Le Loup futé03 juni 2009 – 21:12

La branche FRET de la SNCB qui compte en son sein B-CARGO et sa myriade de filiales fait face à une très forte dégradation dont il est très difficile de mesurer l’ampleur.
Pour tenter de palier à cette situation catastrophique, le Management de B-CARGO tente une fois de plus de trouver une parade et propose ( disons plutôt voudrait imposer ) aux Syndicats Cheminots un nouveau plan de restructuration qui fait la part belle aux économies de toutes sortes et prévoit des suppressions d’emplois de l’ordre de 1000 à 1500 postes.
Il faut tout d’abord se rappeler que depuis le 15 mars 2003, le fret ferroviaire est ouvert à la concurrence suite à l’adoption par le Parlement européen de directives reprises dans ce que l’on appelle le « premier paquet ferroviaire « .
Ces directives prévoient la séparation comptable et juridique des entités chargées du transport ( marchandises et voyageurs ) des entités chargées de l’entretien de l’infrastructure et de la répartition des capacités ferroviaires aux différents opérateurs.
Le but étant d’assurer aux « candidats transporteurs « un accès équitable et non discriminatoire au marché du fret ferroviaire.
En Belgique, l’ancienne SNCB a donc été scindée en deux grandes entités – La SNCB chargée du transport et INFRABEL pour tout ce qui est gestion de l’infrastructure ferroviaire.
Une troisième entité dénommée SNCB-HOLDING a le rôle d’employeur unique et dispatche les Travailleurs entre INFRABEL et la SNCB suivant les besoins.
Le but annoncé et louable justifiant la création de la SNCB-HOLDING était le maintien de l’unicité du Statut des Cheminots et du dialogue social.
Malheureusement, ce « château de cartes « est en passe de s’écrouler sur l’hôtel du profit et du libéralisme.
Chez nous, INFRABEL s’est vu reconnaître le rôle de « régulateur « dans la libéralisation du fret ferroviaire.
Les Cheminots ont, dès le départ, été hostiles à l’ouverture du fret à la concurrence car ils craignent que la libéralisation n’ouvre la voie à un chemin de fer « à l’anglaise « sans régulation ni sécurité et au « dumping social « .
Les nouveaux Dirigeants de la SNCB ( issus pour la plupart du Secteur privé ) n’ont pas prêtés la moindre attention aux remarques et revendications des Travailleurs.
Des filiales privées ( XPEDYS, RAIL-FORCE, etc… ) ont été mises en place et ont repris quasiment toutes les activités commerciales de B-CARGO.
B-CARGO qui était le propriétaire des wagons marchandises belges a même offert en cadeau de noce tout son matériel de transport aux nouvelles filiales !!!
L’Opérateur historique n’est donc plus qu’une coquille vide et on peux se demander qu’elles sont ses chances de succès dans un marché maintenant complètement ouvert…
Petit à petit une nouvelle politique de management a aussi été mise en place instaurant parmi le Personnel une ambiance morose et des conditions de travail fortement dégradées.
Harcèlement, mobing, stress font partie du menu quotidien de nombreux Travailleurs B-CARGO.
B-CARGO est devenu un véritable laboratoire social où sont testées ces nouvelles méthodes qui tôt ou tard seront mises en place dans d’autres entités du Groupe SNCB.
Maintenant, on profite de la crise économique pour faire porter l’intégralité des économies financières prévue dans le cadre du nouveau plan B-CARGO uniquement sur le dos des Travailleurs.
Le Management de B-CARGO insiste aussi sur la soit disant rigidité de la SNCB face aux pratiques de la concurrence et aux facilités du statut privé.
La solution préconisée par certains Dirigeants de B-CARGO serait de filialiser complètement l’activité c-a-d, de privatiser tout simplement une partie essentielle de la SNCB !
Ces dernières années, le Personnel a déjà beaucoup donné à la Société et la création des nouveaux « métiers CARGO « a mis en place une très grande polyvalence au niveau des gares et des différentes « opérations de terrain « .
Les Cheminots considèrent, à raison, que cette nouvelle façon de travailler peut-être très préjudiciable au niveau de la sécurité car elle engendre une multiplicité de tâches toujours plus complexes au niveau technique.
Par exemple un Agent de triage ( ouvrier chargé de la formation des trains de marchandises ) exécute aussi maintenant après une très courte formation la visite technique des wagons avant le départ ainsi que différentes opérations administratives très importantes au niveau de la sécurité, notamment, du freinage.
Auparavant toutes ces opérations spécifiques étaient confiées à des Cheminots ayant reçu des formations pointues mais, à cette époque, la sécurité n’avait pas de prix !
Le Personnel n’a pas été récompensé de tous ses efforts et devrait » faire les frais « du nouveau plan de restructuration CARGO.
Toutes les activités de triage et de formation des trains se concentreraient principalement sur Anvers en laissant quelques miettes à la gare de Monceau ( Charleroi ).
De nouvelles règles de gestion du Personnel encore plus drastiques et anti-sociales seraient mises en place en oubliant le Statut du Personnel Cheminot et toute la réglementation actuelle.
Ainsi, il est prévu dans ce document officiel la diminution des jours de congé, l’allongement des prestations ( 10 heures avec 2 heures de pose ), une polyvalence encore plus grande et la liquidation pure et simple de certains Travailleurs excédentaires par, notamment, des mises à la pension prématurée d’office !
Tout cela pour engendrer de nouveaux gains de productivité importants pour répondre aux objectifs de viabilité de l’activité fret ferroviaire exigés par le Gouvernement belge.
Le mécontentement des Cheminots face à ce diktat patronal à engendré une grève nationale de 24 heures massivement suivie par les travailleurs de B-CARGO ce 10 avril dernier.
Malgré ce signal fort, la Direction de la SNCB semble n’avoir rien compris et fait la « sourde d’oreille « .
Même chose du côté de certains Dirigeants syndicaux où le silence et une certaine passivité ne laissent pas beaucoup d’espoir aux Cheminots.
Bref la situation est explosive à B-CARGO !
N’oublions pas non plus que nos Dirigeants politiques ne font rien pour sortir B-CARGO du marasme actuel.
Que ce soit du côté du PS, d’ECOLO et n’en parlons même pas du MR, le Monde politique se bouche les oreilles et laisse B-CARGO agoniser dans une indifférence scandaleuse.
Pourtant, la seule solution responsable et écologique pour le transport de marchandises passe par le rail.
Il est grand temps de favoriser le ferroutage qui, in fine, supprimera un maximum de poids lourds sur nos routes.
Tout cela demanderait bien entendu un courage qui est malheureusement absent chez la plupart des politiciens actuels plus intéressés par l’argent et leurs intérêts personnels que par le bien public.
Différents experts estiment pourtant qu’il faudrait aller beaucoup plus loin dans les objectifs du « Protocole de Kyoto « qui demande aux pays signataires de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre pour revenir d’ici 2012 à un niveau inférieur à 1990.
Alors un dernier appel solennel est lancé au Monde politique pour que des mesures rapides puissent être prises pour sauver B-CARGO et ses milliers de Travailleurs.
Ces derniers mois des milliards ont été investi ( pour ne pas dire jeté ) par l’Etat libéral pour éviter une faillite de certaines banques, alors, pourquoi rien n’est-il fait pour l’activité FRET de la SNCB ?
En tout cas, les Travailleurs de B-CARGO en ont marre de » TOUT CE CIRQUE « et promettent une réponse musclée et déterminée si rien ne bouge positivement et rapidement dans ce secteur essentiel !