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[0110] Interview Marie Daulne, Zap Mama: Roots

[0110] Interview Marie Daulne, Zap Mama: Roots

En Belgique depuis sa plus jeune enfance, Marie Daulne connaît bien sa patrie. Partagée entre L'Europe et le Congo jadis, et les Etats-Unis maintenant, elle voyage beaucoup, et sait ce que veut dire le mot tolérance... ou plutôt le mot INtolérance. La Zap Mama et sa vision des choses, des vrai couleurs du plat pays.

video a suivre...!

Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, pourriez-vous rapidement vous présenter?

Bonjour ! Je suis Marie, mon nom d’artiste c’est Zap Mama, connue pour des chants a capella au début des années ’90. Voilà  presque dix ans que j’ai entamé une carrière solo. Du côté francophone ils ne connaissent pas encore bien ma carrière solo, par contre du côté anglophone, voir néerlandophone ils la connaissent.
Donc voilà  , ça c’est moi ! Et je continue toujours. Je prépare actuellement mon sixième album.

Dans ce sixième album les voix jouent toujours ce rôle principale qui caractérise tous vous albums?

Oui, les voix ont toujours cette place importante, mais disons que le message prendra plus de place. Dans cet album il s’agit de raconter des histoires, faire passer un message. Et bon, mon message est toujours le même . C’est comme ‘zap mama’ : ‘zapper’ d’un monde à  un autre . Je suis issue de deux cultures, la culture Africaine et européenne. Mon message est donc d’être ouvert à  toutes les cultures.

Tu es née en Afrique. Cela ne doit pas être facile d’aller d’un monde à  un autre. Quels sont tes premiers souvenirs du ‘monde blanc’?

En fait je suis arrivée en Belgique très très bébé. Je n’ouvrais même pas encore mes yeux ! Donc on peut dire que j’ai ouvert mes yeux, et il neigeait ! Je n’ai connu que le monde belge. Le côté congolais je l’ai vécu ici, avec maman, mes tantes, cousines, etc.… On peut dire que le Congo est un monde imaginaire pour moi. Je connais le Congo par rapport aux histoires qu’on m’en a raconté. Et avec le groupe Zap Mama/A Capella, ce qu’on a fait c’est qu’on a remis les bonnes choses du monde imaginaire dans ce monde pour les rendre un peu réelles. Donc j’ai pris les meilleures choses du monde africain, et les meilleures choses du monde européen pour créer ma musique.

On peut dire que tu es quelqu‘un de positif?

Bien sûr, je suis positive. Ma sÅ“ur et moi avions trouvé quelque chose sur Zap Mama : ZAP : Zone Active Positive ! On voulait créer une armée de gens positifs, pour combattre cette hausse de négativité. Quand on regarde les ‘news’, et que le journaliste résume les événements de la journée, c’est assez dépriment… Je trouve que nous, artistes, avons l’obligation de réveiller les gens et les faire rêver de belles choses. C’est important d’essayer de leur donner la joie, même si nous artistes, devons également faire face à  cette négativité. Nous avons plus de ressources pour y faire face.

Tu penses donc qu’un artiste a une certaine responsabilité par rapport aux gens, à  la société?

Moi en tout cas c’est ce que je ressent, je vis. Je veux faire passer des message positifs à  travers ma musique. En tant que métisse je connais bien les deux mondes. Je peux donc parler de l’un et de l’autre. Je peux parler de la tolérance. Je ne peux pas prendre de camp, vu que je suis les deux. Ce n’est pas toujours le cas. Il y a pas mal de métisses qui sont racistes, que ce soit envers les blancs ou les noirs. Mais bon, ça c’est de l’ignorance, c’est tout.

Est-ce que ça a été dur pour toi de percer en tant que métisse?

Non, justement mon métissage a aidé. J’ai commencé à  chanter à  l’époque de Michael Jackson, Prince et tous les blacks qui ont percé dans le sport. Cela donnait une connotation ‘fashion’ au ‘monde black’. Maintenant dans le monde de la mode, être black c’est bien. On est dans une période où on met des blacks partout ! Ca fait plus New York, quoi .
Du coup je sis arrivée à  cette période-là  : la découverte de la ‘world music’. Zap Mama était reconnue comme artiste/musique du monde.

As-tu été confronté à  des réactions racistes dans ta carrière/vie?

Pas en tant qu’artiste, mais étant petite souvent ! Un exemple qui m’a beaucoup marqué, c’est mon premier jour d’école primaire. J’avais 5 ans, parce que je suis née en fin d’année. Et un professeur s’est montré très injuste envers moi. Pourtant j’étais dans une école de sÅ“urs, où sois-disant on apprend l’amour et le respect . Pourtant il y avait des enseignants racistes. Donc ce n’est pas une question de religion ou autres. C’est un individu, et sa pensée qui sont racistes. Il faut dire qu’à  cette époque mes sÅ“urs et moi n’avions pas d’habits ‘dernière marque’, ce qui peut aussi avoir joué un rôle. En tout cas ce prof nous traité pire que des chiens. Si je commence à  raconter, tout le monde serait trop choqué. A partir de mes 5 ans j’ai donc directement été confronté au problème de l’intolérance et la discrimination. Bien entendu j’en ai parlé à  ma mère. Elle m’a dit : ‘Marie, tu as du sang Afro dans tes veines, et il y a des gens qui détestent ça. Comme il y a des gens qui détestent le sang des blancs, des asiatiques,… Et le monde est fait comme ça. Tu dois vivre comme ça, et te ressourcer à  l’intérieur de toi.’ Elle me disait aussi des choses très mignonnes, comme que j’avais le goût du chocolat et que ce prof était peut-être jaloux . Elle a réussi a installer le positif sur le combat, au lieu de cultiver la haine.
Toutes mes tantes côté paternel ont également été d’un soutien incroyable . Ce sont des humanistes qui nos ont donné énormément d’amour. On a souvent logé chez eux dans les Ardennes. Du coup tous le voisinage venait nous voir, nous toucher les cheveux… Comme j’avais cette âme d’artiste, cette différence n’a fait que renforcer cette énergie en moi. Quand on est petit on a envie de ressembler à  tout le monde. Plus grande, j’ai justement utilisé cette différence.

Selon toi un étranger vit bien en Belgique?

Moi je me suis intégrée. On ne peut pas dire que c’est le peuple qui m’a intégré. Parfois je vais en Flandre dans des petits bars, dans le fin fond de la Flandre. Et on me décortique de la tête aux pieds. Souvent je vais boire un thé avec une copine métisse flamande. Quand on sort notre portefeuille ils regardent pour voir comment on sort notre argent, comment on paie, avec des grands yeux . Il n’y a pas beaucoup de métisses là -bas. En plus ma copine et moi sommes assez grandes toutes les deux. Il faut dire que leur regard n’est pas forcément négatif. Plutôt étrange, inquiet. Donc du coup moi je leur souris . Parfois je mes mal à  l’aise certaines personnes en leur souriant ! Je me dis que si moi aussi je suis sur la défensive avec eux, ça ne va pas aller, et il y aura confrontation.
Mais il m’est arrivé pire : j’étais avec ma sÅ“ur à  Ixelles. On rentre dans un tea-room. Sur la porte il était écris : ‘le patron se réserve le droit d’entrer’. On est assises, et on attend. 5minutes. 10minutes. 15minutes. J’appelle le serveur, qui me dit : ‘Peut-être qu’on ne vous sert pas parce que vous n’êtes pas le genre de clientèle que nous voulons ici…’. Je lui ai demandé en quelle année on était…
En Flandre j’ai eu ça aussi, mais j’hésite entre leur motivation de me traiter mal : la langue ou la couleur ? De toutes façons le résultat est le même.
Maintenant quand je vais en Flandre je parle en Anglais, comme beaucoup de monde.
Mais tout le monde n’est pas comme ça. J’ai de très bons amis à  Anvers. Il y a des bons et des mauvais partout. Nous aussi avons un côté très mauvais ! Le mot tolérance a été un peu trop abusé. Il y a des méchants qui se déclarent méchant et disent qu’il faut les tolérer. ‘Born to be a killer’ ! ‘Je suis mauvais, acceptez-moi’. Je ne suis pas d’accord. Il y a des choses inacceptable.
Je crois qu’on est dans une période où on ne différencie plus le bon du mauvais. On tolère tant de choses, que ça crée une décadence.

As-tu déjà  eu une confrontation avec le Vlaams Belang ou leurs partisans?

Seulement sur des forums. Je voulais savoir ce qu’il y avait derrière un raciste. Dans la famille de mon fils, il y a beaucoup de racistes. Son père est flamand et sa famille très raciste. Le fait qu’il ait choisit une métisse, et qu’il ait un fils carterons a créé un mur dans la famille.

Racistes : perdus ou profondément mauvais?

Ce sont des gens ignorants. Parfois j’ai envie de leur faire un spectacle pleins d’humour et de musique. Cela peut aider à  changer les avis. Ma propre tante, la sÅ“ur de mon père, est raciste. Mais elle nous aime. Elle nous a vu grandir. Mais nous ne sommes pas comme les autres, dit-elle. Nous sommes les enfants de son frère, et nous sommes intégrés. (imite sa tante)’Mais ceux avec leurs gros tissus sur la tête qui prennent toute la place sur le trottoir, avec tous leurs enfants à  gauche, tous leurs enfants à  droite !!’.
Un moment donné j’ai essayé de parler avec elle, pour essayer de comprendre. Mais ce n’est pas possible. Elle est très vieille, et vient d’une autre époque. Elle me dit que moi elle m’aime, que je suis toute belle, etc.… Elle est vraiment limitée dans son pouvoir de réflexion. C’est une ancienne fermière. Elle a fait la même chose durant toute sa vie. Et elle a peur de l’inconnu. Elle a peur…
D’Ailleurs, cette tante s’appelle Marie Daulne !

Et les jeunes racistes, qu’en penses-tu?

Ca c’est vraiment un grave problème. Ils font très peur ces petits neo-nazis ! C’est comme ce petit jeune à  Anvers qui s’est mis à  tirer sur de étrangers… A l’époque j’avais un prof. Il était anversois, issu d’une famille de fachos. Il me racontait que toute sa vie ils l’avaient éduqué pour devenir comme eux. Lavage de cerveau ! Il était devenu un chien enragé, prêt à  tuer tous les étrangers qui croisaient sa route. Moi j’étais de plus en plus mal à  l’aise, tu penses ! Et en fait il est tombé amoureux d’une juive. Au début il ne savais pas qu’elle était juive, c’est une blanche ! Grâce à  ça, il a changé.

Aux Etats-Unis, comment se passe cette cohabitation?

Disons que en général on s’en fout de la couleur de peau. C’est surtout la couleur de l’argent qui importe. A New York on voit un mélange incroyable. Après avoir habité là  pendant 4 ans, j’ai eu un choc en me promenant sur la rue Neuve : il y avait une montée d’immigration! Alors je comprend que cela effraie certains. Mais moi personnellement j’aime ça. Pendant des années j’étais LA métisse. Ni blanche, ni noir. En arrivant aux Etats-Unis j’étais enfin Marie. Et pas juste une métisse. Là -bas être métisse c’est presque la norme ! On oubliait la couleur, et on voyait l’artiste.

Conseil pour une bonne société?

Pour qu’une société se porte bien, on doit cesser de regarder la couleur, mais plutôt essayer de mettre la bonne personne au bon poste. C’est ce qu’il m’est arrivé avec Zap Mama. Je ne voulais que des filles. Mais en faisant auditionner des hommes, je me suis rendue compte que je devais laisser tomber ce principe au profit de la qualité musicale.
Les questions qu’il faut se poser sont quelle est la force d’un être humain, et que peut-il apporter à  l’autre.
C’est comme dans un couple. Souvent ce sont des opposés qui s’attirent. Parce l’autre nous apporte tous ce qu’on n’a pas. Quand on regarde les gènes : les gens qui se marient trop ensemble, entre eux, deviennent laids. Plus on se marie avec quelqu’un d’une autre race, ou juste différent, plus c’est jolie.

Qui t’a appelé pour les concerts 0110?

C’est mon grand pote Arno. Je l’adore. On s’ appelle au moins une fois par semaine ! J’étais tout de suite d’accord. Surtout pour le message. Je suis aussi la seule artiste métissé en Belgique avec tant de reconnaissance pour toutes ces années de carrière.

Penses-tu que ces concert auront une influence sur le résultat électoral?

Est ce qu‘on va parler politique ? Je cois qu’il s’agit plutôt clairement d’un message directement destiné au Vlaams Belang. Donc les concerts ont lieu dans 3 villes flamande, et 1 wallonne… Hm, il faut se bouger les gars !!