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Documentaire: « Résister n'est pas un crime »

Documentaire: « Résister n'est pas un crime »

Vu le 31 mai 2007, lors de son a­vant-pre­mière au cinéma Nova, à l'initiative de Bruxelles Laïque, du Nova, de Vox et du CLEA. Une avant-première gratuite, d'un documentaire dont le montage n'est en fait pas encore définitif, sur un sujet militant comme l'est "l'affaire Bahar" et fait par un collectif de cinéastes ... un énième brulôt au sujet certes mérit­oire mais pour le reste plus ou moins spon­tex?

Quelle surpri­se, dès le pre­mier plan nous sommes plongés dans ce qui appar­tient autre­ment qu'au domaine du long metra­ge de ficti­on (en format mi-scope)! Et malgré les moyens plus que modestes, durant presque deux heures jamais nous quittera cette impre­ssion.

Dans un docu­men­taire aux sujets pourtant peu pho­togéni­ques, comme peuvent être la loi anti-terroriste (votée en décembre 2003) et la lutte contre les procédures et procès de la justi­ce belge lancés contre 11 membres présumés du parti marxiste turc DHKP-C (une organisation n'ayant jamais commis d'acte violent à l'étranger).

Dont Bahar Kimyongür qui est citoy­en belge mais que la Belgique de façon aussi scandaleu­se que lâche (en essayant de filer la sale besogne aux Pays-Bas) a néanmoins voulu extra­der vers la Turquie, un pays pratiquant la torture. C'est dire comment le dit collectif de cinéastes (dont fait d'ail­leurs partie Marie-France Collard, on se souvient de son admirable "Ouvrières du Monde", B 2000 - 84') est parvenu à magnifier et à nous rappro­cher de tout ce que la caméra a capté entre janvier 2006 et avril 2007. Y compris les nombreu­ses inter­views des avocats, membres de la famille sympathi­sants, ainsi que obser­vateurs et commentateurs inqui­ets de la façon dont ont été bafoués les droits de l'homme dans cette affaire, qui démontre comment la dite loi permet de qualifier des person­nes de "terroristes" par leur seule appar­t­enance à une organi­sation, sans qu'il y ait lieu d'actes délictueux, sinon de criminaliser toute opposition sociale.

Après l'annulation par la Cour de Cassation et la libération de Bahar, la portée du documentaire va encore en augmentant. Bahar: "Depuis la fermeture des mines et depuis que l'ambassa­de Turquie travaille la communauté turque, il est devenu plus diffi­cile ­d'y faire entendre des points de vues progres­sistes. Mes pensées vont aussi à ce gréviste de la faim tur­que, qui ici en Belgique s'était fait poignarder à mort par un membre des Loups Gri­s (organisation fasciste turc), par ailleurs nullement in­quiété par la justice belge.

Mais avec cette formidable mobili­sation autour de notre cause j'ai senti ici pour la première fois naître un esprit de lutte tel qu'il existe en Turquie. Espérons que l'on ap­prendra ici davantage des mouvements d'oppo­sition en Turquie et qu'à leur tour ceux-ci appren­dront du mouvement alterglobaliste d'ici et ail­leurs dans le monde". Le film se termine avec la fête de libération, Bahar Kimyongür remerciant tous ceux qui ont donné leur sou­tien, puis chan­tant et jouant du luth.

"Résister n'est pas un Crime!" n'est pas sans fautes. La plus importante étant peut-être le manque d'images illustrant les deux moments de mobilisation maximale (tandis que sont systémati­quement suivies les concentrations à Bruges, etc., souvent à des mo­ments comme le matin en semaine et ne rassemblant donc pas telle­m­ent de monde)! Il y aurait donc lieu de cher­cher des images supplémentaires ou de chercher une autre solution; il serait dommage que, sans le vouloir, l'impression soit donnée que l'enjeu n'intéresse pas tellement de gens et/ou n'est finale­ment pas si impor­tant. Car c'est plutôt tout le monde qui doit se sentir concerné.

En effet, que reproche-t-on a Bahar? D'avoir chahuté la visite au parlement européen du Ministre turc de l'Intérieur, Ismaïl Cem. C'est dans le film: Bahar et un(e?) comparse ont réussi à pénétrer l'hémicycle et crient des slogans dénoncant les prisonniers politiques en Turquie, le ministre en question n'étant nullement personnel­lement agres­sé ou même insulté. A quoi s'ajoutent l'inculpati­on d'apparte­nan­ce à un comité de soutien à des prisonniers turcs et de colla­boration au bureau d'information du DHKP-C. Concrètement: la traducti­on de communiqués ou de bulletins d'information.

Tout cela date déjà de l'an 2000. Mais depuis décem­bre 2003 a donc été voté en Belgique la loi anti-terro­riste. Laquelle en vient à juger non pas des actes mais des opinions et des convicti­ons. C'est également dans le film: quand Bahar, après de longs mois d'incarcération, compa­rait le 19 avril 2007 enfin devant la Cour de Cassa­tion qui annulera les juge­ments de Bruges et de Gand (le 7 novembre 2006, il avait été con­damné à cinq ans d'empri­son­ne­ment), il est accom­pagné d'un garde dont le visage est en­tière­ment cagoulé, question de bien faire compen­dre qu'il s'agit d'un dangereux terroriste! L'an­nulation signifie donc certainement la victoi­re d'une vaste mobilisati­on. Qui reste entièrement nécessaire. Puis­qu'il serait questi­on d'un nou­veau procès ...

Pour toute info, voir le Comité pour la Liberté d'Expression et d'Association (CLEA), www.clea.be