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Bologne et la France sur la table...de la Communauté française. Cherchez l'erreur

Bologne et la France sur la table...de la Communauté française. Cherchez l'erreur

Les étudiants belges et français s'unissent. Objectif: mettre le décret non-résident hors-jeu. Et pour y arriver: « Une seule solution: la manifestation ».

(Photo: Yannick Guldentops)

Mercredi après-midi, plus de 3500 étudiants francophones venus des quatre coins de la capitale et de Wallonie ont battu le pavé contre le décret non-résident. Futurs kinés, podologues, podothérapeutes, acchouses-infirmières, logopèdes, ergothérapeutes et éducateurs spécialisés, ils sont venus protester contre un texte qui menace de limiter à  30% le nombre d’étudiants étrangers pouvant s’inscrire dans ces filières. L'annonce de l'adoption du projet de décret en février dernier avait fait l'effet d'un bombe auprès des étudiants français qui remplissent à  eux seuls jusqu'à  74,4% des auditoires dans les sections susnommées. Les étudiants étrangers dont le cursus est déjà  en cours ne sont pas concernés par le texte. Par contre, pour le millier de jeunes Français qui envisage de migrer vers notre plat pays à  la rentrée 2006, l'application du décret dès la rentrée 2006 risque de provoquer de nombreux scénarios catastrophe. L’enseignement supérieur belge se pose en effet comme la panacée face aux redoutables concours qui multiplient les obstacles financiers et administratifs sur le parcours des jeunes Français depuis le bac jusqu’à  l’emploi. Des très coûteux cours préparatoires au très arbitraire numerus clausus, le système français laisse peu ou prou de chances à  la jeunesse de se dessiner un avenir sous les traits des aspirations et des compétences qui les animent.

Mais pourquoi ce revirement soudain dans les modalités d'accès aux étudiants étrangers alors que le paysage politique franco-belge semblait s'en accomoder? La Ministre de l'enseignement supérieur Marie-Dominique Simonet (CDH) pointe du doigt l'afflux sans précédent d'étudiants français à  la faculté de médecine vétérinaire à  la rentrée 2005. 20% de Belges à  peine étaient parvenus à  se frayer un chemin vers les auditoires, littéralement "envahis" par les étudiants étrangers. Cet événement aurait été le déclencheur, motivant la réalisation du décret qui fâche aujourd'hui tant les étudiants Belges que les non-résidents. Car s'il arrive aux Belges de jalouser les places parfois laissées aux étudiants étrangers, ils sont néanmoins conscients que certaines filières n'existent aujourd'hui que grâce à  leur présence massive. C'est le cas de l'I.S.C.A.M à  Bruxelles qui verrait ses sections de podologie et d'ergothérapie menacées si le décret venait à  prendre effet en 2006.

Dans ce débat houleux, très peu invoquent la responsabilité de la France. Depuis plus de dix ans, celle-ci délègue la formation de milliers d'étudiants qui, une fois leurs études terminées, s'en retournent jouer les forces vives de la nation française aux frais de la très dépourvue Communauté française...qui – surprenant – n'a jamais rechigné jusqu'à  présent. Aurait-elle elle aussi trouvé son compte dans cette affaire? Il semblerait que ce soit le cas. Les kinés en veulent pour preuve les 1000 heures de stage qu'ils prestent gratuitement durant leurs études. Ajoutons à  cela les frais de logement, de nourriture, de déplacement, etc. qui génèrent chaque année des sommes considérables pour les régions wallone et bruxelloise.

La Fef et l’Unécof (associations étudiantes) ainsi que les syndicats font de ce constat un de leurs arguments pour se battre contre l'applicatoin du décret. Depuis le mois de février, ils manifestent en Communauté française pour manifester à  la Ministre Simonet leur mécontentement. Ce mercredi, ils ont à  nouveau fait valoir trois revendications: le retrait du décret et une réelle concertation de tous les acteurs, la mise en place d’un fonds compensatoire à  la mobilité au niveau européen ainsi que l’augmentation des moyens octroyés à  l’enseignement par un refinancement de la Communauté française. Hier après-midi , soutenus par près de 4000 étudiants, ils ont manifesté, bruyamment, dans les rues de Bruxelles: djembés, coups de sifflets et chansons paillardes « customisées » pour l'occasion ont animé le cortège jusqu'à  la place Surlet de Chokier où la Ministre-Présidente de la Communauté française Marie Arena (PS) et sa collègue Simonet ont reçu une délégation de porte-paroles des instances protestatrices.

Pendant ce temps, le sourire aux lèvres malgrè le froid mordant, des drapeaux français et belges dessinés sur le joues, les étudiants anti-décret défilaient sous les banderoles aux slogans interpellants. Peints sur des draps blancs d'hopitaux, leurs mots virevoltaient dans les airs pour nous rappeler que: "Un enseignement démocratique est accessible à  tous". Dans un autre ton, "Belges ou Français, c'est l'Europe qui nous plaît" ou encore "L'Europe, une illusion?" furent également très populaires. Ainsi, la question européenne fut inévitablement soulevée car comme le précise Lionel Mulpas, Président du Conseil Fédéral de la Fef, "le décret non résident va à  l'encontre des promesses du décret de Bologne, censé favoriser la mobilité des étudiants dans l'espace européen."
Dans la foule, des étudiantes françaises de la Haute Ecole Schuman de Virton coiffées d'un bonnet stérile d'accoucheuse invoquent de but en blanc la responsabilité de la France et l'intransigeance administrative et financière des concours d'entrée aux grandes écoles paramédicales. Elles précisent toutefois qu'aucune démarche n'a été effectuée à  ce jour de la part de étudiants concernés pour alerter les responsables Français.

Aux alentours de 16 heures, les manifestants se sont amassés devant le siège des pourparlers, gardé par une demi-douzaine de policiers, impassibles derrière leurs barbelés. Point de guerre des oeufs au programme mais un rappel instructif des revendications, en attendant le retour des troupes. Retour qui eut lieu vers 16h30 alors que la majorité des étudiants avaient déjà  quitté le champ de bataille.
L'annonce des résultats aux négociations eut lieu sans plus tarder et les étudiants apprirent que le quota des 30% serait maintenu. Avec une nuance toutefois: la diminution des budgets octroyés aux écoles pour une plus petite population d'inscrits sera progressive. Il n'y aura donc pas d'impact sur le budget pour l'année 2006-2007. L'année scolaire 2007-2008 verra ses moyens amputés de 25%, de 50% pour l'année d'après, de 75% ensuite et de 100% pour terminer. La Ministre a également assuré qu'aucun licenciement n'aura lieu en 2006-2007.

Ces aménagements satisfont moyennement les syndicats. Les étudiants quant à  eux réclament toujours le retrait pur et simple du décret et prévoient de poursuivre les actions de protestation par une manifestation mercredi prochain à  Charleroi. L'annonce, ce mercredi également, par la Ministre du retrait des normes de maintien qui fixent un quota minimum d'inscrits pour le financement d'une section devrait pourtant nuancer la lutte. Cela devrait avoir pour conséquence d'apaiser les craintes des étudiants résidents dont les filières ne seraient plus menacées de disparition.
Malgré qu'il soit passé relativement inaperçu auprès des étudiants déçus, cet aménagement change considérablement la dynamique du combat. Celui-ci se poursuivrait donc davantage comme marque de solidarité envers les Français. L'on risque dès lors d'assister à  un glissement du mouvement de protestation vers la France, pour qui ce signal d'alarme pourrait marquer le début d'une nouvelle politique d'accès à  l'enseignement supérieur, moins élitiste, plus démocratique.