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« Une carte d’identité plus complète »

« Une carte d’identité plus complète »

Morlanwelz, jadis ville des charbonnages contrôlés par la puissante société des Warocqué, est aussi celle d’un centre ouvert pour demandeurs d’asile. Celui-ci est installé chaussée de Mariemont, dans un bâtiment qui abritait un dispensaire pour mineurs atteints de maladies, puis un home pour personnes âgées, jusqu’en 1998. C’est devant l’entrée de ce centre que démarre la marche de solidarité organisée par le Comité de soutien aux demandeurs ce samedi 21 janvier 2006.

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Comme l’explique Freddy Bouchez, l’un de ses responsables, « le Comité a été créé en août à  partir d’une demande faite par des résidents du centre ». Il faut rappeler que ce mois-là , un peu partout en Belgique, des arrestations et des détentions arbitraires sur des résidents des centres ouverts ont été ordonnées par le ministère de l’Intérieur. Ce Comité regroupe de nombreuses associations actives dans la région , mais il est parti du Foyer des Hayettes ( « Petites haies » en patois local ), dont le responsable est Jean-Marie Moreau, prêtre engagé à  gauche. Comme il le raconte lui-même, « un jour, j’ai vu Victorine [ NDLA : une résidente africaine du centre ] chassée de Mariemont, avec ses bagages car elle avait peur d’être expulsée. J’ai alors téléphoné à  Freddy et nous avons créé ce Comité ». Son objectif est de sensibiliser les gens sur ce que vivent les demandeurs d’asile. « Le but, précise Freddy Bouchez, est de combattre les fausses rumeurs qui font le jeu de l’extrême-droite ». C’est aussi à  ce titre que le Comité coopère avec le Théâtre du Copion, une troupe de théâtre-action, afin d’organiser un atelier d’écriture basé sur les récits des demandeurs d’asile. Il projette aussi de lancer un appel à  souscriptions afin d’aider les demandeurs d’asile à  payer certains frais liés à  leurs activités. Par exemple, de nombreuses femmes ont commencé des formations en aide-soignante, mais elles doivent payer elles-mêmes leur uniforme, alors qu’elles ne reçoivent que 3,80 euros par semaine. C’est le cas d’Emma Kangoga, jeune demandeuse d’asile rwandaise, qui vit depuis trois ans et huit mois au centre. Elle termine sa formation et a déjà  reçu des promesses d’engagement. « Le problème est qu’avec ma situation, je ne peux y répondre », nous dit-elle.

Mais il est un fait nouveau, comme le souligne Freddy Boucher : « malgré les dangers, les demandeurs d’asile s’engagent plus facilement qu’auparavant ». Récemment, certains d’entre eux ont créé l’UDEP ( Union pour la DÉfense des sans-Papiers ). Celle-ci a proposé un projet de loi alternatif à  celui accepté en Conseil des Ministres, qui a été jugé insatisfaisant par les associations. Le projet gouvernemental « réactualise la possibilité d’arrestations dans les centre ». Elaboré avec l’aide de juristes pour le contrer, le projet UDEP « se centre autour de la protection des personnes » et réclame « qu’il y ait des critères clairs et permanents de régularisation ». Ces critères concernent au premier chef « les gens qui sont malades et qui n’ont pas la possibilité d’être soignés dans leur pays, les gens qui accumulé les retards dans leur procédure, d’autant plus que ces retards ne sont pas de leur faute, mais de celle de l’administration, les gens qui ont développé des attaches durables ( enfants scolarisés, relations d’amitié, formations, … ) et les gens qui ont développé des compétences socio-économiques ( ont cherché un emploi, ont reçu des promesses d’engagement, …) ». Le projet réclame aussi que « l’instance chargée de statuer soit une commission indépendantes, composée de juristes et de représentants d’associations. Le gouvernement ne doit plus avoir qu’un rôle exécutoire. Le problème est que le projet de loi [ NDLA : du ministre de l’Intérieur Patrick Dewael ] a déjà  été adopté au Conseil des Ministres et donc il faut un travail de pression ».

C’était le but de la manifestation de samedi, qui débute à  14 heures devant l’entrée du centre. Celui-ci s’est ouvert en mai 2000, après les travaux de rénovation. Il héberge environ 150 personnes, principalement des Africains et des gens d’Europe de l’Est. Ce qui frappe, par rapport à  celui de Rixensart, c’est que l’accès y est strictement surveillé : grilles fermées, interphone, … Le groupe se fait de plus en plus consistant. Viennent s’y joindre des gens des différentes associations engagées dans le Comité, mais aussi des résidents du Centre et des réfugiés du bureau bruxellois de l’UDEP, venus en car. On atteint les 200 personnes, certains parlant de 300. Le parcours, dans une ville particulièrement petite comme Morlanwelz, consiste à  descendre du centre vers la maison communale en passant – but de sensibilisation oblige – par les cités sociales, où des militants UDEP glissent des tracts dans les boîtes aux lettres. Vers 15 heures, c’est l’arrivée devant l’hôtel de ville. Une grosse partie des marcheurs monte jusqu’à  la salle de réception, construite vers 1895, sous les Warocqué, par des ouvriers exploités.

A ce titre, le bourgmestre PS Jacques Fauconnier, s’adressant aux demandeurs d’asile, rappelle qu’ « à  cette époque, nous étions à  votre niveau. Mes grands-parents ont subi des dommages au plan pratique et psychologique ». Bernard Baglia, secrétaire FGTB pour la région du Centre, se livre lui aussi à  un rappel historique : « Il y a 50 ans, les garçons comme moi étaient traités de ‘macaronis’ et de ‘macaques’. Mon père ne pouvait pas s’affilier à  un parti, encore moins à  une organisation syndicale. Les dancings étaient interdits aux Italiens. Et puis des couples se sont formés et de beaux enfants sont nés. Il ne faut pas avoir peur des gens parce qu’ils ont une autre couleur de peau et il ne faut pas juger les gens que l’on ne connaît pas. Or le gouvernement juge ceux qu’il ne connaît pas ». Il rappelle aussi la position de la FGTB du Centre « pour une politique d’asile humaine ». Freddy Bouchez rappelle quant à  lui les origines et les activités du Comité, puis introduit brièvement celles de l’UDEP. Il clame à  nouveau la principale revendication actuelle du mouvement : la régularisation complète de sans-papiers. Il souligne que le ministre Dewael a déjà  été condamné par certaines instances internationales pour les enfermements d’enfants. « Pourtant, ils continuent d’élargir les infrastructures et les possibilités pour les centres fermés ».

Emma, quant à  elle, lit des témoignages de demandeurs d’asile à  Morlanwelz, un du Burundi, un de la Guinée Conakry et un du Congo, « ce pays où la guerre a généré une classe politique qui regroupe ce qu’il y a de plus criminel. Dans le centre, on a le temps de penser. Tu songes à  te suicider. Une chambre peut parfois être partagée entre 6 personnes. Les enfants n’ont pas de lieu où faire leurs devoirs. Il y a la promiscuité ». Après avoir souligné plus particulièrement les difficultés des réfugiés qui entament des formations et les délais d’attente, elle ajoute : « Dans le pays des Droits de l’Homme, on ne dit pas que l’on te tue. Mais on te tue petitement. Je me dis que je ne suis pas plus libre que dans mon pays d’origine ». Elle revendique l’accès des sans-papiers aux formations, au travail et aux soins médicaux. Viennent ensuite Claude et Ali, les représentants UDEP. Ils expliquent les activités de l’organisation. « Lorsqu’un réfugié est chassé du Centre et privé de l’aide sociale, le travail de l’UDEP commence, dit Claude ». Ils font part de leur projet de créer un bureau UDEP pour la région de Mons-La Louvière, comme il en existe déjà  un pour celles de Gand, de Bruxelles et de Liège. « L’UDEP, dit-il, a été créée pour une durée indéterminée ». Ils revendiquent la reconnaissance officielle par le pouvoir politique et la régularisation des sans-papiers. Ali évoque l’occupation de l’Eglise Saint-Boniface d’Ixelles. Il dénonce le fait que trois sans-papiers qui y participaient ont déjà  été arrêtés et enfermés dans des centres fermés où ils sont interdits de contacts avec les avocats. Il remercie les Belges qui appuient le mouvement, dont les syndicats. Ils souligne que la Belgique est le seul pays où des sans-papiers, via l’UDEP, ont proposé un projet de loi. « Mais on ne peut réussir sans la solidarité des Belges. J’invite les citoyens belges à  s’intéresser à  la politique intérieure de leur pays, à  la politique extérieure. La politique ne peut être quelque chose que l’on subit. Si c’est le cas, il faut aller vers cette chose. J’invite les citoyens belges à  se battre non seulement pour les sans-papiers par des marches mais pour les buts de la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 ». Jean-Marie Moreau affirme lui que « nous marchons ensemble et que nous ne nous en sortirons que si nous restons ensemble ».S’adressant plus particulièrement aux Africain, il ajoute : « J’ai appris grâce à  vous la géographie de l’Afrique et je vais bientôt aller au Togo. J’ai découvert l’immense richesse de votre culture ». Il évoque cette anecdote d’un sans-papiers qui voyant une carte d’identité verte sur son bureau lui dit : « C’est cela que je veux ».
« Et pourtant, dit-il, cette carte d’identité n’est pas complète. Nous revendiquons une nouvelle carte d’identité, plus complète, fondée sur les droits de l’Homme ».Marie Oruba, présidente de la Ligue des Droits de l’Homme pour la région du Centre, revendique « une politique de procédures claires et permanentes ». Elle dénonce une politique inhumaine, qui entraîne une « augmentation de nombre d’étrangers en situation illégale et précaire ». Elle attaque aussi la nouvelle loi car celle-ci implique que « venir en aide à  un sans-papiers serait menacé de poursuites judiciaires. Nous ne laisserons pas intimider ! ». Elle rappelle alors l’article 1er de la Déclaration universelle.

Soulignons que des réactions se sont déjà  produites, au sujet de cette loi, comme la motion du Conseil d’Action Sociale du CPAS d’Ixelles, où celui-ci affirme qu’il continuera à  octroyer une aide sociale et financière aux personnes en séjour illégal, s’appuyant sur l’article 1er de la loi organique des CPAS, qui stipule que toute personne a droit à  l’aide sociale. De plus, de nombreux tribunaux du travail ont donné raison à  des demandeurs d’asile à  partir de cette loi.

De façon plus générale, comme le dit Freddy Bouchez, « quand on nous dit qu’on ne peut pas prendre sur soi toute la misère du monde, il ne faut pas oublier que les gouvernements occidentaux ont leur part de responsabilité dans la situation de nombreux pays et continents. Nous avons soutenu Mobutu à  bout de bras. Il y a la dette du Tiers-monde qu’on ne se décide pas à  effacer de façon définitive. Tant que ce sera ainsi, les gens ne cesseront d’affluer, que ce soit à  cause de la pauvreté, des guerres, du manque de libertés politiques. La seule solution est la régularisation massive. La façon dont on tente de régler cela actuellement, ce n’est pas sérieux ».

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