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Quand l'Amérique latine bolivarienne se soulève, Bruxelles suit le mouvement

Quand l'Amérique latine bolivarienne se soulève, Bruxelles suit le mouvement

Le troisième candidat aux dernières élections chiliennes était en visite à  Bruxelles ces jours-ci. Porte-parole d'un mouvement de gauche alternative, il est venu transmettre un message particulier. Tomas Hirsch annonce la bonne nouvelle.

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(Photo: Mauricio Machuca) Tomas Hirsch dans les locaux du Parti Humaniste lors de notre entrevue.

Cinq mois après les élections présidentielles chiliennes qui ont consacré la gauche sociale-démocrate en la personne de Michelle Bachelet, Tomas Hirsch, porte-parole du mouvement de coalition pour une autre gauche « Juntos Podemos Mas » (Ensemble, nous pouvons plus) est venu s'adresser à  ses sympathisants européens. Son objectif: transmettre à  ses « camarades » outre-atlantique ainsi qu'aux nombreux Chiliens établis en Europe l'expérience unique de ce mouvement alternatif, fédérateur des organisations de gauche chiliennes.

Le Juntos Podemos, embryon de panacée aux dérives de la sociale-démocratie chilienne

Dans la lignée d'Hugo Chavez au Vénézuela et d'Evo Morales en Bolivie, Juntos Podemos Mas est un mouvement composé de 53 organisations politiques et sociales unies dans un pacte pour le renouveau de la gauche. Parmi les formations politiques du JPM, citons le Parti Communiste et le Parti Humaniste, seuls partis légalisés au sein du mouvement, mais également la Izquierda Unida (gauche unie), le MIR (Mouvement de Gauche Révolutionnaire) ainsi que différentes organisations de tendance communistes et socialistes. Les associations sont, quant à  elles, représentatives de luttes diverses: organisations de femmes, culturelles, écologistes, pour la santé publique, etc. Ensemble, elles entendent contrer l'emprise du néolibéralisme qui s'est approprié tous les domaines de la vie chilienne et qui empiète sur les droits les plus fondamentaux des Chiliens, comme le droit à  une pension décente par exemple. En octobre 2004, à  l'occasion des élections communales et à  nouveau en décembre 2005 pour les élections présidentielles et parlementaires, le JPM a désigné Tomas Hirsch, tête de liste du Parti Humaniste, comme candidat et porte-parole d'une volonté de changement au Chili.

Avant son arrivée à  Bruxelles, cet utopiste de 48 ans a expressément sollicité une interview avec Indymedia, témoignant d'emblée sa volonté d'impliquer les instances alternatives dans sa « campagne » post-présidentielle. Au cours de cette entrevue exclusive, il nous a fait part de sa volonté profonde de dépeindre la réalité du peuple chilien, au-delà  de l'image de réussite économique véhiculée par le pouvoir en place. Car si le Chili n'est plus une dictature depuis 16 ans, la droite concentre toujours les richesses entre ses mains avares et la gauche sociale-démocrate (composée de la Démocratie Chrétienne, du Parti Socialiste, du Parti Radical Social Démocrate ainsi que du Parti pour la Démocratie), réunie dans une coalition portant le nom de « Concertacion », a pris le parti du grand capital au détriment des intérêts de la classe populaire, pourtant majoritaire.

La Concertacion ou l'opium du peuple

Comme le dénonce Hirsch, la gauche au pouvoir n'est donc qu'un avatar, qui enterre, sous les chiffres satisfaisants des grandes multinationales, la condition du peuple. « Les gens pensent qu'au Chili, la gauche est au pouvoir. Et le fait que Michelle Bachelet associe le nom de la Concertacion aux politiques vénézuéliennes, bolivienness, etc. y contribue largementt. Mais il ne suffit pas de dire qu'on est de gauche. Il faut agir en conséquence et faire ce qui s'impose pour démocratiser. Se compromettre pour améliorer la situation. » déclare Hirsch avec conviction. Sur ce front, il dénonce le marketing de la Concertacion par lequel le pouvoir affiche par tous les moyens l'image d'un Chili « valeur sûre » d'Amérique Latine. Il suffirait selon lui de démanteler cette stratétgie pour désolidariser des milliers de citoyens de la sociale-démocratie.

La propagande exercée par le pouvoir, reflux d'un passé totalitaire, incite en effet la classe populaire à  relativiser sa condition: si le Chili se porte bien aux yeux de la Communauté Internationale, considérons que tout va bien! La droite, aux commandes du capital, s'accomode de cette façon de fonctionner. Il apparaît en outre qu'elle ne convoite nullement le pouvoir politique: pourquoi s'encombrer des aléas du politique si la Concertacion peut endosser cette responsabilité tout en protégeant les intérêts économiques de la droite?

Dans l'ignorance de cette manipulation certaine, le peuple continue à  voter pour la Concertacion (vainqueur avec 45,87% des suffrages contre 5,37% pour JPM) considérant qu'il s'agit là  du moindre mal alors que, comme le souligne Hirsch, « les gouvernements sociaux-démocrates ont renforcé ce qui a été établi pendant la dictature. »

De l'idéologie aux propositions concrètes

C'est dans ce contexte d'injustice et d'inégalités (le Chili est le pays d'Amérique latine où les richesses sont le plus inégalement réparties) qu'est né le JPM. « Ce n'est pas un processus facile », explique Hirsch. « Durant la dictature de Pinochet, les partis de gauche chiliens se sont fragmentés. Aujourd'hui, retrouver cette union passée s'est avéré une lourde tâche. On s'est unis parce qu'on a tous compris qu'aucun de nous ne peut changer les choses seul. On a compris que le changement ne pouvait pas être que d'une seule couleur. On veut faire jaillir le renouveau à  partir de la diversité. Nous avons saisi l'apport de la lutte de chacun comme une opportunité, que ce soit des Rodriguistes, des organisations de femmes, des organisations indigènes, du Parti Communiste, etc. et à  partir de là , nous avons soulevé trois objectifs: premièrement, s'unir pour atteindre nos objectifs; deuxièmement, valoriser la diversité et ne pas ignorer l'Autre qui pense différement pour que chacun puisse retrouver sa dignité; enfin, il nous est apparu important de construire un pacte politique et social avant de s'embarquer dans l'aventure électorale. C'est pour cela que ce n'est qu'un an après le début de la fondation du Podemos, un an après avoir travaillé ensemble,que nous avons décidé de porter ce mouvement aux urnes à  l'occasion des élections communales d'octobre 2004. Et nous y avons obtenu les meilleurs résultats obtenus pas la gauche depuis le gouvernement de Salvador Allende en 1970. »

Parmi les terrains d'attaque du JPM, Hirsch cite en tête de liste lieu la démocratisation du pays. Cela passe par l'amendement de la Constitution actuelle rédigée en 1980, alors même que le pays subissait encore la dictature pinochiste. Cela passe également par la réforme du système de représentation non proportionnelle au Congrès National, instance législative. Le droit de vote aux Chiliens résidant à  l'étranger est revendiqué par la même occasion.
Le JPM propose également un projet au service des seniors. La privatisation des pensions, instituée sous l'ancien régime, a fait chuter de 67% la valeur moyenne des pensions. Lorsque sonne l'heure de la retraite, les travailleurs se retrouvent donc la plupart du temps dans des conditions précaires. L'enseignement supérieur, privatisé, est également mis sur la table: l'exigence de rentabilité, appuyée par la gauche de Bachelet, est de mise jusque sur les bancs d'école et l'on ferme au compte-goutte les sections peu « rentables » telles que la philosophie, la sociologie ou encore le journalisme, cadenassant les filières suscptibles de changer les mentalités. Le sort des peuples originaires, dont les Mapuche, fait aussi partie des préoccupations élémentaires du mouvement. Il convient de réhabiliter les droits de ceux d'entre eux toujours détenus malgré leur innocentement par la Cour Internationale de Justice.

Le syndicalisme est également en ligne de mire: actuellement, 13% à  peine des travailleurs sont syndiqués. Cela s'explique par la crainte qu'éprouve le peuple face au patronat de droite réprimant la moindre expression de militantisme. JPM parle de « criminalisation de la protestation sociale et de la lutte populaire » qu'il veut à  tout prix combattre.
En somme, JPM réclame « vérité et justice (qui) sont les uniques possibilités pour avancer par rapport à  la politique d'extermination de la dictature. »

Santiago alternatif, Bruxelles vous reçoit 5 sur 5

Du côté des Chiliens de Belgique, si la venue de Hirsch a fait affluer de nombreux membres de la communauté, les critiques guettent quand même. Beaucoup redoutent que le naturel ne revienne au galop et que Hirsch, et plus largement le Parti Humaniste, ne soit rattrapé par l'idéologie libérale de son milieu d'origine: la bourgeoisie chilienne. Ils savent depuis toujours qu'un changement ne sera possible que si le pouvoir se met à  venir véritablement d'en bas. Leurs craintes sont toutefois nuancées par le fait que le JPM implique des organisations populaires qui jouissent du même statut dans la hiérarchie (horizontale) qu'Hirsch lui-même et qui semblent être le véritable moteur du mouvement.

En Belgique, le mouvement JPM a trouvé des échos auprès de plusieurs organisations, notamment le Parti Humaniste qui a fortement soutenu la présence de Tomas Hirsch à  Bruxelles. Dans le cadre de la conférence qu'Hirsch a tenu devant une quarantaine de sympathisants à  la Salle Karl Marx, Gilles Smedts, Président du Parti Humaniste a par ailleurs annoncé la naissance d'un mouvement similaire en Belgique sous le nom d' « Une Autre Gauche » Tout comme le JPM, « Une Autre Gauche » se pose comme une alternative à  la gauche actuelle dont il dénonce l'égarement. Les revendications de cette ébauche de mouvement comprennent, entre autres: une répartition plus juste des richesses, la poursuite du combat pour l'égalité des femmes, de la lutte contre le racisme et pour la sauvegarde de l'écologie.

La volonté de créer une autre Europe est aussi un des piliers de cette organisation, qui à  ce jour, se voit soutenue par le Parti Ouvrier Socialiste, le Mouvement pour une Alternative Socialiste, Carine Russo, la branche liégeoise du JPM, l'association néerlandophone Recht op werk, ainsi que par des membres actifs de syndicats, etc. L'appel d' « Une autre gauche » est un S.O.S sollicitant la collaboration de toute personne qui souhaite s'opposer aux dérives de la gauche sociale-démocrate,qui, selon leurs propres termes, seraient porteuses de pertes de repères, de décomposition des liens sociaux, de mal-être généralisé, provoquant insécurité sociale et déstabilisation psychologique de la collectivité, véritables dangers pour la démocratie.

Infos utiles:

Site du Juntos Podemos Mas: www.podemos.cl
Podemos Liège: http://users.belgacom.net/chili30ans/
Site du Parti Humaniste belge: http://parti.humaniste.be