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« Le but de cette manifestation est de faire pression ».

« Le but de cette manifestation est de faire pression ».

Le but de la manifestation de ce samedi 25 février 2006 était la régularisation massive de tous les sans-papiers sur le territoire belge. Un objectif précis, un but commun pour lequel de nombreuses organisations sympathisant d’une façon ou d’une autre avec la cause des demandeurs d’asile se sont rassemblées. En outre, il s’agit aussi de poursuivre le travail de sensibilisation de l’opinion publique en insistant sur le fait qu’en se battant pour les demandeurs d’asile, on se bat aussi pour elle.

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Des petits noyaux commencent à  se former sur l’esplanade de l’Europe, entre la tour et le boulevard du Midi. Entre 2 heures et 2 heures et demie, ils vont peu à  peu former un cortège de plus en plus important et compact. Le rassemblement a un « objectif de pression », comme le souligne Freddy Bouchez, l’un des fondateurs avec Jean-Marie Moreau, du Comité de soutien de Morlanwelz. « Mais le rapport de force est ce qu’il est, ajoute-t-il. Le but est de tenir bon. Mais cela avance : on voit que la solidarité s’élargit de plus en plus ».

Il est vrai que de nombreuses organisations sont présentes. Des partis politiques, comme le PTB, Ecolo, Groen, le POS …, des organisations comme l’UDEP, bien sûr, mais aussi le Comité de Morlanwelz, le Mouvement Régional de Solidarité Mons-Borinage, le CNCD-11.11.11, la Ligue des Droits de l’Homme, ATTAC, la coordination SOS Migrants …, différentes cellules des deux principaux syndicats du pays, des associations représentant les communautés ( Algériens, Latino-américains, … ), des organisations de jeunesse comme les Jeunes socialistes et le COMAC, des organisations de femmes, comme Vie féminine, … Le travail de conscientisation se poursuit. Samuel, étudiant en sociologie et en anthropologie à  Louvain-la-Neuve et proche d’OXFAM : « J’ai été un peu sensibilisé à  la question des sans-papiers et disons que cela me touche. Humainement parlant, on laisse des gens dans des conditions de vie et un statut très précaires et je trouve cela inadmissible ». Un travail très lent, étant donné que la problématique de l’humanité d’une politique d’asile n’est pas parmi celles à  laquelle la majorité de la population est spontanément réceptive.

Comme nous le déclare un militant du COMAC, « on est déjà  allé visiter les sans-papiers de Saint-Boniface et on s’est engagé pour venir aujourd’hui. On s’est aussi engagé pour faire des activités pour les enfants des demandeurs d’asile de l’église de Saint-Boniface. C’est important d’être là  aujourd’hui parce que ce n’est pas qu’un combat pour ceux qui n’ont pas de papiers. C’est un combat pour tous les travailleurs en Belgique parce que le fait qu’il y ait des travailleurs précaires qui sont sans papiers et qu’un patron peut exploiter au maximum entraîne des pressions sur les salaires des travailleurs belges et immigrés en Belgique. Aujourd’hui c’est un combat pour tous les citoyens belges, parce qu’on reconnaît un Etat de droit à  la manière dont il traite ses minorités. » Deux autres militantes du COMAC, Hafsa et son amie, ajoutent : « Nous avons été très touchées par les conditions de vie de ces sans-papiers à  l’église Saint-Boniface et on invite d’ailleurs tout le monde à  aller la visiter. Et ce n’est pas acceptable que dans un pays européen, démocratique, des gens puissent vivre de telles choses ». Il s’agit de montrer aux gens que le combat n’est pas seulement pour la défense d’une catégorie particulière de la population, mais de l’ensemble de celle-ci. En témoigne cette banderole de l’UDEP qui affirme que leur engagement est en faveur de tous les objectifs indiqués dans la Déclaration de 1948.

Le cortège démarre vers 2 h 40. On peut lire de nombreux panneaux, dont certains interpellent particulièrement. « A 175 ans, la Belgique est terre d’accueil ou terre d’écueils ? », « L’État viole les droits de l’enfant » ( dirigé contre la détention des enfants en centres fermés ), « Nous sommes en danger, pas dangereux », « L’ État nous matricule, les papiers dissimulent …, Les capitaux circulent, les patrons calculent …, La liberté recule », « Pour une politique d’asile et sociale humaine. Stop au néocolonialisme. Solidarité » sans oublier « Attaquez les multinationales, pas leurs victimes ». Vers 2h55, les manifestants prennent le boulevard Lemonnier, afin d’emprunter l’itinéraire classique vers le Nord. A 3h10, nous nous arrêtons brièvement à  la place Anneessens, puis dix minutes plus tard à  la place Fontainas. Avec Freddy Bouchez et Jean-Marie Moreau et quelques autres membres du Comité de Morlanwelz, nous nous risquons à  une évaluation du nombre de participants : 5000 environ, disons-nous, suffisamment en tout cas pour remplir tout le boulevard.

La manifestation poursuit son cours et nous arrivons au boulevard Emile Jacqmain, puis à  la chaussée d’Anvers, où se trouve le pour le moins controversé Office des Étrangers. Un bus londonien a été installé devant l’entrée, d’où différents représentants de l’UDEP et de la cause des sans-papiers prennent la parole. Parmi eux, Freddy Bouchez, qui déclare : « Si les demandeurs d’asile ont quitté leur pays, c’est parce qu’ils y rencontrent une situation de crise, de guerre, de dictature. Nos gouvernements, nos multinationales, ont une responsabilité dans ces situations. M. Dewael dira bien sûr qu’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde. Mais la Belgique est le seul pays où il n’y pas un impôt sur les grandes fortunes. Il y a chaque année des milliards de francs de fraude fiscale. Si tout cela était taxé il y aurait les moyens de financer la régularisation et la création d’emplois ». Une phrase qui prend un sens particulier en ce lendemain de l’annonce par INBEV de la suppression de 149 emplois en Belgique couplée à  celle d’un bénéfice d’un milliard d’euros et qui souligne que le combat n’est pas seulement en faveur de la défense des demandeurs d’asile, mais aussi de l’intérêt général. Claude, porte-parole et co-fondateur de l’UDEP, nous explique : « Aujourd’hui, nous sommes venus à  Bruxelles pour manifester et pour réclamer la régularisation de tous les sans-papiers. Et nous venus aussi pour soutenir la proposition de loi que nous venons de présenter au parlement et afin qu’il soit traité. Nous les sans-papiers sommes des victimes de cette politique d’immigration et nous souffrons. Et vu notre souffrance, nous avons donné des critères qui peuvent aider tous les sans-papiers ici en Belgique à  être régularisés. Parmi les grandes lignes sur la régularisation, nous avons le regroupement familial, l’attachement durable, pour les gens qui sont ici depuis trois, quatre ans, cinq ans, voire plus, et qui de la famille déjà  ici, et du côté socio-économique. On avait aussi pensé à  cela parce que nous avons des artistes formidables, qui du talent, mais qui n’ont pas le droit de venir l’exercer ici en Belgique. C’est pour cela que nous voulons que tous ces gens-là  soient régularisés ici en Belgique. Le but de cette manifestation est de faire pression, pour dire au gouvernement que nous sommes nombreux ». Kimba, résident de Morlanwelz que nous avions déjà  interviewé dans un précédent article ajoute alors : « Soutenir ceux qui veulent réformer le système du droit d’asile et d’interpeller l’opinion sur la situation que nous vivons. C’est une façon de dire aux parlementaires qui appuient la proposition UDEP de continuer, car c’est la bonne voie ». Claude reprend : « C’est notre première manifestation nationale de l’UDEP avec le soutien d’autres organisations qui étaient derrière nous. Cela fait maintenant trois ans que nous luttons ici en Belgique. Il y a nos frères qui ont été arrêtés et expulsés. Il y en a d’autres qui ont été libérés aussi. Mais nous continuons à  lutter. L’UDEP est là  pour une durée indéterminée et notre revendication primordiale, c’est la régularisation de tous les sans-papiers. Nous lutterons toute notre vie pour cette régularisation. Comme nous avons commencé il y a deux ans, nous allons continuer, même si nous sommes régularisés nous, nous allons continuer, afin que les autres qui viendront le soient aussi ». Il ajoute que ce mouvement doit impliquer tous les demandeurs d’asile, tant ceux qui ont été refusés que ceux qui ont reçu la recevabilité et la carte orange.

Un autre demandeur d’asile attaque devant nous le caractère fallacieux des arguments du ministre de l’Intérieur pour s’opposer à  la revendication de régularisation massive : « Il est inconcevable qu’un ministre de l’Intérieur dise qu’il n’est pas question de régulariser les sans-papiers tant qu’ils ne s’intègrent pas. Moi, je dis que c’est faux. Quand bien même on est intégré, on n’est toujours pas régularisé ». Référence à  ces cas si nombreux de gens qui ont développé des attaches durables, scolarisés leurs enfants dans une des langues nationales, commencé des études ou un boulot, et qui reçoivent un ordre de quitter le territoire. « Ils n’ont pas donné de condition pour la régularisation. En 2003, il y a eu une condition : qu’ils aient passé plus de trois dans un centre en procédure. Ce qui veut dire, ceux qui ne sont pas au Conseil d’État. S’il faut se référer au texte, ils régularisent au cas par cas, selon ce principe. Ce qui pose un problème car le taux de gens dans ces conditions s’élèverait à  un quart. C’est pour cela que nous marchons aujourd’hui ». Il qualifie la politique gouvernementale d’ « inhumaine, qui ramène les gens à  l’état animal ». Il attaque les méthodes de contrôle et de convocation de l’Office des Etrangers. « Sous prétexte de te demander un document complémentaire, subitement, tu te retrouves dans un centre fermé. Il s’agit de familles, de jeunes, de vieux. Chez eux, le gouvernement belge n’est pas sûr de garantir leur sécurité sont prises comme cela et rapatriées. Ce n’est pas parce que l’État belge a de très bonnes relations diplomatiques avec certains pays africains qu’il faut se dire que dans ce pays il n’y a pas de problèmes. S’ils ont de très bonnes relations, c’est par rapport à  leurs intérêts, ce n’est pas par rapport aux pays et à  la population ». Ce qui pose, une fois encore, la difficile – et épineuse – question des rapports internationaux, particulièrement entre Nord et Sud.