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Dossier Greenpeace: un mode d’organisation unique

Dossier Greenpeace: un mode d’organisation unique

Greenpeace : Un mode d’organisation unique.

Chacun connaît Greenpeace. Que ce soit de près ou de loin, tout le monde en connaît au moins l’existence. Mais malgré cela, beaucoup n’ont gardé de l’association qu’une image surannée, en associant le groupe à  des idéalistes pro environnemental ne se préoccupant que de la protection des bébés phoques en Antarctique ainsi qu’à  la chasse à  la baleine… Cependant, pour le directeur de Greenpeace Belgique, Peter De Smet, « Bien que cela ne soit pas faux, Greenpeace, c’est beaucoup plus que cela… ».

Présentation :

Greenpeace est aujourd’hui une association présente dans près de 50 pays de par le monde. Chaque cellule nationale est reliée au réseau mondial qui coordonne les grandes lignes et définit les différents thèmes de préoccupation majeure. Les deux principales fonctions de l’organisation sont d’une part de faire pression au niveau international afin de faire évoluer les nombreux problèmes qui touchent l'écosystème Terre vers des solutions dans le long terme. Et d’autre part, c’est d’oeuvrer à  la protection de l’environnement à  travers diverses campagnes visant à  éduquer la population ainsi qu’à  lui faire prendre conscience des risques auxquels elle s’expose par ces comportements quotidiens qui frisent parfois des effets aussi stupides que suicidaires.
Greenpeace est né de l’union entre différents naturalistes et scientifiques venus exprimés leur opposition face aux essais nucléaires des Etats-Unis sur l'île d'Amchitka, près de la côte de l'Alaska en 1971. Le petit groupe de Canadiens estimaient que la situation ne pouvait plus durer et mirent le cap sur l’île afin d’informer le monde entier sur les intentions des Etats-Unis et d’ainsi sensibiliser l'opinion publique. Bien que ceux-ci n'ont jamais atteint leur lieu de destination, leur action remporta néanmoins un vif succès. Le groupe, qui se nommait alors « Don't make a wave committee », s'est ensuite cherché un nouveau nom:
Greenpeace, pour évoquer l'environnement et la paix.

L’organisation s’est ensuite développée au-delà  des frontières canadiennes et s’est implantée à  travers divers états. La structure belge, quant à  elle vit le jour en 1983. Elle fait aujourd’hui partie des 27 pays comportant une structure complète à  travers le monde, tandis que près de 20 autres sont actifs pour l’association environnementales mais avec des structures réduites.

Structure et Fonctionnement Interne :

Une structure complète comporte plusieurs départements dont le plus important est celui des campagnes, puisque la majorité des actions élaborées par Greenpeace tourne autour de celles-ci. A côté du département des campagnes, viennent s’ajouter ceux de la communication, de l’administration et de la récolte de fond. Chaque département est pris en main par un chef de département qui gère les différentes personnes de son service. Au niveau supérieur, un directeur exécutif veille au bon déroulement et à  la coordination des diverses cellules. Et pour finir, chaque structure complète (ex : Greenpeace Belgique) dispose d’un conseil d’administration qui représente la structure nationale lors des assemblées générales qui réunissent chaque structure mondiale.

Bien sûr, l’organisation Greenpeace ne serait pas ce qu’elle est sans la solide base qui l’anime. En effet, rien qu’en Belgique, près de 200 bénévoles contribuent de façon régulière au travail quotidien des quelques 40 employés à  travers les différentes branches de l’organisation. De même, les donateurs sont un maillon essentiel de cette chaîne puisqu’ils financent Greenpeace. Cet ensemble forme ainsi une structure complète et compétente à  agir dans les diverses problématiques écologiques qui touchent notre planète.

Les priorités de Greenpeace sont définies au niveau international, à  travers différentes réunions rassemblant les divers chargés de missions nationaux venant discuter des sujets à  mettre en priorité à  travers l’agenda des campagnes à  partir de deux critères primordiaux :
l’importance de l’impact sur l’environnement du problème,
le caractère mondial des effets du problème.

Ensuite, les dossiers sélectionnés sont traités au niveau national. Plusieurs réunions sont alors mises sur pied chaque semaine pour lesquelles un chargé de mission assisté d’un attaché de presse ainsi que de coordinateurs d’actions établissent une stratégie concrète pour faire évoluer le dossier d’une problématique vers une solution. Pour ce faire, contrairement à  ce que voit le public à  travers les médias, il ne suffit pas d’organiser une manifestation ou tout autre évènement. La stratégie passe par 3 étapes successives et complémentaires:

Tout d’abord, une recherche est effectuée pour comprendre les origines du problème, les principaux responsables, les effets qu’engendrent les problèmes, … Et, comme le déclare Philippe Cornélis, responsable de la campagne forêt : « Cette phase est, en général, la plus laborieuse car Greenpeace met une priorité quant à  la fiabilité des informations qu’elle diffuse, et de ce fait, les équipes n’hésitent pas à  creuser un sujet pendant des mois avant de se lancer dans le développement d’une action concrète ».

Ensuite, l’équipe se penche sur les éventuelles pistes imaginables pour résoudre, du moins en partie, le problème. Cette étape passe souvent par d’interminables discussions avec les principaux acteurs des problématiques abordées. Et pour finir, l’équipe s’organise à  la mise en place d’une action qui varie de la sensibilisation à  l’action en passant par la pression. Ici encore, la préparation pratique et la logistique font de ces éléments de l’ombre qui demeurent les plus importants.

Méthodes, Image et Médias:

Si Greenpeace est parvenue à  faire évoluer positivement pas mal de situations critiques, c’est en grande partie grâce à  ses méthodes hors du commun ainsi que par l’image unique que le groupe a réussi à  faire passer auprès du grand public.

Procédés Robin des Bois

Alors que le personnage légendaire volait aux riches pour donner aux pauvres, Greenpeace s’attache quant à  elle, à  attaquer les grands groupes pour protéger l’environnement et les espèces sans défense, ainsi qu’à  donner la parole à  ceux qui sont sans voix. Ainsi, l’organisation, dès qu’elle le peut, fait profiter les petits groupes locaux des retombées médiatiques grâce à  la popularité qu’elle connaît auprès des médias.

David contre Goliath

A travers ses différents combats contre quelques unes des grandes puissances industrielles, Greenpeace a réussi par la force des choses à  transmettre au public cette image du « David triomphant contre Goliath ». Car malgré leurs effectifs réduits et leur budget autonome, le groupe de pression écologique est venu à  bout de plus d’un des empires commerciaux de la planète.

Philosophie :

Selon le directeur, Peter De Smet, la philosophie de Greenpeace s’insère à  travers 3 mots d’ordres qui guident les actions quotidiennes : « Indépendance, Action ciblée, et Pacifisme. Ces balises ont permis au groupe de remporter plusieurs victoires importantes, ainsi que de se faire connaître et respecter par tous ».

Indépendance :

Toujours selon le directeur, si Greenpeace a choisi la voie de l’indépendance, ce n’est sûrement pas par facilité, mais pour plusieurs raisons précises:
« C’est principalement pour ne devoir dépendre de personne, que ce soit au niveau politique, financier, ou industriel. De ce fait, l’organisme demeure libre dans ses actions et peut ainsi agir quand et comme il l’entend ».

Action ciblée :

Malgré la pluralité de problèmes écologiques que connaît notre planète et ses occupants, l’organisation a choisi de se concentrer, pour l'essentiel, sur les problèmes environnementaux importants et transfrontaliers ainsi que sur les atteintes ayant des effets à  long terme car il est impossible de traiter la multitude de problème ayant trait à  l’environnement en espérant des résultats concrets. Son but: dénoncer et arrêter les abus environnementaux.

Pacifisme :

Et pour finir, par principe, Greenpeace exclut toute forme de violence. Ses actions se veulent donc toujours pacifistes et non-violentes, à  défaut d’être autorisées et donc légales.

Les dangers d’agir dans l’illégalité

Greenpeace s’est fait connaître du grand public entre autre par ses méthodes radicales et illégales mais le directeur du groupe belge insiste sur le fait que celles-ci ne sont utilisées qu’en dernier recours : « Lorsque nous pouvons agir en accord avec les lois nous le faisons, l’illégalité de nos procédés n’est pas un principe en soi, mais bien un moyen de dernier recours. Nous agissons seulement de la sorte, si nous n’avons pas le choix ou plus le temps d’envisager d’autres mesures. En général, chaque action sur le terrain est précédée de plusieurs mois de préparation, de recherches, mais parfois, il arrive que nous devions agir dans l’urgence… et nous n’hésitons jamais à  le faire ! ».

Les attentats du 11 septembre ont plongé de nombreux Etats dans un climat de méfiance et de peur. Les Etats-Unis et l'Union européenne, en particulier, en ont profité pour légitimer un nouvel arsenal juridique qui représente « une véritable machine de guerre » contre les droits démocratiques fondamentaux et contre ceux qui, pour diverses raisons, se trouveraient 'en opposition' avec un système économique, politique et social de plus en plus mondialisé et injuste, tel Greenpeace. Dorénavant, la justice peut directement tenir pour responsables les organisations au nom desquelles les actions sont menées. En effet, les lois anti-terroristes, promulguées dans la foulée du 11 septembre, comme le « Patriot Act » aux Etats-Unis ou la « Décision-Cadre » adoptée par la Commission européenne, grignotent les libertés individuelles et criminalisent de fait toute forme de contestation.

« Les lois ne soient pas toujours justes » déclare Peter De Smet, « Greenpeace se base toujours sur la légitimité de ses actions, nous agissons pour démontrer des injustices même si pour cela nous devons passer au-delà  des lois. Mais aujourd’hui, avec toutes ces nouvelles législations, nous sommes de plus en plus confrontés à  la justice, des effets pervers se manifestent, les droits de l’homme sont sous pression…»

Ainsi, en octobre 2003, plusieurs militants issus de la cellule danoise de Greenpeace ont été condamnés (amende de 4030 euro) pour avoir exiger des porcs nourris sans OGM par un tribunal de Copenhague, en vertu d’une loi antiterroriste. Pourtant, quand les lois sur le terrorisme ont été introduites, l’objectif était clair, sanctionner les organisations qui soutiennent le terrorisme lorsqu’elles agissent dans l’illégalité. Au lieu de cela, ils tentent aujourd’hui d’utiliser ces lois contre un groupe pacifique comme Greenpeace… Quoiqu’il en soit, le directeur du groupe belge compte bien continuer à  jouer la carte de l’argumentaire de la légitimité, tout en gardant le cap de l’indépendance, de l’action ciblée et du pacifisme. De toute façon, un navire de Greenpeace ne voguera jamais, à  terme, en eaux tranquilles mais cherchera au contraire les vagues les plus fourbes pour mieux les briser…

Paul Boudlet