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La RTBF ne sait plus comment s'attirer du public - Sévice public: viol au "]T"

La RTBF ne sait plus comment s'attirer du public - Sévice public: viol au "]T"

La RTBF dont l'audimat est en baisse catastrophique, ne said plus quoi faire pour se faire remarquer. Sa dernière idée brillante a été de diffuser une scène de torture life pendant son JT.
Aucun respet, aucune pudeur, aucune éthique journalistique. Voilà la RTBF

Sévice public: viol au "]T"

Cette article est paru dans La Libre Belgique mercredi 6 mai 2009

Opinion | société

Sévice public: viol au "]T"

Francis MARTENS,

Président de l'Association des Psycho¬logues Praticiens de Formation Psycha¬nalytique (APPPsy)

Le 4 mai, le "JT" de la RTBF a offert un spectacle sadique de grande tenue. Porte ouverte au pire.

Le droit à l'information, en démocratie, est abso¬lument fondamental. On pourrait même dire qu'il est sacré. Le citoyen dési¬reux de s'informer des mœurs du prince Issa bin Zayed al-Nahyan, frère du prince héritier et du chef de la police de l'émirat d'Abou Dhabi, aura donc été cruel¬lement frustré — voire maltraité. En effet, d'autorité, le moteur de recherche sur internet Yahoo et l'hébergeur de vidéos Youtube (propriété de Google) ont finale¬ment décidé de le priver du film tourné, à la demande du prince Issa, pendant la séance de torture extra-judiciaire qu'il infligeait à un marchand ayant égaré une cargai¬son de grain. Le prince est, semble-t-il, coutumier de ce genre de cor¬rections. Dans sa culture, les châti¬ments physiques ne sont pas ex¬ceptionnels.

Heureusement, en Belgique, le Service Public veille à ne pas nous infantiliser. Le téléspectateur n'aura pas été déçu. Le 4 mai, à 19h30, au "JT" de la RTBF, à une heure de grande écoute, il aura pu bénéficier d'un spectacle sadien de grande tenue. Avec l'aide d'un po¬licier et d'un cameraman, à la nuit tombée, le prince maintient l'homme à terre. Il semble avoir les bras ligotés. Le prince le frappe dans le dos à violents coups de cra¬vache. Puis, avec une égale vio¬lence, il agresse le bas du corps -totalement dénudé- avec une planche hérissée de clous. Le sang coule. Les plaies sanguinolentes sont enduites de sel et vigoureuse¬ment massées. Le prince fourre du sable dans la bouche de sa victime gémissante. Il termine en lui pas¬sant sur le corps avec son 4x4. Du beau travail. De la belle informa¬tion. Et après ça, les enfants: "Hop! au dodo."

Le marchand, après une hospitali¬sation, en a miraculeusement ré¬chappé. Pour la RTBF, le pronostic reste réservé... Une journaliste, ré¬pondant au téléphone pendant le décours du "JT", explique que le rédacteur en chef n'est pas dispo¬nible. Elle conseille d'envoyer un courriel au éservice de médiationé (qui vous répondra). Sur mon in¬sistance (ayant décliné quelques ti¬tres), elle prend mon numéro de téléphone. Mais le rédacteur n'appelera pas. Sa collègue me signale que, si on passe de telles séquen¬ces, c'est bien sûr pour qu'on sache que c'est mal. Me voilà rassuré. Se¬rait-il possible que, pour l'audimat, ce soit mal aussi de ne pas les pas¬ser?

Imaginez que votre voisine se fasse violer dans le parking de l'immeu¬ble, sous le regard des caméras de surveillance, et que, le lendemain, la séquence passe au "JT" (pour faire comprendre combien c'est mal). Conclurez-vous à un mer¬veilleux effort d'éducation perma¬nente? Sans parler de l'intrusion dans votre propre intimité. En réa¬lité, sous couleur dissuasive, la pro¬jection sauvage de ce genre de sé¬quences (avec une seconde de préavis pour les "âmes sensibles") banalise ce qu'elle feint de dénon¬cer. Par le truchement d'un tel do¬cument, ce qui appartient au do¬maine du fantasme entre tout à coup dans l'espace du possible. Rien à voir avec la fonction inter¬pellante d'une œuvre d'art. Fasci¬nation inquiète plutôt. Obscure jouissance. Anesthésie de la pen¬sée. Porte ouverte au pire.

Plus encore, cette projection pro¬longe la violence initiale en redou¬blant le premier viol - car c'en est un - d'une violence continuée. Quelle que soit l'intention, il s'agit de participation à distance, de complicité différée avec le sadisme du prince - mais sans atténuation par le passionnel. Que doit ressen¬tir, en effet, ie marchand si, après les coups, il se retrouve figé dans son supplice sur les écrans de la RTBF? A-t-il donné son accord pour l'utilisation d'une image déjà volée? Et ses proches? Ne pas être sensible à cet aspect des choses manifeste une perte radicale des repères éthiques et déontologi¬ques. Une confusion destructrice entre la mission d'informer et celle de flatter l'annonceur.