[Opinion] Tous les « génies » ne sont pas recommandables!

han18 september 2006 – 12:57

La Wallonie célèbre ses talents et entend les cultiver de manière à réaliser une grande ambition : « En avoir plus au kilomètre carré ». C’est très bien.

La FGTB wallonne, avec les autres interlocuteurs sociaux de la Région, avait été associée à cette volonté par le prédécesseur d’Elio Di Rupo.

Cette année, le Gouvernement wallon a choisi seul, semble-t-il, les personnalités à mettre en évidence notamment à l’occasion des Fêtes de Wallonie à Namur, samedi dernier, et prochainement, dans le cadre d’une campagne promotionnelle de la Région. Dans sa liste « à la Prévert », Albert Frère joue manifestement « les ratons laveurs ».

S’il est incontestablement un « génie des affaires », la FGTB wallonne s’interroge sur l’opportunité d’en faire un modèle pour l’édification des jeunes générations. En effet, tous les « génies » ne sont pas bienfaisants…

Devons-nous réellement remercier le baron Frère pour son action – passée – en faveur de la sidérurgie wallonne ? Pour son intervention dans le secteur belge de la finance – ou de l’énergie ? Pour la promotion des atouts de la Wallonie dans des médias européens dont il a été un actionnaire au moins de référence ? Beaux débats…

Pour les militants de la FGTB wallonne, personne mieux que lui ne symbolise une logique détestable : la privatisation des profits et la socialisation des pertes !

Faut-il encore rappeler que sans l’intervention des pouvoirs publics dans le tissu économique wallon, la désertion des industriels et des financiers au format du « génie des affaires » nous auraient contraint à vivre dans un désert économique et social ? Nous, nous ne l’oublions pas.

Aujourd’hui, le Gouvernement wallon multiplie les efforts pour tenter de redéployer l’économie régionale. Certes, la tâche est difficile et il lui incombe d’attirer et d’encourager l’investissement. L’actualité récente a montré qu’il était bien mal récompensé de ses efforts par un patronat ingrat pour qui les cadeaux ne sont jamais assez beaux, jamais suffisants. Il faut se ressaisir et éviter que l’éblouissement que peut créer la proximité du « cercle des nantis » ne devienne de l’aveuglement.

La Wallonie s’est forgée dans le creuset des valeurs de solidarité et de résistances. Jusqu’ici, son aspiration profonde avait rarement coïncidé avec la glorification du capitalisme financier.