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Leterme Ier n’est pas le sauveur de la solidarité.

Leterme Ier n’est pas le sauveur de la solidarité.

Lorsque Yves Leterme trébuche pour la deuxième fois fin novembre, ce n’est pas sur le « non » de Joëlle Milquet, mais bien sur le « neen » de la N-VA et de Bart De Wever. Pour lui, seul un « gros poisson (institutionnel) » allant dans le sens d’une Flandre autonome pourrait suffire. Ce qui n’empêche cependant pas la N-VA d’accorder sa confiance à Verhofstadt III. La raison en est simple.

La déclaration gouvernementale de Verhofstadt III comporte une amorce claire pour capturer ce gros poisson. La poursuite de la régionalisation de l’assurance-chômage (la durée, la hauteur de l’allocation, jusqu’à la répartition du budget total de l’ONEm entre les trois régions) est une attaque directe contre un élément important de la sécurité sociale. On franchit ainsi un grand pas vers une régionalisation totale de la sécurité sociale fédérale, le ciment de la vraie solidarité entre tous les travailleurs et leurs familles dans notre pays. Est-ce un hasard ? Peu après, le premier ministre manqué et futur premier ministre déclare que la régionalisation du marché de l’emploi doit devenir un fer de lance de la future réforme de l’État.

À l’abri de l’établissement du budget, le VOKA continue aussi de travailler assidûment à une nouvelle stratégie pour son programme de régionalisation. Un « Pacte de solidarité » entre toutes les fédérations des employeurs est annoncé le 10 mars. On y retrouve évidemment une série de points classiques d’un programme patronal qui ont probablement fait l’objet de peu de discussions et qui rendent naturellement impossible un réel pacte de solidarité avec les syndicats et les travailleurs : extension de l’activation, réforme de l’assurance-chômage, modernisation (lisez : assouplissement) du droit de licencier et du marché de l’emploi (encore plus de flexibilité, assouplissement du travail intérimaire, annualisation du temps de travail), diminution drastique du nombre de fonctionnaires, limitation globale des dépenses publiques, diminution maximale des charges pour les entreprises, etc. Difficile d’attendre autre chose d’un pacte de solidarité patronal. Ce qui est plus rusé encore, c’est qu’il donne l’impression que le VOKA, à l’initiative de ce pacte, fait un pas en arrière dans ses aspirations à une Flandre autonome. Dans un premier temps apparaît le mot « solidarité », ensuite, il s’agit de solidarité avec les organisations patronales des différentes régions et enfin, « les organisations d’employeurs souhaitent préciser le contexte permettant de garantir à l’avenir la solidarité interpersonnelle ». L’expression « solidarité interpersonnelle » reste toujours un mot-clé de l’argumentation de tous les défenseurs de la sécurité sociale fédérale. Nous trouvons-nous désormais dans le même bateau que le VOKA ? Rien n’est moins vrai.

Est-ce un hasard si ce pacte de solidarité patronal tourne uniquement autour d’un marché de l’emploi modernisé et de nouveaux emplois et se place ainsi dans la continuité des priorités de Verhofstadt(-Leterme) III pour une nouvelle réforme de l’État en profondeur ? Jamais auparavant la vision commune des employeurs – avec même la FEB – n’a insisté si fort et si souvent sur le fait que la Belgique se compose de trois régions présentant des caractéristiques très différentes. Le pacte mentionne rarement la Belgique, bien plus les « économies régionales en Belgique », les « économies flamande, wallonne et bruxelloise », la « réalité de la situation sur le marché de l’emploi, différente dans les trois régions », le fait que « les choix sociaux, économiques et environnementaux seront d’autant plus efficaces qu’ils tiendront compte des besoins différenciés des entreprises dans les régions », que « les régions doivent pouvoir mener des politiques régionales appropriées sur le marché du travail », etc. Le fait que la FEB participe finalement à cette approche est plus qu’une victoire pour le VOKA. Dans un commentaire dans le « Trends » du 13 mars, le rédacteur en chef Guido Muelenaer, écrit ce qui suit : « Yves Leterme ferait bien de lire ce pacte avant de rédiger son programme socio-économique. Le mérite du pacte est de créer un lien entre la réforme de l’État et la politique économique et sociale. Les passages concernant la réforme de l’État restent par contre très vagues. Le point de départ est cependant clair comme de l’eau de roche : la situation sur le marché de l’emploi est différente dans les trois régions. Et on en conclut que ces trois régions doivent pouvoir mener leur propre politique en matière de marché de l’emploi et de fiscalité. »

Nous pouvons être certains qu’Yves Leterme a – peut-être même à l’avance ? – bien lu le texte du pacte. On ne peut déduire de la déclaration de gouvernement dans quelle mesure il en tiendra compte dans la suite de l’élaboration de la réforme de l’État pour la mi-juillet. Le onzième point de cette déclaration, qui concerne les réformes institutionnelles, est le plus court de toute la déclaration et ne fait que renvoyer à ce sur quoi les membres du Conseil des Sages et du groupe Octopus se sont accordés ces derniers mois. Mais lors de la présentation de sa déclaration de gouvernement au parlement, Yves Leterme n’a laissé planer aucun doute : dans les mois à venir, on se concentrera principalement sur les prochaines étapes de la réforme de l’État. Il ressort clairement des thèmes poussés en avant par le Conseil des Sages qu’il s’agira cette fois-ci d’un « sérieux paquet » de propositions concernant entre autres la politique du marché de l’emploi, la politique de santé, la politique familiale, la responsabilisation des régions, l’élargissement de l’autonomie fiscale, etc.

D’après ce que nous avons vécu ces neuf derniers mois, nous ne pouvons que conclure que le sauvetage de la solidarité et de la sécurité sociale est tout sauf garanti avec le gouvernement Leterme Ier. Nous sommes de ce fait convaincus qu’il reste nécessaire de maintenir notre pétition pour atteindre notre objectif suivant des 200.000 signatures. Parallèlement, nous appelons les 120.000 signataires et toutes les organisations sociales honnêtes, mouvement ouvrier en tête, à rester plus que vigilants dans les mois à venir et à continuer de défendre avec ardeur la solidarité entre tous les habitants de notre pays.

Guy Tordeur, secrétaire syndical CSC Bruxelles-Hal-Vilvorde
Rik Vermeersch, secrétaire SETCa Bruxelles
Porte-parole de la pétition Sauvons La Solidarité
www.sauvonslasolidarite.be