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Mourade Zeguendi: “Tout a démarré par le théâtre”

Mourade Zeguendi: “Tout a démarré par le théâtre”

Débutant comme jeune acteur, Mourade Zeguendi a succédé les projets de théâtre et les rôles au cinéma. Dans l'interview qui suit il nous fait part de sa carrière, de ses aspirations et de ses conseils pour les jeunes acteurs à venir.

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Comment avez-vous commencé votre carrière de comédien en Belgique?
D’abord j’ai commencé en tant qu’adolescent, comme acteur amateur, par le biais d’un ami de mon père. Cela m’a plu et je pense que j’étais au bon moment au bon endroit. Les propositions ont suivi vu que j’étais le seul marocain comédien de mon âge. Rapidement les projets se sont enchaînés.

Actuellement vous êtes actif au sein du groupe Union Suspecte. Comment êtes-vous arrivé dans cette troupe?
D’abord j’ai rencontré Zouhaïr (Zouzou) Ben Chikha au théâtre avec un projet nommé “Tous les marocains ne sont pas des voleurs”, c’était à Gand. Après deux ans nous ne savions pas si on continuerait. On nous a proposé de créer “Les Glandeurs” (1999). Nous avons fait deux spectacles. Nous nous sommes rendus compte que le frère de Zouzou, Chokri Ben Chikha faisait les mêmes projets à Gand. On s’est dit, au lieu de faire chacun son chemin, pourquoi ne pas travailler ensemble. Ainsi nous avons a rassemblé les troupes et commencé avec Union Suspecte en 2004. Une compagnie bilingue, francophone, néerlandophone, bruxelloise et gantoise. C’est né comme ça, d’une façon très organique.

Vous avez commencé à jouer dans des “box office”, des films connus tels que “Dikkenek”, “Taxi 4” et “JCVD”. Avez-vous fait quelque chose d’exceptionnel pour arriver là?
Par rapport au cinéma, quand j’ai commencé avec Les Glandeurs nous avions fait une pièce “41, rue de la limite”, qui à l’époque était un succès. Un jour la RTBF est venue nous filmer, Zouzou et moi, sur un sujet “jeunes allochtones qui font du théâtre” et ils parlaient de notre spectacle. Nous sommes passés dans l’émission "1001 cultures" et c’est passé sur Canal 5, donc diffusé en France. Le scénariste de "Dikkenek" a vu cette émission et m’a contacté. On a parlé durant des années sur leur projet. En fin de compte je pensais que c’était une blague, que cela n’allait pas se faire. Depuis, j’ai enchaîné les films. Mais tout a démarré par le théâtre, raison pour laquelle je continue à faire du théâtre car c’est là que tout a commencé.

Pour un film tel que celui avec Jean-Claude Van Damme (JCVD), n’avez-vous rien fait de particulier pour être choisi?
Mabrouk el Mechri, le metteur en scène avait vu “Dikkenek” et avait entendu parler de moi. Il m’a invité pour faire une audition. A ce moment là je jouais “We people”, que je joue à la KVS ce mercredi 18 novembre. Il fallait préparer quelque chose pour le film et je n’avais rien préparé, donc j’ai fait un morceau de la pièce de théâtre. Voilà, on s’est bien entendu, il m’a pris dans son film. J’ai beaucoup de chance en fait. Je n’ai jamais eu des efforts à faire, jusqu’à maintenant.

On remarque dans vos films que vous avez souvent des coiffures bizarres.
Ah, c’est une marque, quelque chose que j’aime, car le gros problème c’est qu’on me propose toujours des rôles d’arabe. C’est pour ça que dans Dikkenek et au théâtre j’ai choisi de changer de coiffure. C’est plus intéressant de voir un arabe qu’on ne voit pas souvent de la même façon. Les gens me font confiance, donc je le fais. Tant que cela dure, je le ferai.

Donc on a accepté votre proposition de coiffures?
Oui, ils ont accepté, car au final quand on leur parle de cette façon, ils aiment bien. On arrive à convaincre les scénaristes, à les faire rire et les mettre en confiance, on peut toujours arriver à des compromis. J’ai eu la chance de tomber sur des gens relativement ouverts, car les autres collègues n’ont pas cette chance là. Parfois certains scénaristes sont très fermés. Les gens pensent qu’en Belgique il n’y pas d’arabes ou “allochtones” professionnels. Et ça c’est dommage.

C’est donc un peu votre petit grain de sel que vous ajouter.
J’aime bien, car avant d’être marocain je suis comédien. C’est mieux de faire quelque chose de différent à chaque fois, malgré que les rôles soient écrits de la même façon. J’essaie de ramener des coiffures ou des façons de parler ou de marcher, grossir ou maigrir, à chaque fois qu’on me voit dans un rôle au ciné, qu’on me voit différemment. Dans le théâtre c’est plus compliqué. Avec Ben Chikha nous avons pu écrire nos fantaisies à nous et jouer des rôles intéressants, des vrais rôles. Au cinéma c’est souvent le mec qui raconte des blagues au quartier. Des rôles plus simples à faire. Cela paraît un peu arrogant, mais c’est la vérité. C’est souvent “l’arabe de service”, donc quand on reçoit des rôles comme ça, on essaie de l’interpréter de manière différente, ou d’une façon à laquelle on ne s' attend pas. On veut montrer qu’on sait aussi jouer.

Pour Taxi 4, où vous jouez Sukk, on ne remarque pas que vous êtes arabe. Comment l’expliquez-vous?
Avec Taxi 4, vous avez Sam Naceri qui est un arabe, mais dans le film il joue un rôle normal, celui de ‘Daniel’. Donc Taxi est exemple là dedans et cela passe sans problème. Et je suis curieux et pressé de voir... j’espère que cela arrivera ici en Belgique, que je pourrais jouer autre chose. J’espère qu’un réalisateur me proposera de jouer un “Albert” ou “Gérard”. Et qu’on ne qualifie pas le comédien par son origine. C’est le but qu’on soit considéré comme des gens normaux.

Les dialogues dans “Les Barons” étaient écrits d’avance, comme l’indique le réalisateur Nabil Ben Yadir “Les dialogues du film sont très écrits. Si tout le monde met son grain de sel, son humour à lui, on finit par être perdu.” Avez-vous quand même pu improviser un petit peu?
En fait, les dialogues étaient super bien écrit, et ce n’est pas pour jeter des fleurs à Nabil (Ben Yadir), quoi que je le fais quand même car c’était un cadeau pour moi. On n’est pas des caricatures, c’est super poétique, et très bien fait. Donc qu’on a un mec comme ça, qui est très humain, qui sait parler aux gens, et qui a beaucoup de patience, on ne peut que respecter ce qu’il a écrit. Quand il indique qu’à tel endroit il y a un point, on accepte parce qu’il est convaincant de ce qu’il a fait. Les Barons est un superbe film.

Comment était l’ambiance sur le plateau?
Il était génial. J’ai fait plusieurs films mais mes meilleurs souvenirs c’est Dikkenek, car c’était mon premier film bruxellois et Les Barons, on était une famille. Dès les premiers instants nous nous sommes tous très bien entendus. J’espère pouvoir continuer ensemble avec Nabil Ben Yadir.

Ce n’était pas trop difficile de rester sérieux tout le temps, car pour le rôle de 'Mounir', vous deviez rester sérieux la plupart du temps?
(rire) Oui, pour les autres films je jouais plutôt des types rigolo, mais pour Les Barons tout le monde était dans la comédie, sauf moi qui avais un rôle plus sérieux. Nabil m’avait demandé de me concentrer un maximum pour garder cette sévérité dans le regard et pour pouvoir garder ce personnage à long terme, car c’était la première fois que je tourne pendant trente jours, pour un film où j’ai le rôle principal, donc il fallait vraiment vivre avec ce personnage pour devenir ce personnage à l’écran. Quand ma mère me dit “mon fils, quand je vois le film, j’ai peur de toi”, pour moi c’est le plus beau compliment, car si ma mère croit dans ce que je fais alors qu’on est doux, … Et ça je le dois à Nabil et à mes collègues qui m’ont laissé entrer dans ce métier.

Avez-vous été soutenu par votre famille?
Absolument, tout le temps. Je suis une exception à plusieurs niveaux car je suis un des seuls qui travaillent dans ce milieu. En plus j’ai beaucoup de chance car je n’ai pas eu de batons dans les roues de la part de ma famille, de mes frères et sœurs, de mon entourage. Tout le monde m’a encouragé d’être comédien.

Vous êtes tout le contraire du personnage que vous jouer.
Exactement. Et c’était super de jouer un rôle comme celui là.
Pensiez-vous que "Les Barons" aurait autant de succès, 20.000 entrées en 8 jours?
Non, honnêtement non. Je me suis dit “ça peut marcher dans notre communauté”, mais les succès qu’il y a aujourd’hui …Ce qui rend joyeux est que c’est un succès phénoménal. Ce qui est bien c’est qu’il y a de tout dans les salles. J’ai été voir une projection dans une salle en cachette, avec des lunettes. Il y avait de tout, des femmes âgées belges et marocaines, des pères, des enfants, des jeunes voyous, des pas voyous. Une mixité. Et quand les gens parlent des Barons aujourd’hui il s’agit d’un film belge, et c’est super agréable. Je me dis “enfin on a fait un vrai film” et tout le monde se reconnait là dedans, et pas seulement la communauté maghrébine.

Sentez-vous que vous recevez plus de reconnaissance et d’attention du monde artistique pour votre interprétation?
Je ne me rends pas encore compte de ce qui se passe. Je pourrais répondre à cette question dans 4 mois je pense.

Actuellement vous jouez dans une pièce de théâtre nommée “Belga”, écrit par Rachida Lamrabet et mise en scène par Michaël De Cock. On peut vous voir au cinéma et le soir même au théâtre. Comment percevez-vous votre rôle dans Belga, celui qui incarne le père de la première génération, arrivé en Belgique dans les années soixante (époque à laquelle la pièce se joue)?
Pour Belga quand le metteur en scène M. De Cock est venu me voir à Bruxelles pour ça, il m’a dit qu’il avait besoin d’un Bruxellois et qu’il avait pensé à moi. En me disant cela il y a 80% de chance que j’y participe. Après j’ai reçu le texte, qu’on a encore pu réadapter pour le théâtre. Le fait de jouer un père était pour moi une façon de remercier cette première génération. Également comprendre pourquoi ils sont venus et pourquoi nous sommes en Belgique. Par cette pièce, je me redécouvre d’une certaine manière. Dans Belga, au début l’écrivaine Rachida Lamrabet avait prévu que le père porte une barbe et une djellaba. Je trouvais cela un peu trop bateau et déjà-vu, donc on a trouvé un consensus et maintenant je suis habillé en Elvis Presley et ça passe. Le texte est plus important que le physique.

Comment vous sentez-vous depuis les succès qui se succèdent?
Je suis heureux. Je suis privilégié et j’en suis conscient. Je suis privilégié que je peux déjà bosser dans ce milieu et je tombe sur des projets qui me plaisent et qui sont intéressants. Ce ne sont pas des projets axés sur des problèmes sociaux. J’ai la chance de parler des mêmes sujets de manière différente.

Avez-vous l’impression d’avoir une certaine liberté en tant qu’artiste?
Absolument, et plus les gens font confiance, le plus j’ai confiance en moi. Je suis super heureux et j’espère que cela va continuer.

Vous jouez dans “They eat people” un style de personnage “Obama”. Etait-ce voulu? Avez-vous écrit cette pièce?
Oui, c’était ma compagnie, en néerlandais et en français, nous l’avons écrit inspiré par la politique en Belgique mouvementée, lors de démissions de politiciens. On a inventé qu’il y avait un président en Flandre, comme Obama, on a utilisé mon nom. C’était génial car on peut partir dans l’irréalisme et j’aime bien.

Est-ce que le but de cette histoire était qu’il y ait un changement?
Oui, bien sûr, il faut qu’il y ait un changement et surtout que les gens ouvrent leurs yeux.

La question suivante est un peu osée mais pensez-vous que Nabil Ben Yadir est un peu “l’Obama des scénaristes de Belgique”?
(Rire) Je me rappelle qu’avant qu’Obama devienne président il y avait la polémique en Amérique sur qui serait le prochain président: ou bien une femme, ou bien un ‘black’. Mais jusqu’aujourd’hui on s’attarde sur le fait qu’Obama est noir. Dire de Nabil Ben Yadir qu’il “l’Obama du cinéma” c’est gentil, c’est chouette, quand on perçoit Obama comme un représentant des minorités, des gens qui ont souffert. Et le fait qu’il ait réussi à devenir président. J’espère que Nabil Ben Yadir sera plus qu’un Obama, car il est un artiste. Si on me dit “Est-ce que Ben Yadir est un “Scorsese” alors je dirais ‘oui’. Pour Obama j’ai difficile à dire car je ne sais pas qui il est. Par contre pour Ben Yadir je sais que c’est quelqu’un d’entier et qu’il est un vrai artiste, possédant beaucoup de talents . J’espère qu’il continuera sur cette lancée-là et qu’il y en aura d’autres qui vont faire comme lui.

Quels conseils pourriez-vous donner aux jeunes, remplis d’ambiance et de rêves, qui vous admirent et veulent devenir acteur?
Soyez vous-même. Soyez ouverts. Laissez l’agressivité de côté car cela ne sert à rien. La haine, si vous en avez, essayez d’en faire quelque chose de positif. Et surtout inscrivez-vous dans les écoles de théâtre, mélangez-vous aux autres populations, aux autres communautés, et ne restez pas coincé au quartier. Il y a tellement de choses à faire. N’attendez pas qu’on vienne vous ouvrir la porte mais ouvrez-la vous-même. Restez positif. Quand on reste positif on relativise tout et on arrive à mieux avancer dans la vie. Doucement mais sûrement.

Vanavond speelt hij in de

Vanavond speelt hij in de KVS in Brussel: http://www.unionsuspecte.be/node/198