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Une Autre Gauche : quid ?

Une Autre Gauche : quid ?

Ce samedi 28 octobre, UAG et son équivalent flamand CAP se réunissent à l’ULB pour une journée commune. Mais qu’en est-il de ce mouvement ? Rencontre avec un de ses fondateurs : Didier Brissa, par ailleurs lié déjà à d’autres tentatives d’unification de la gauche. Souvenons-nous du D14.

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foto han Soete

Pouvez-vous expliquer le contexte qui amené à la création d’UAG ?

« Le point de départ ce sont des délégués syndicaux de CSC Transcom qui ont mal vécu l’affaire du Pacte des Générations. Ils ont compris qu’il n’y avait plus de relais au plan politique pour les points de vue défendu par les travailleurs dans les organisations syndicales, mais aussi dans le monde associatif. En outre, beaucoup s’étaient investis dans le mouvement blanc. Ils ont pris contact avec des gens de différents milieux (syndicalistes d’autres organisations, monde académique, associatif … ). Ils ont rédigé une carte Blanche parue dans La Libre Belgique le 22 février. De nombreuses personnes ont répondu à l’adresse mail qui avait été laissée et une première réunion a eu lieu à la mi-mars.

Figurait aussi dans le texte de cette carte blanche un bilan de la social-démocratie et d’Ecolo. On soulignait que leur programme ne répondait plus aux aspirations d’une majorité de la population et que cela accentuait le vote protestataire de type extrême droite.

Un autre élément de concordance est l’opposition au traité de constitution européenne. Une partie des gens du’UAG sont ceux qui ont récolté les signatures à l’initiative de Sleeckx et Debunne au parlement contre le traité constitutionnel. Cela a été un élément de concordance important ».

Quel est ton parcours ? Et plus particulièrement, qu’est-ce qui dans ce parcours t’a dirigé vers UAG ?

« En ce qui me concerne, je suis arrivé à la première réunion, après la publication de la carte Blanche. J’ anime un collectif A contre-courant, dont l’objectif est de créer la transversalité à gauche, tant associative que politique. Les participants viennent d’horizons politiques différents . C’est sur base de cela qu’on m’a demandé de participer au secrétariat politique d’UAG. J’ai aussi participé à d’autres initiatives de cette nature comme les marches européennes contre le chômage et le D14.

Qu’est-ce qui d’après toi doit évoluer dans la gauche ? Quels sont les combats à mener ?

"Il y a plusieurs niveaux. Le premier, c’est la préservation, la défense et l’élargissement des conquêtes d’après 1945. C’est ce qui a permis d’encadrer le système capitaliste, de limiter ses effets négatifs. L’essentiel de l’impôt progressif et de la sécurité sociale, c’est l’amorce d’un processus de partage et de redistribution des richesses. Même s’il faut encore changer le propriétaire des lieux, mais on ne peut pas tout avoir ! On constate que s’il y a des ruptures au niveau de l’électorat de gauche,c’est que beaucoup de gens ont des griefs. La critique que porte une majorité de gens face au système, ce sont les effets négatifs de la privatisation, le moindre contrôle de l’économie, l’unification européenne qui ne se fait pas à l’avantage des gens, la dérégulation, …Il y a une accumulation. Même quand des gens manifestent collectivement, massivement, comme les 100 000 personnes qui ont manifesté contre le Pacte des Générations, qui est l’exemple type de cette politique néolibérale, cela passe quand même. Il y a eu une accumulation. On s’est d’abord attaqué à la tranche la plus faible des travailleurs : les sans papiers, sous Tobback. Avec Vande Lanotte, on s’en est pris au minimex, devenu RSI, c’est-à -dire au filet social de base. Puis sous Onkelinx et beaucoup plus sous Vanden Broucke, Freya Vanden Bossche et Vanvelthoven. Puis il y a eu l’attaque contre les prépensionnés avec le Pacte. Puis maintenant, on s’attaque aux salariés mêmes avec le Pacte de Compétitivité. Ce qui est à noter, c’est que l’offensive est menée par la sociale-démocratie flamande, beaucoup plus que par la droite. Le PS francophone ne mène pas une bataille d’opposition. Mais il se montre comme celui qui limite la casse."

"Si on porte un regard plus éloigné, on peut souligner que la chute de l’URSS a été une défaite à deux titres, la défaite du modèle de type soviétique, mais aussi celle de la social- démocratie. Pendant le petit XXème siècle, les sociaux-démocrates ont pu négocier avec la bourgeoisie car ils avaient à partir de 1918 un épouvantail derrière eux. Cela a mis en place un nouvel équilibre. Mais avec la chute, on peut souligner qu’ils ont dû renégocier. Maintenant, ce sont eux qui mènent des politiques néo-libérales (Di Rupo qui a privatisé Belgacom). Ils ont un avantage pour le faire par rapport à la droite : ils ont le contrôle sur le mouvement ouvrier. En effet, pour la droite, cela pose une contradiction. Il y a le capital des grandes entreprises, beaucoup plus mobile, qui est dans les mains d’actionnaires. Les dirigeants de ces entreprises n’ont pas d’ancrage géographique. Ils ne sont que les délégués des actionnaires. Mais il y a aussi un capitalisme national, dont les entreprises sont encore dans les mains de propriétaires. Ceux-ci ont un ancrage régional et national. L’ouverture des frontières est pour eux une mise en danger de leurs activités économiques. La droite est liée aux deux structurellement et elle doit gérer des intérêts contradictoires. La social-démocratie peut plus facilement faire passer des réformes néo-libérales car elle n’est structurellement liées à aucun des deux et contrôle le mouvement ouvrier via ses liens avec les organisations syndicales »

Comment envisages-tu les relations avec EAP ?

« En juin, on a formalisé des relations jusque là informelles, en construisant peu à peu le projet d’une journée commune sur base de préaccords. Le premier, c’est que le problème communautaires est un non problème, pas au plan culturel. L’autonomie culturelle et linguistique des communautés est un fait. Mais c’est un non problème au plan politique. Cela sert à détourner l’attention des gens et à les diviser pour mieux régner. Pour nous, le seul fonctionnement concevable est au niveau de l’ensemble du pays. Le deuxième, c’est que pour avoir prise sur le réel, il faut jouer jeu de la politique politicienne, c’est-à -dire le processus électoral. On va donc voir dans quelle mesure chez les gens qui seront présents ce samedi cela peut prendre une forme électorale. Troisièmement, en fonction de ce qui va se passer cette journée, est-ce que les deux initiatives doivent mettre en place les conditions pour qu’il y ait un congrès statutaire pour la mise en place d’une nouvelle organisation politique, dans un délai de 6 mois à un an après la période électorale ? D’ici là , le débat est ouvert. Il portera sur des questions de fonds : création d’emplois, inégalités, … »

On a beaucoup parlé de social. Mais qu’en est-il de l’environnemental, en particulier d’Ecolo ?

« On peut souligner de façon générale l’absence de relais croissante pour le monde associatif dans milieu politique (ATTAC, sans-papiers). C’est aussi le cas concernant la problématique environnementale. Ecolo, dont c’était le fonds de commerce, ne se distingue plus vraiment des autres. Il est dans une logique d’accompagnement, plutôt que de remise en cause de ce qui dans le système provoque la destruction de l’environnement. A la limite, le documentaire d’Al Gore est plus radical que le programme d’Ecolo !

Mais de façon plus générale, on pourrait mettre en parallèle l’évolution d’Ecolo et celle de la social-démocratie. Avant, dans les années 90, sous Jacky Morael, Ecolo pouvait se profiler comme l’autre gauche. Mais le réalisme de gouvernement et le discours sur Ecolo devenu adulte masquent des évolutions internes à plusieurs niveaux.
D’abord, il y a la prise de pouvoir par le courant chrétien au détriment du courant issu du monde laïque. L’illustrent les privilèges accordés sous le ministère Nollet à l’enseignement chrétien, ainsi que les termes dans lesquels sont maintenant analysés les problèmes sociaux et les prises de position morales pour le moins étonnantes. Prenons le cas de l’adoption des enfants par couples du même sexe : cela a généré de fortes tensions internes. Le oui a été obtenu de justesse. Des gens comme Isabelle Durand y étaient opposés.
Ensuite, la restriction de la démocratie interne. Les réformes du fonctionnement ont entraîné une réduction du pouvoir de la base et une augmentation de celui des cadres et des mandataires. Enfin, on relève une hémorragie chez Ecolo de la part des gens qui étaient engagés tant au niveau social qu’au niveau environnemental.

On peut constater qu’en dépit de certains succès, Ecolo, pourtant en grande partie parti d’opposition, s’est pris un déculottée aux élections ».