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Congo / La contrebande de minerais se poursuit sans ralentir

Congo / La contrebande de minerais se poursuit sans ralentir

Chaque jour, dans l’ouest du Congo, sept a dix avions, chargés chacun de deux tonnes de casserite, vont de Mubi a Goma, d’où le minerai est passé illegalement par-dela la frontiere rwandaise. Le traffic d’or, de diamant, de cuivre et de cobalt ne connait pas non plus de ralentissement. Telles sont les conclusions du dernier rapport du groupe d’experts des Nations-Unies.

L’état congolais ne touche presque rien des profits générés par cette contrebande. Mais il semble que très peu de choses aient été entreprises pour combattre le pillage prolongé des ressources minières congolaises. Les mineurs – il y en a plusieurs dizaines de milliers – en restent les principales victimes.

L’or provient de la province de l’Ituri, située au nord-ouest du Congo. Entre 30 000 et 200 000 (!), “mineurs artisanaux” (les “creuseurs”) extraient le minerai pour le compte de “sous-traitants” qui le redistribuent à un reseau d’acheteurs et de contrebandiers. 90 a 95 % de l’or finit par disparaitre vers Kampala (Ouganda) ou Dubai. Les “creuseurs” peuvent gagner, chaque jour, de 4 a 5$ de salaire brut, mais, en realité, leur travail ne leur rapporte que des dettes. Cela s’explique par le cout de la vie dans les villages de mineurs et par les innombrables “pourboires” qu’ils payent principallement aux militaires et aux ex-rebelles gardant les mines. Ils ne devraient plus rester de milices armées en Ituri. Il en va autrement dans la province du Nord-Kivu, qui reste instable. Selon le rapport, “ la venue de rwandais et les tensions ethniques y ont eveillé des conflicts”. En 1994, des groupes extrèmistes Interahamwe, venus du Rwanda, se sont refugiés dans cette province. Durant la guerre (1998-2003), la population a cruellement souffert de la terreur et du chantage exercés par les rebelles pro-rwandais du RCD-Goma.

Autour de Walikale, la population locale se trouve confrontée a deux societés minières pro-rwandaises qui se disputent l’explotation de la casserite. De cette dernière, une fois rafiné, est tiré le precieux coltan. Durant la guerre, la firme sud-africaine Mining Processing Congo aida “l’aile commeciale” de l’armée rwandaise à faire sortir du Congo la contrebande de ce minerai. Le Groupe Minier Bangandula, quant a lui, appartient aux riches “freres Makabuza”, qui entretiennent d’etroites relations avec les ex-rebelles du RCD-Goma

Dans le Nord-Kivu également, la majorité des “mineurs artisanaux” travaille à perte et il existe un réseau developpe de marchands. Ce dernier serait constitué aux trois-quarts d’”operateurs” qui, échappant a toute taxe et impot, font frauduleusement passé le minerai au Rwanda, ou celui-ci est ensuite raffiné ou exporté pour des transformations plus poussées.
Walikale est le centre d’extraction de la casserite au Nord-Kivu. De là, le minerai est transportè à pied jusqu’a Mubi, ville situee a une cinquantaine de kilometres. On y trouve un petit aéroport, d’où, quotidiennement 7 à 10 avions, chargés chacun de deux tonnes de minerai, partent pour Goma, près de la frontière rwandaise.

De l’or vers le Burundi

De la province du sud-Kivu – elle aussi occupée durant la guerre – proviennent également or et casserite. Dans certaines parties de la province, des éléments de la milice FDLR (partisans des tristement célebres Interahamwe) se sont appropriés des mines, ce qui contribue à la poursuite de violents conflits. Ailleurs, et principallement dans la ville minière de Kamituga, des tensions sociales persistent en raison des taxes et impôts illégaux auxquels les mineurs restent soumis.

L’or du Sud-Kivu disparait au Burundi où les droits de douane à l’exportation sont moins élevés qu’au Congo et où les operateurs ne doivent pas se procurer de licences minieres (dont le prix s’élève a 75 000 $). La firme exportatrice Delta Force de Kamituga est ici principallement concernée. Les quantités de minerai passées en contrebande sont considérables: la Fédération des Entrepreneurs Congolais (FEC) les evalue à 500 kilos d’or par mois pour une valeur evaluée a 8 ou 9 millions de dollars.

Le passage illégale de casserite à la frontiere est plus difficile. Mais les marchands achetent les fonctionnaires pour qu’ils sous-evaluent les volumes exportés de sorte que leur droits de douane en soient reduits de beaucoup.

Des entreprises d’Etat à l’agonie

La province du Katanga et la moitié ouest du Kasai occidental ne furent pas occupées, durant la guerre, par des troupes venues du Rwanda, de l’Ouganda ou du Burundi. Les zones minières resterent sous contrôle du gouvernement de Kinshasa. Mais ce dernier accorda cependant de considérables concessions à des firmes du Zimbabwe (dont plusieurs étaient en fait des sociétes-écrans, propriétés de hauts responsables militaires) parce que ce pays avait envoy” des troupes lors de l’invasion du Congo par ses voisins de l’Est.

Les mines du Katanga produisent du cuivre et du cobalt. Leur exploitation est aux mains de firmes ayant conclu des Joint Ventures avec des filiales de la compagnie d’état Gecamines. Cette explotation avait deja commencé en 1994 avec la privatisation de Gecamines. Dans les concessions, travailleraient environ 150 000 “mineurs artisanaux” qui souvent ne refusent de se soumettre à l’exploitant officiel. Fin decembre, les mineurs s’opposèrent à la sociéte minière Chemaf et cette confrontation fit au moins 3 morts et une vingtaine de blesses.
Sur base d’un échantillon limite de cas, le groupe d’experts a calculé que les mineurs peuvent esperer gagner jusqu’a 200 $ brut mensuel mais qu’en realite, ils se retrouvaient a la fin du mois avec en moyenne, 15 $ de nouvelles dettes!

Le centre diamantaire de Mbuji-Mayi – dans le Kasai oriental- a vu sa population eclaté durant la guerre en raison des nombreux refugiés fuyant la ligne de front qui vinrent y chercher abri. La ville continue de grandir a cause de ses ressources minérales. Environ 2 millions de personnes y vivraient actuellement. L’industrie diamantaire se trouvent toujours formellement sous le controle de la compagnie d’etat MIBA. 40 % des diamants extraits disparaitraient illegalement. En fait la MIBA n’est pas en mesure de gérer elle-meme l’extraction des diamants. La compagnie a conclu plusieurs joint ventures avec des sociétés minieres étrangères. Celles-ci ont beneficiées d’enormes concessions: First American Diamonds reçut une concession de 800 km2, BHP Billiton une concession de 16000 km2 et celle de De Beers s’etend sur 60 000 km2. En échange d’un prêt de 15 millions de dollars, Emaxon Diamonds & Dan Gertler s’est vu octroyer le droit de commercialiser 88% de la production de la MIBA. Dans les mines de diamant, travaillent approximativement un million de “mineurs artisanaux”.

Mais, selon le groupe d’expert, une “guerre à petite echelle” (“small-scale war”) serait sur le point d’éclater entre les mineurs, les services de securite de la MIBA et des bandes criminelles, soi-disant “suicidaires”, qui soumettent les mineurs au chantage. Ce conflit continue de couter de nombreuses vies humaines.

Des sanctions inutiles?

Selon le groupe d’experts, l’Etat congolais joue encore à peine un rôle dans le secteur minier. Les compagnies minières d’Etat sont pratiquement àl’agonie. OKIMO (offices des mines d’or de Kilo-Moto) dans l’Ituri ne disposent plus que de 1500 employés qui survivent grâce a quelques fermes d’Etat. Les concessions aurifères sont laissées en leasing à des “sous-traitants” qui doivent – en théorie du moins – indemniser la compagnie. Dans le Nord-Kivu, la compagnie d’état Sominki (sociéte minière et industrielle du Kivu) n’existe plus que sur papier. D’autres sociétes lorgnent sur sa concession. Dans le Sud-Kivu, Sominki à ete vendue en 1995 au groupe minier Banro qui, de notorité publique, a aujourd’hui de grandes ambitions dans l’exportation d’or.
Gecamines,dans le Katanga, a été mise en pièces, en conséquence directe de joint ventures conclues avec des groupes privés. Tous les contrats conclus avec ceux-ci sont particulierement desavantageux pour l’etat congolais. La commission Lutundula du parlement congolais a examiné soigneusement une quarantaine de ces contrats mais son rapport n’a jamais fait l’objet d’une discussion dans ce parlement (entretemps remplacé par une assemblee élue).

En raison du traffic à grande echelle, la caisse de l’etat ne bénéficie que très peu des profits générés par le secteur minier qui enrichit en revanche des réseaux illegaux et une poignée d’entreprises étrangères. Quelles mesures prendre pour remédier a cette situation? Tres peu conclut amèrement le groupe d’experts. Ses principales suggestions concernent des services publiques, comme les douanes ou l’inspection des mines dont la reconstruction devrait être fermement entreprise.
Mais après? Les sanctions n’auront que peu d’impact. Elles frapperont ici et là un fraudeur qui sera immediatement remplacé par un autre. Le groupe d’expert s’inquiête surtout que les sanctions se retournent contre la MONUC, la force de maintien de la paix de l’ONU, qui sera chargée de veiller a leur mise en application et à leur protection. La MONUC qui pourrait s’attirer la colêre populaire simplement parce que des centaines de milliers de personnes dans les mines doivent soi-disant gagner leur croute.

(Traduit du Néerlandais par Julien Fang)