Jésus Manchego: " Dans l’histoire ouvrière, des travailleurs se sont mis en grève de la faim pour obtenir leurs droits"

Georges ALVES25 juni 2008 – 16:15

Bruxelles - Manifestation mardi dernier à l’église du Béguinage où quelques 120 sans papiers observent une grève de la faim depuis 45 jours. Un syndicaliste, Jésus Manchego, a rejoint ce mouvement. Ce dernier a accordé une interview à Indymédia.

Qu’est-ce qui explique votre présence ici parmi les «sans papiers» grévistes de la faim?

Jésus Manchego : "La grève de la faim de travailleurs sans papier, c’est une grève légitime, une grève comme d’autres.

En quoi la trouvez-vous une grève comme d’autres…

"Dans l’histoire ouvrière, il y a eu des travailleurs qui se sont mis en grève de la faim jusqu’à ce qu’ils obtiennent leurs droits. Dans le temps, les luttes pour la sécurité sociale, les mineurs, la sidérurgie ; il y avait des combats très durs et les travailleurs devaient parfois recourir à la grève de la faim pour pouvoir obtenir des acquis. Et moi, comme syndicaliste, je considère cette lutte comme une lutte de travailleurs."

"C’est une lutte pour la dignité humaine. Une lutte pour avoir, comme les travailleurs de cette époque, la dignité humaine. Pour que ces travailleurs puissent travailler « déclarés » ; cotiser à la Sécurité sociale ; s’organiser. S’ils ne sont pas marier qu’ils puissent se marier, avoir des enfants et faire vivre leurs familles dans des bonnes conditions ; dans un logement chauffé. Ce n’est pas un luxe. Il y a quelques jours, des travailleurs de Belgique ont manifesté contre la vie chère, c’est aussi pour la dignité."

Vos dirigeants vous soutiennent-ils ?

"Au départ, j’ai annoncé à mes dirigeants cette décision. Ils l’ont pas mal prise, mais pas non plus bien prise. Ils ont fini par me soutenirmalgré tout. Ils sont venus me voir. On vient de faire ici une manifestation, il y avait à peu près 500 personnes, des syndicalistes entre autres. On a tenu une conférence de presse, mercredi passé, en présence de notre secrétaire fédéral [CSC/Bruxelles, Ndlr]. Notre président national est venu nous visiter, vendredi passé. Il nous a promis de faire tout son possible pour pouvoir obtenir une régulation digne, et pas une régularisation bidon de trois mois comme on a accordé, il y a quelques mois, à la rue Royale. Tous ces gens qui ont reçu cette régularisation sont, pratiquement tous, de nouveau dans la clandestinité."

Qui, selon vous, pourront bénéficier de la régularisation éventuellement?

"Nous demandons une régularisation générale, pas uniquement pour l’église [de Béguinage, Ndlr]. Une régularisation pour tout le monde, pour tous ceux qui peuvent démontrer qu’ils sont-là depuis au moins un an…"