Xavier Deutsch11 maart 2008 – 14:42

Il est arrivé, dans ma vie, que l’on mette entre mes mains des armes puissantes : le FNC 5,56 NATO, qui est un fusil mitrailleur, et le GP 9mm parabellum, une arme de poing. Je ne suis pas un homme violent, ni instable, mais le fait d’empoigner une arme de guerre m’a procuré une sensation étrange, une sorte de griserie jusque là inconnue.

Vous tenez cette arme, vous engagez le chargeur, et il se passe quelque chose : si vous pointez l’arme sur un arbre, et que vous tirez, vous brisez du bois. Et si, à la place de l’arbre, c’est la tête d’un homme, vous ressentez la possibilité de faire voler cette tête en éclats. C’est étrange, c’est dangereux. Ce sentiment de puissance atteint et rend muette une certaine part humaine et sensée à l’intérieur de soi. Il faut du sang-froid pour considérer tout cela de façon sereine, et se dire que jamais vous ne ferez usage de cette possibilité. Mais cette possibilité se trouve au bout de votre index : il suffit d’un centimètre, il suffit d’appuyer.

Quand on tient une arme entre les mains, on a envie de tirer. Cela ressemble à l’appel du vide. Et pour peu que vous soyez fragile, et que vous trouviez une cible à aligner dans la mire de votre canon, il suffit d’un tout petit quelque chose pour que ça bascule dans l’hémorragie. Par exemple, un ordre formel et militaire, produit par un officier, suffit.
Il y a cinq ans, des dizaines de milliers de militaires états-uniens, disposant d’un arsenal tel que la Terre n’en a jamais connu d’exemple, ont reçu de leur président un ordre formel et militaire qui leur désignait une cible : l’Irak. Et ils ont tiré.

Xavier Deutsch
Écrivain belge

Bericht aan de Bevolking is een initiatief van Het beschrijf, in samenwerking met het B/Russell/s Tribunal. Een aantal auteurs van deze teksten treedt ook aan op de Literaire Wake n.a.v. 5 jaar oorlog in Irak, op woensdag 19 maart van 20 u. tot 24 u. in Literatuurhuis Passa Porta, A. Dansaertstraat 46, 1000 Brussel. Zie www.passaporta.be

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