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Premiers symptômes : Asie, Russie, Amérique latine (4/8)

Premiers symptômes : Asie, Russie, Amérique latine (4/8)

Nous allons aborder dans cette partie les crises qui ont précédé celle de 2008. A partir de la crise de la dette de 1982, déjà évoquée dans la seconde partie, le FMI et la Banque mondiale deviennent des instruments d’une libéralisation économique sans cesse plus poussée. Ils imposent aux pays du Sud, puis à ceux de l’ancien bloc soviétique, des politiques économiques globales inspirées par l’idéologie néolibérale. En voulant étendre la liberté des capitaux de la manière la plus absolue, ils augmentent l’instabilité du système, laquelle sert de terreau aux crises qui vont frapper l’Asie du Sud-Est, la Russie et l’Amérique latine. Ce qui prépare la crise actuelle.

Suite à la crise de la dette, qui place les pays du Sud dans l’impossibilité de rembourser leurs emprunts, le FMI et la Banque mondiale se voient confier la mission d’octroyer des prêts avantageux à ces pays pour qu’ils puissent rembourser. Mais, en contrepartie, ces pays devront appliquer des Programmes d’Ajustement Structurel (PAS), compilés dans ce qu’on appelle le Consensus de Washington. Les Etats dominants vont ainsi imposer aux pays du Sud de pratiquer des « recettes que les pays avancés n’étaient pas disposés à s’appliquer eux-mêmes », comme le reconnaissait Henry Kissinger en décembre 2008.

Le Consensus de Washington

Ce consensus consiste en gros en trois piliers : austérité budgétaire, libéralisation commerciale et libéralisation financière. L’austérité budgétaire implique des conséquences sociales : les budgets des soins de santé et de l’éducation sont réduits à leur plus simple expression et une véritable politique de lutte contre la pauvreté est rendue impossible car le budget de l’Etat est consacré en grande partie au remboursement. La libéralisation commerciale entraîne que les marchés intérieurs de ces pays sont ouverts au marché mondial, dominé par les transnationales du Nord, ce que James Petras et Henry Veltmeyer appellent « l’empire euro-américain ». En outre, cette libéralisation commerciale s’accompagne d’une priorité donnée à l’exportation, au détriment de la satisfaction des besoins des populations. Quant à la libéralisation financière, elle implique une liberté totale pour les capitaux internationaux. Cela entraîne des crises financières et économiques dévastatrices. En effet, chaque fois, l’afflux massif de capitaux privés fait place à un reflux tout aussi massif.

Crises à répétition

Le premier pays à en faire les frais est le Mexique. En décembre 1994, il connaît une grave crise économique et financière ainsi qu’une fuite de capitaux. C’est la « crise tequila », qui sera vite jugulée par une intervention massive des USA et des institutions financières, qui prêtèrent d’urgence 50 milliards de dollars. Le FMI conditionne son aide au renforcement d’une politique d’austérité. Au détriment de la population …

Les pays d’Asie du Sud-Est vont à leur tour être victimes de leur intégration dans les flux mondiaux de capitaux. Ces flux ont porté à des niveaux très élevés les taux d’investissement nationaux, l’accumulation du capital et la croissance, mais ils ont aussi gonflé la bulle financière dans un marché comme l’immobilier. En 1996, la Bourse thaïlandaise marque un net recul (les valeurs chutent de 40 %) et le secteur immobilier décline. En mai et en juillet 1997, on assiste à une forte spéculation sur le baht (la monnaie thaïlandaise). Cette spéculation s’est ensuite étendue à l’ensemble de la région (Philippines, Corée du Sud, Indonésie, Malaisie, Hong Kong). Cela a provoqué une fuite massive et incontrôlable de capitaux hors zone. Dans le seul mois de septembre 1997, 200 à 250 milliards de dollars se sont volatilisés en Asie du Sud-Est. La dévaluation des monnaies locales (de 25 à 40 % selon les pays) à la suite du retrait massif des capitaux a mécaniquement alourdi la dette extérieure. On assiste en outre à un credit crunch et à un désastre social dont les premières victimes seront les travailleurs urbains peu qualifiés et les nouvelles classes moyennes. De surcroît, en échange de son aide financière (23 milliards de dollars à l’Indonésie et 17 à la Thaïlande), le FMI a exigé une politique d’austérité et une libéralisation accrue de l’économie. Avec là aussi des conséquences sociales dramatiques …

L’onde de choc atteint la Russie. En août-septembre 1998, le rouble perd près de 30 % de sa valeur. Il est vrai que la thérapie de choc ultralibérale subie dans les années 90 avait rendu ce pays particulièrement vulnérable. En janvier 1999, c’est au tour du Brésil : c’est la crise « samba » avec une chute de 40 % du real. L’Argentine, premier partenaire commercial du Brésil, est atteinte à son tour. Sous l’ère Menem, dans les années 90, le gouvernement avait mené une politique néolibérale stricte. Tout le secteur public, y compris la sécurité sociale, avait été privatisé. La monnaie nationale, le peso, avait été mise en parité avec le dollar US, ce qui a renchéri les produits argentins et entravé les exportations de nombreuses industries locales. Cela avait favorisé l’achat de produits étrangers qui ont envahi le marché intérieur et concurrencé des secteurs entiers de l’économie nationale. L’Argentine vivait donc sous un modèle importateur, dominé par quelques transnationales. La crise éclate en fin 2000-début 2001. Le FMI accorde une aide de 39,7 milliards de dollars. En mars 2001, une équipe ultralibérale prend les commandes du ministère de l’économie et ordonne des coupes dans les dépenses d’éducation. Cela engendre une gigantesque riposte sociale (grèves, prises de routes, occupations d’universités). En décembre, le FMI refuse une aide de 1,2 milliards de dollars. Le pays plonge dans une crise sans précédent.

Ces crises ont annoncé celle de septembre 2008. Nous verrons celle-ci dans la partie suivante.

Sources pour en savoir plus

I.RAMONET, « Le Krach parfait. Crise du siècle et refondation de l’avenir », coll. L’Espace Critique, Galilée, 2009.

N. KLEIN, « La stratégie du choc. La montée du capitalisme du désastre », Actes Sud, 2008.

« La mondialisation contre l’Asie », Manière de voir n°47, Le Monde diplomatique.

« Le krach du libéralisme », Manière de voir n°102, Le Monde diplomatique.