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Kengo et les larmes des crocodiles

Kengo et les larmes des crocodiles

Le président du Sénat de la RD Congo est-il devenu amnésique ? Léon Kengo se lamente sur le sort de la population de l'Equateur. Premier ministre dans les années 80, il poursuivait une politique économique qui continue à miner le sort des populations congolaises.

Lors d’une escale technique avec son avion mercredi à Mbandaka, dans la province de l’Equateur, Léon Kengo a déclaré : « Que ce soit à Gbadolite, à Kotakoli, ou à Yakoma, raconte Kengo, ce sont les mêmes problèmes que j’avais trouvés (...) Pas de routes (...) tous les hôpitaux et centres de santé sont dépourvus de médicaments. Côté éducation, il n’y a pas de bancs, les enfants étudient à même le sol, les écoles sont complètement délabrées, les salaires de l’Etat n’arrivent pas ou arrivent incomplets et sans listings ».

M. Kengo déplore ainsi les conditions de vie des populations de l'Equateur, province supposée être son fief électoral. Indétrônable chef de l’Exécutif sous le régime du maréchal Mobutu, l’actuel président du Sénat ne s’explique pas sur sa « politique de rigueur » dans années 80 ainsi que sur les conséquences qui en découlent. Serait-il frappé d’amnésie ou joue-t-il une tactique qui lui permettrait d’atteindre plus facilement son but, celui de succéder à Joseph Kabila ?

Amnésie ou machiavélisme politique?
Une chose reste sure: à la fin de son premier mandat (de 82 à 85), des maladies pratiquement disparues depuis de longues années (maladie du sommeil, la lèpre...) reprenaient de l'extension dans certains coins, notamment dans son soi-disant fief électoral: Equateur. En plus, les maladies intestinales, surtout parasitaires comme la dysenterie amibienne, faisaient des dégâts. Bref, la situation sanitaire du Zaïre était déjà devenue beaucoup plus précaire que dans les pays à faible revenu en général.
Quant à l'éducation, beaucoup d'écoles primaires ne disposaient déjà plus de bâtiments adéquats; des élèves devaient s'asseoir par terre. Le manque de fournitures scolaires (livres, tableaux) était déjà devenu critique. Les enseignants s'absentaient souvent pour trouver de quoi nourrir leur famille ou exigeaient que les élèves leur apportent un peu d'argent.
Santé et éducation crucifiées, l'emploi et les salaires étaient aussi massacrés. Plus de 800 mille emplois ont été supprimés dans la fonction publique, entre 1983 et 1984.1 L'INS (Institut national des statistiques) estimait que le budget moyen qu'une famille de 6 personnes devait consacrer à la nourriture au début de 1984, se montait à 3.037 zaïres, tandis que le salaire mensuel de base d'un fonctionnaire de l'échelon intermédiaire n'était que de 750 zaïres. Dans des conditions pareilles, la survie devient impossible. Par conséquent, les solutions personnelles pour compenser le pouvoir d'achat déclinant comprenaient “le vol, la corruption, la spéculation, la falsification de documents et des activités parallèles”2.

Guerre impitoyable contre les populations congolaises?
Ces résultats étaient une conséquence d'une politique délibérée. En fait, dans le budget de l'Etat, par exemple, l'éducation et la santé ont vu leur part sensiblement réduite. Elles recevaient ensemble moins de 4% de dépenses3 de 1982 à 1985. Faisant le bilan en 1986, la Banque mondiale écrira: «Dans d'autres secteurs, en particulier ceux de la santé et de l'éducation, de nombreux projets du PIP (Programme d'Investissements Publics: ndlr) n'ont pas bénéficié d'un financement suffisant du fait des coupes sombres effectuées dans le budget d'investissement»4.
Le constat fait par M. Kengo est tout à fait vrai. Mais n’est-ce pas un peu trop facile de la part du président de la Haute chambre de s’intéresser aujourd’hui aux conséquences en copatissant avec les populations de l’Equateur, lui qui a toujours été du côté de ses bourreaux ? Une légende bien connue dit : « Les crocodiles du Nil verseraient des larmes hypocrites sur les cadavres de leurs proies qu’ils dévorent malgré tout ».