Indymedia.be is niet meer.

De ploeg van Indymedia.be is verhuisd naar DeWereldMorgen.be waar we samen met anderen aan een nieuwswebsite werken. De komende weken en maanden bouwen we Indymedia.be om tot een archief van 10 jaar werk van honderden vrijwilligers.

Layla Nabulsi

Layla Nabulsi

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Je regarde mes enfants jouer. Si j’étais en Irak, nous entendrions des explosions au loin et puis, plus près. L’un de nous serait peut-être mort et on n’en finirait pas de le pleurer sans voir d’issue à notre peine. L’un d’entre nous serait peut-être malade et nous ne trouverions pas de médicaments pour le soigner ni de quoi le nourrir pour le requinquer, mais à ça, nous serions déjà habitués après l’embargo de dix ans qui nous a tué 500.000 enfants et dont Madeleine Allwright disait qu’il était un mal nécessaire. L’un d’entre nous serait peut-être brûlé par un incendie et ses souffrances seraient terribles et nous n’aurions pas de quoi l’apaiser. Parfois, l’après-midi, nous nous réunirions pour boire ensemble une tasse de thé et nous resterions ébahis de ce qui s’est passé et qui se passe encore. Nous aurions voulu nous réjouir de la mort de Saddam, nous aurions peut-être eu le courage d’être des opposants, qui sait, et maintenant, nous ne saurions plus quoi penser. Nous aurions peut-être voulu croire en une guerre éclair, une guerre de conte qui aurait effacé nos années de terreur. Nous nous serions réveillés au milieu du cauchemar et nous ne saurions pas quoi faire pour en sortir. Nous serions, je crois, désespérés.Nous voudrions peut-être en finir, mais il y aurait les enfants qui nous tiendraient debout. Nous saurions que le monde entier parle de nous, mais que dans le fond, le monde entier s’en fout. Nous nous dirions qu’il y a pire. Les tchétchènes, par exemple, personne ne parle plus d’eux. Est-ce qu’il y a des irakiens qui pensent aux tchétchènes et réciproquement? Nous pourrions peut-être tout lâcher et partir nous réfugier en Jordanie. Mais c’est à Bagdad ou à Bassora que nous serions nés et nous aurions du mal à tout quitter, à repartir à zéro, peut-être parce que nous n’avons plus vingt ans. Je crois qu’on n’imagine pas le courage qu’il faut pour quitter tout ce à quoi on tient. Si on se mettait deux minutes à leur place, on ne laisserait pas traiter les demandeurs d’asile comme ça.

Je regarde mes enfants jouer. Il est temps d’aller manger.

Layla Nabulsi
Écrivain de théâtre

Bericht aan de Bevolking is een initiatief van Het beschrijf, in samenwerking met het B/Russell/s Tribunal. Een aantal auteurs van deze teksten treedt ook aan op de Literaire Wake n.a.v. 5 jaar oorlog in Irak, op woensdag 19 maart van 20 u. tot 24 u. in Literatuurhuis Passa Porta, A. Dansaertstraat 46, 1000 Brussel. Zie www.passaporta.be

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