Censure à l'italienne
Censure à l'italienne
Pour concocter une irrésistible censure, plusieurs ingrédients s'offrent à vous. Ayez à coeur de choisir un hors d'oeuvre artistique suffisamment raffiné et délicat - nous dirons donc à titre d'exemple un film oscarisé relatant les amours impossibles d'un couple de cow-boys bottés- et mêlez-y une large dose de puritanisme. Pour plus de saveur, je vous suggère également un soupçon d'obscurantisme. Faites revenir le tout dans un bocal délicieusement appelé télévision et pour plus d'exotisme choissez un pur produit italien, vous obtiendrez ainsi la délicieuse recette qui a ravi des milliers de téléspectateurs italiens la semaine dernière.
Vous n'êtes pas fin gourmet ou n'appréciez que modérément les métaphores culinaires, décryptage.
Lundi dernier, la chaine télévisée italienne Rai avait programmé la diffusion du film "Brokeback Mountain" du cinéaste Ang Lee ou l'histoire d'un amour passionnel entre deux hommes, amour condamné à demeurer fugitif. Une bonne idée donc en soit pour les cinéphiles, néanmoins et c'est là que les choses se corsent le film s'est vu retiré deux scènes sans la moindre explication. En l'occurence la scène du premier baiser de ces coyboys marlboro et la seconde, celle de leur première nuit ensemble. La Rai, dans sa grande naiveté avait-elle sans doute pensé que la chose passerait inaperçue...
La réaction des associations de défense des droits des homosexuels ne s'est pas fait attendre:"Qui s'est permis de penser que le public adulte ne pouvait pas supporter les effusions entre deux hommes?" s'est insurgée Arcigay. Juste question que celle-ci car les scènes d'amour hétérosexuelles n'ont-elles subi aucune altération. Les choses auraient pu en rester là pour la télévision publique italienne si un député, Luigi Vimercati, n'avait menacé de demander qu'une enquête soit menée devant la commission parlementaire en charge des questions audiovisuelles.
Face à ce taulé médiatique, la Rai a bien peiné à balbutié quelques timides explications, une erreur de copie serait à l'origine du scandale. En effet, à sa sortie le film avait été interdit aux moins de 14 ans, et deux versions avaient été proposées au public italien: une version intégrale et une tronquéee (retirée depuis 2007), celle diffusée par la Rai. Si l'on s'en tient donc aux dires de la Rai, il ne s'agirait là que d'une erreur d"'organisation technique", mais si l'on voit un peu plus loin, n'entraperçoit-on pas au loin les lueurs de la censure.
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La Flandre et l'Italie sont comparable
Daniel Verhoeven, 15/12/2008 – 22:40
Ca ne m'étonnerait pas qu'un jour la censure ici en Flandre agisse de la mëme manière. Les deux cultures sont comparables. La Flandre et l'Italie ont le même taux de proprietaires/locataires: env. 75%, il y le catholicisme, le haute taux de racisme...
Déjà on a interdit le 'Feminatheek' de LP Boon, un de nos écrivains le plus célèbre, aussi des nues je croix à Anvers... Voire aussi http://debodt.wordpress.com/
Quelle est votre impression du glissement vers la droite, vers la diminuation de respect pour les libertés en Wallonie ou à Bruxelles?
erratum
Daniel Vehoeven, 16/12/2008 – 05:43
Salut encore
J'ai mis un lien fautive dans ma réaction précédente et qui est le comble, j'ai perdu le lien que je voulais y mettre. Mais j'en ai trouvé un autre:
http://www.facebook.com/posted.php?id=13670272165#/group.php?gid=1367027...
Les vagues bleues
aude, 16/12/2008 – 12:05
Française expatriée depuis peu en Belgique, je méconnais malheureusement le paysage politique et social de votre pays, je ne me permettrai donc pas d'émettre le moindre avis sur la situation en Wallonie ou/et Bruxelles. En revanche une chose est sure, l'europe toute entière est soulevée par une vague bleue radicale. Même les pays scandinaves dont on vantait le progressisme n'y ont pas résisté c'est dire, quant à mon pays
Ce glissement lent et semble-t-il implacable laisse transparaître toutes les angoisses d'une société, c'est du moins mon sentiment. Je ressens comme vous que peu à peu l'espace de liberté de chacun est absorbé par des normes de pensées, par des diktats de toute forme, mais la chose qui me frappe le plus, c'est l'absence de réaction significative des gens à cela. Peut-être que le désespoir est trop grand et qu'à certain moment on baisse juste les bras...
Pour en revenir au propos initial du post, l'Art reste le dernier rempart contre la folie du monde, l'espace ultime d'expression et rien que pour ça, l'idée que l'on puisse s'en servir ou le détourner à des fins idéaologique,s politiques ou religieuses m'est tout simplement insupportable.