes du monde entier. Voilà  le contenu navrant de tous les éditoriaux politiques de Belgique…