Oaxaca: l’envers du décor
Oaxaca: l’envers du décor
Fetia Miroux29 november 2006 – 11:35
Vanté par tous les guides touristiques pour son image ravissante et reposante, l’Etat de Oaxaca est avant tout connu pour ses paysages impressionnants, ses monuments archéologiques et son artisanat indien, alors même qu’il est surtout une des régions les plus isolées et les moins développées du Mexique. La répression brutale, par les autorités, du mouvement social mené par l’APPO, a mis une fois de plus en avant leur indifférence au sort des centaines de milliers d’oubliés que compte Oaxaca et leur mépris total des raisons profondes de la révolte.
Ces derniers mois, des segments populaires d’un état du sud profond ont eu l’audace d’exprimer leur mal-être et leur ras-le-bol en prenant possession des rues et de bâtiments publics, en portant atteinte à la propriété et au droit de circulation des honnêtes citoyens. Pourquoi n’optent-ils pas plutôt pour d’autres manières plus civilisées de montrer leur mécontentement, qui ne gênent pas les " bien-nés " ?
On leur permettrait bien d’organiser l’une ou l’autre marche pacifique. Mais aller jusqu'à demander la destitution d’un gouvernement élu, quel toupet !
Pourquoi cette exigence alors que Oaxaca-la-touristique se porte si bien ?
On vient du monde entier pour déguster ses spécialités, acheter son artisanat, visiter ses ruines ou profiter de ses plages. D’ailleurs la structure d’exploitation des indigènes est si bien rôdee que ceux-ci supportent avec une résignation chrétienne tous leurs malheurs. Promenez-vous dans la ville de Oaxaca et vous les verrez accueillir l’étranger avec délicatesse, exposer leur artisanat dans les marchés ou danser sur les places publiques, drapés dans des tissus traditionnels.
Mais dévoiler l’envers du décor, remettre en cause ce systeme en attentant aux institutions férocement défendues par le gouverneur priiste Ulises Ruiz Ortiz est intolérable. Par conséquent la seule réponse des pouvoirs en place face à la colère populaire est la répression. Le gouvernement de l’état a été bien appuyé en cela par le gouvernement fédéral paniste qui doit avant tout assurer l’investiture officielle de Felipe Calderon Hinojosa., le 1er décembre prochain. Dans ce contexte, une alliance objective s’est mise en place entre le PAN (droite ultra-libérale) et le PRI (parti issu de la révolution mais largement dévoye depuis, seul au pouvoir durant plus de 70 ans). Le prix du soutien priiste au prochain gouvernement fédéral, d’ores et déjà affaibli par le vaste mouvement citoyen articulé autour d’Andres Manuel Lopez Obrador (qui prendra la tête d’un gouvernement alternatif le 20 novembre, jour de la Révolution), est le maintien d’Ulises Ruiz au pouvoir a Oaxaca.
A la vue de tous, l’appareil répressif s’est alors déployé avec l’intrusion de la PFP (police federale préventive), instaurant un état de siège dans la ville, où sections priistes et paramilitaires agissent les mains libres. Avec conviction, les militants ont resisté, ce qui a donné lieu à de veritables scènes d’intifada aux alentours de l’Université autonome Benito Juarez où ils se sont refugiés.
Mais est arrivé un incident que n’avaient pas prévu les autorités :la mort de Will Bradley, journaliste indépendant américain travaillant pour Indymedia. Ceci a braqué les projecteurs du monde entier sur la brutalité de la répression. Les forces publiques ont dû lever le pied, du moins en apparence..
Aujourd’hui, bien que la résistance continue, on essaye de nous faire croire que le feu s’est éteint. Oubliés les morts, les militants emprisonnés et les " desaparecidos " dont personne ne connaît le nombre exact. C’est comme si tout était rentré dans l’ordre, comme si rien ne s’était passé. Les autorités et l’écrasante majorité des médias, feignant ainsi d’ignorer les raisons profondes de la révolte, résultat de décennies de marginalisation, d’oppression et d’exercice autoritaire du pouvoir.
D’après une étude des Nations-Unies, sur les 50 municipalités les plus pauvres du Mexique, 21 se trouvent a Oaxaca.
Selon un tableau réalisé en 2000, reprenant quelques indicateurs de disparités régionales, Oaxaca partage avec le Chiapas le triste privilège d’être à la tête des Etats souffrant le plus de disparités de tous types, les plus confrontés à la pauvreté, à la violence, à la marginalisation et au sous-développement. Les indicateurs de dénutrition, de mortalité infantile et de maladies se rapportent à une population étatique généralement pauvre et marginale. Le PIB (produit intérieur brut) par habitant, l’IDH (indice de développement humain) ou encore le pourcentage de la population bénéficiant d’une sécurité sociale y sont les plus bas de tout le pays. A contrario, le taux d’analphabétisme (plus de 20%) ou le pourcentage de foyers recevant moins du salaire minimum (près de 47%), y sont les plus élevés. Tout cela explique un mouvement migratoire de masse vers les Etats-Unis, que l’on constate dans tout le pays et même à l’échelle du sous-continent, mais particulièrement préoccupant à Oaxaca. Dans certains villages, on ne trouve plus d’hommes entre 18 et 40 ans.
En outre, Oaxaca n’a pas profité de la solidarité internationale importante dont a bénéficié l’état voisin du Chiapas, grâce à la médiatisation de la révolte néo-zapatiste menée par l’EZLN (armée zapatiste de libération nationale). Pourtant tout comme les zapatistes, les militants de l’APPO (assemblée populaire des peuples de Oaxaca) luttent pour la dignité et la justice, pour sortir Oaxaca (et par extension tous les exploités du pays) de l’humiliation, de la corruption, de l’inaptitude de ses dirigeants et de l’impunité insultante dont ils profitent. On a assisté au ¡Ya Basta ! oaxaquenien dont les habitants veulent construire un futur – qui commence par le présent – avec dignité et des chances réelles de vie meilleure, ne veulent plus être les parias d’une actualité médiocre où seuls quelques-uns profitent des biens produits par tous les autres.
Aujourd’hui, le défi essentiel pour les diverses organisations de gauche semble être l’union autour d’objectifs clairs, ce qui permettrait de concilier les deux tendances qui s’opposent, notamment au sein de l’APPO – la voie pacifique ou la lutte armée.
(Ce texte s’inspire des articles suivants : Oaxaca :espejo incomodo, de Luis Linares Zapata et Oaxaca, Arnoldo Kraus, in :La Jornada, 1/11/2006, p.29. )
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