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[Reportage] "Quand on dit ‘Mons ville socialiste’, je laisse l’interrogation."

[Reportage] "Quand on dit ‘Mons ville socialiste’, je laisse l’interrogation."

MONS -- Chef-lieu du Hainaut, Mons compte à  peu près 91 000 habitants. Le bourgmestre est aussi le Ministre-Président de la Région Wallonne et le président du Parti socialiste, Elio Di Rupo.

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Les tours de Ghlin vues de la route vers Mons (photos Grégory)

Mais, empêché par ses fonctions de Ministre-Président à  la Région, il a dû laisser son écharpe à  l’échevin de la Mobilité Jean-Claude Carpentier, tout juste décédé. La première chose qui frappe lorsque l’on explore un tant soit peu la ville, c’est le contraste. Un contraste déjà  dans l’architecture. Le Nord s’y heurte au Midi, comme le remarquait Victor Hugo. Les influences espagnoles y côtoient les influences germaniques. En témoigne le beffroi, récemment rouvert, qui contemple l’ensemble de la ville. Un contraste aussi concernant l’ambiance. C’est une ville très proche de la France – la frontière n’est pas loin et la présence hexagonale se voit sur les plaques des voitures. Une présence anglo-américaine, moins perceptible, est à  noter, car le SHAPE est proche. Il y a également une ambiance méditerranéenne, festive à  laquelle l’immigration italienne a contribué. Mais cette ambiance cache mal cependant une certaine mélancolie. Soulignons aussi la présence d’une immigration hors Union européenne, notamment d’Afrique subsaharienne. Mais seuls un peu plus de 200 d’entre eux se sont inscrits pour les élections communales sur 1043.

Un autre contraste est celui entre la dimension touristique de la ville – et les retombées économiques - et les importantes difficultés socio-économiques dans lesquelles elle demeure. Pour l’année 2003 par exemple, 18,4 % de la population vivait avec un revenu inférieur à  10 000 euros. Le revenu moyen par déclaration fiscale s’élevait aux alentours de 23 000 euros. Dans l’arrondissement de Mons, seules les communes les plus pauvres du Borinage (Quaregnon, Frameries, Colfontaine, Boussu, Dour) font moins. Des poches de pauvreté se maintiennent comme à  Ghlin (localité au sud-ouest de la commune).

L’un des problèmes les plus épineux est le logement. Depuis 2000, le prix de vente moyen d’une maison d’habitation et celui d’un appartement ont tous deux augmenté de 38 %. De nombreuses personnes n’ont pas les moyens de se payer un logement dans le privé et se retrouvent sur des listes d’attente pour les logements sociaux. Gerry, membre du CCLP (Comité Consultatif des Locataires et des Propriétaires) : « Ces personnes doivent parfois attendre six mois, un an avant d’obtenir quelque chose. J’ai eu à  m’occuper de personnes qui ont été expulsées de chez elles parce qu’elles ne payaient pas leur logement. Et elles avaient deux enfants en bas âge, de quatre et six ans. Quand on dit ‘Mons ville socialiste’, je laisse l’interrogation. On pourrait d’ailleurs l’adresser à  Monsieur le bourgmestre. Et quand on parle avec des socialistes qui disent : ‘Tu sais, entre nous et le MR, il n’y a plus beaucoup de différences’, cela provoque un malaise. Par exemple, les Tours de Ghlin vont être démontées, après celles de Mons. Mais il y a encore des logements qui n’ont pas été construits. Donc on sait pas où les mettre. Et on ne sait pas encore quand et dans quelles normes ces blocs vont être détruits. S’ils le sont en plein hiver, où va-t-on mettre les gens qui habitent dedans ? Il y a du je-m’en-foutisme, je crois. Et aucune réponse n’est donnée concrètement. On remet, on remet. Déjà , ces blocs devaient être détruits il y a trois ans, et il n’y encore rien qui a été fait ».

Aux tours de Ghlin, les reproches sont en effet amers. Alors que je prends des photos au pied du bloc 23-24, un groupe d’habitants vient spontanément me trouver. Après quelques explications sur mon activité, ils commencent à  se confier. « Ce n’est pas parce que vous êtes dans un logement social que vous n’êtes rien ! » me dit une jeune femme, avec sa petite fille dans son buggy. « On est abandonnés, sauf quand il s’agit de payer ! Là , il sont toujours là  ! » ajoute une dame plus âgée, qui vit aux Tours de Ghlin depuis 28 ans. La jeune femme émet une série de griefs. Le balatum n’a plus été changé chez elle depuis sept ans et il est de surcroît très fragile et percé de toute part. La robinetterie n’est plus réparée. Les couloirs ne sont plus entretenus. Dans le grenier de l’immeuble, se putréfient des « milliers d’oiseaux morts » , car les services ne sont pas venus nettoyer depuis longtemps. Ils ajoutent qu’il n’y a plus de dératisation, que les cafards sont omniprésents. La jeune femme me montre la porte de sécurité du 23-24, ajoutant qu’il avait été nécessaire d’attendre quatre mois avant qu’elle ne soit réparée. Elle m’indique en outre une personne qui a dû attendre cinq ans pour avoir une nouvelle salle de bain et ses meubles, en mauvais état, n’ont pas été remplacés depuis plusieurs années. En outre, ceux qui ont voulu installer du nouveau mobilier ont dû le faire sans élévateur. Il y aussi les vols et les agressions verbales, voire physiques. Les reproches sont amers envers les politiques « qui promettent monts et merveilles parce que c’est la période où on vote ». Comme les Tours doivent être bientôt démolies, « ils tentent de caser les gens n’importe où, dans des trucs vraiment incroyables ». On évoque aussi des malversations … Et puis, il y a la stigmatisation sociale. Un homme raconte qu’un jour il cherchait une maison et qu’on la lui avait refusée juste après qu’il ait dit qu’il venait des Tours.

Joëlle Kapompole, conseillère communale socialiste élue en 2000 comme candidate d’ouverture, reconnaît l’existence d’un problème concernant le logement. Et plus généralement l’emploi et la situation sociale. « Cela favorise la désespérance, qui est le terreau de l’extrême droite », souligne-t-elle. Selon elle, « le politique doit créer les conditions pour qu’il y ait de l’emploi. Via les universités, la rénovation et la mise en valeur du patrimoine ainsi que les énergies renouvelables ». Il y a en effet deux universités à  Mons : la Faculté Universitaire Catholique de Mons (FUCAM) et l’Université d’Etat Mons-Hainaut (UMH). Cela fait aussi de Mons une ville étudiante. Ce qui participe là  aussi de son caractère contrasté.

Mais il est un fait qu’un certain malaise existe par rapport à  l’actuel équipe communale. Selon les personnes interrogées, les reproches vont dans de sens variés. D’aucuns se plaignent d’une politique de taxes jugées excessives, d’autres reprochent au bourgmestre - actuellement Ministre - Président de la Région Wallonne – d’avoir fait passer les intérêts de Jemappes-Flénu (une des localités de Mons) avant ceux du reste de l’entité. D’aucuns évoquent même certaines accointances troubles du pouvoir communal …

Joëlle Kapompole : « Dans la montée de l’extrême droite, je reconnais la responsabilité des partis traditionnels. Lorsque l’on fait de fausses promesses et que l’on commet des actions en contradiction avec ses valeurs fondamentales, il y a une volonté de la part des gens de pratiquer un vote-sanction. Mais ils votent pour des partis dangereux pour tout le monde, pas seulement pour les immigrés. Face à  cela, j’essaie de faire comprendre aux gens, en me basant sur la campagne de la FGTB ‘Avec l’extrême droite, c’est toi la cible’, le caractère antisocial du programme de l’extrême droite. Mais le danger existe. Je m’en rends compte en allant sur les marchés. J’essaie de faire de l’éducation permanente à  mon petit niveau et je me réjouis de voir des initiatives un peu partout, dans le monde politique comme associatif, dans la lutte contre l’extrême droite, contre toutes les discriminations, pour la diversité de la population belge ».

Il reste à  voir si tout cela sera suffisant. On peut en tout cas craindre que, même si l’extrême droite ne parvient pas à  déposer des listes, son discours s’installe. Et les partis traditionnels ne sont pas à  l’abri. Il est vrai que les déraillements sont pour l’instants absents. Mais à  Mons comme à  bien d’autres endroits les résultats des élections communales permettront de mieux cerner certaines tendances, qui auront leur importance pour la suite.

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Au pied du bloc 21-22

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Au pied du bloc 23-24

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Sur la passerelle (Bloc 17-18)

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Allée près du terrain pour enfants (Bloc 19-20)

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La campagne électorale à  Ghlin

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La campagne électorale à  Mons

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