Sophie Messina06 augustus 2006 – 19:50

A 14 heures cet après-midi, plus de 9000 personnes selon la police et 15.000 personnes selon les organisateurs se sont réunies devant la gare du nord pour manifester contre le conflit israélo-libanais qui sévit depuis le 12 juillet et qui oppose la Tsahal, armée israélienne, aux forces armées du Hezbollah. Munis de drapeaux libanais et palestiniens, les défilants ont scandé leur rejet de la politique israélienne et plus globalement, de l’entreprise néo-colonialiste américaine dont Israël n’est en définitive qu’un des instruments. A l’initiative de la Coordination Solidarité Liban-Palestine, cette marche pour la paix a vu défiler les sympathisants de la cause arabe qui, à  coup de slogans éloquents, ont fait savoir la colère suscitée par les événements auprès de leur communauté. On lisait ainsi sur les calicots portés à  bout de bras par hommes, femmes et enfants : No war for control », « Non à  la loi du plus fort » ou encore « Israël, ce n’est pas un pays doté d’une armée mais une armée dotée d’un pays ». Dans le même temps, des chants se faisaient entendre tels que : « Amérique casse-toi, le Liban n’est pas à  toi » ou encore « Le Liban vivra, la Palestine vaincra ». C’est la détresse de tout un peuple qui s’est exprimée via ces mots d’ordre ; celle du peuple arabe, qui s’est affirmé plus déterminé que jamais à  faire opposition aux offensives israéliennes.

Dans les rangs, les couleurs vertes de la CSC-ACV flottaient dans les airs de même que les drapeaux rouges du PTB et de Comac. Attac était quant à  elle aux premières loges car c’est René Stroobant, membres d’Attach Vrede, qui a été chargé par la Coopération d’organiser la manifestation. Interpellé sur les raisons de son implication, il mentionnera le souhait de voir le désarmement au Moyen-Orient, le rejet des politiques américaines ainsi que le refus catégorique d’une guerre pour le pétrole. « Si nous sommes ici, c’est pour manifester notre soutien à  tous ceux qui sont maltraités au nom de l’argent. Nous défendons la démocratie et le droit des gens d’aller où ils le souhaitent. »
De nombreux citoyens belges étaient également venus soutenir la communauté arabo-libanaise. Pour Héloïse, étudiante en communication, il s’agit « d’apporter sa petite goutte d’eau au moulin ». « Si tout le monde se mobilise, dit-elle, les gouvernements seront bien forcés de réagit ». Pour Vanessa et Wissam, couple belgo-libanais, cette manifestation est l’occasion de pleurer parmi les membres de leur communauté la perte de leur maison à  Tyr et l’impossibilité d’aller rendre visite à  leur famille dont ils sont désormais sans nouvelles. « Nous ne sommes pas du Hezbollah, nous ne sommes pas Israëliens, et nous devons quand même subir ça » explique Wissam avec résignation.

Dans le discours de fin de manifestation qui s’est tenu sur le boulevard Pacheco dès 16h30, les membres de la Coopération ont, à  travers divers discours poignants, fustigé le silence complice de l’Europe. « Il faut que le peuple exige le cessez-le-feu et qu’Israël soit condamné pour violation du droit international tel qu’il a été défini par la Convention de Genève » a déclaré l’un de ses membres. Deux témoignages d’enfants belges ayant vécu sur place le début des affrontements ont agrémenté cet échange entre organisateurs et manifestants cependant que sur l’esplanade, toute proche, un drapeau américain et israélien passaient l’épreuve du feu.

A 17 heures, après que les mots aient percuté les poitrines et ravivé la flamme de la résistance, il n’est plus resté que l’impuissance des défilants qui, jusqu’à  la prochaine marche de solidarité, n’auront en définitive d’autre ressort que de s’aligner sur le silence des gouvernements du monde entier. Car que l’on soit Belge, Américain ou Libanais, le silence est d’or dans les hautes sphères et alimente chaque jour un peu plus la détresse des peuples du monde entier.