han26 september 2006 – 21:52

Prenez Mein Kampf, d'Adolf Hitler, par exemple.
Ce n'est pas la même chose que Pour en finir avec le jugement de Dieu, d'Antonin Artaud.
Pour connaître Le Capital, de Karl Marx, il faut s'être levé tôt. On dit que tout ça, c'est dépassé.
On dit qu'on a fait table rase du passé.
Aujourd'hui, il n'y a plus que les banquiers, paraît-il, qui se lèvent tôt.
Tous ces livres.
La Bible, n'en discutons pas. Qui en est l'auteur, après tout ?
Le Coran ? Tout commentaire serait déplacé.
Et Une saison en enfer, d'Arthur Rimbaud ? Quelle horreur, rien que dans le titre !
Nous devons absolument nous protéger des dangers de la lecture.
C'est une question de sécurité.
C'est une question de société.
La situation est grave.
On n'a jamais autant publié. C'est terrifiant. Terrorisant.
Le danger est sournois, omniprésent.
Comment s'en protéger ?
Nous le savons : en lisant et en écrivant des choses qui n'engagent à  rien, qui n'engagent en rien.
“Désengagez-vous”, qu'ils disaient.
La Déclaration des droits de l'homme ?
Mettons alors à  l'ordre du jour les devoirs de l'homme.
Dans le plus concret de nos vies quotidiennes, les droits et les libertés ne se maintiennent que dans le devoir permanent de les défendre, de les rappeler, de les réécrire, de les revisiter.
Il s'agit d'un engagement de tous les instants.
Faut-il encore écrire (Bertolt Brecht est-il vraiment mort ?) à  propos de ce ventre fécond et de cette bête immonde ?
Lire est un acte dangereux.
Un acte responsable.

Jacques Dapoz