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[Film] "La couleur du sacrifice"

[Film] "La couleur du sacrifice"

Une mémoire enfouie refait surface grâce au documentaire poignant du réalisateur Mourad BOUCIF. Durant la deuxième guerre mondiale, la France et la Belgique ont été défendues par des milliers de tirailleurs africains, ressortissants des pays colonisés, tels que le Maroc, la Tunisie, l’Algérie, le Mali, le Sénégal, voire même le Tchad et le Congo. Le gouvernement français promettait l’indépendance à ses colonies africaines s’ils envoyaient des hommes au front.

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Les témoignages des survivants ne peuvent laisser indifférent. Les jeunes hommes étaient souvent recrutés de force dans leurs villages. On peut même parler d’enfants-soldats, car certains d’entre eux n’avaient que 13 ans. Ces soldats entraient par milliers en Europe, par paquebots.

Ils ont combattu sur le front contre les troupes nazies, notamment à Gembloux en mai 1940, ainsi que les années qui suivirent. Ils étaient en première ligne, affrontant les chars, baïonnette au fusil, pendant que les soldats français se cachaient derrière eux. Comme l’a exprimé un ancien combattant français : « ils étaient considérés comme de la chair à canon ». Ils ont réussi à repousser l’ennemi nazi de plusieurs kilomètres. Mais malheureusement, celui-ci est parvenu à poursuivre son offensive. Parmi les troupes franco-africaines, la défaite fut lourde : 100 000 soldats tués, 300 000 blessés et 1 600 000 prisonniers.

Les soldats africains recevaient un traitement bien plus sévère que leurs compagnons français. Les Allemands craignaient qu’ils ne propagent des maladies tropicales, et les transféraient dans des camps sur le sol français. Des infirmières françaises témoignent qu’elles ont soigné ces soldats africains, ces braves hommes qui avaient perdu des membres dans cette guerre, mais conservaient malgré tout leur courage.

Parmi les hommes ayant survécu à la deuxième guerre mondiale et qui étaient restés physiquement indemnes, certains furent envoyés en Indochine, en 1946, pour y défendre les intérêts de la France dans son ancienne colonie, laquelle avait déclaré son indépendance. Cette guerre sanglante dura jusqu’en 1954. Ces mêmes hommes qui avaient perdu leurs compagnons de guerre, leur jeunesse et leur dignité furent alors renvoyés dans leurs pays d’origine, après 15 années de bons et loyaux services dans l’armée. Aucun de ces combattants n’a reçu de reconnaissance ouverte ni officielle, ni même une pension convenable. Ils se battent pour recevoir leur dû : une pension militaire.

Ces hommes, âgés maintenant de 80 ans et plus, reçoivent en moyenne 60 Euros par mois. Pour percevoir plus, ils sont depuis quelques années obligés de résider en France, laissant ainsi leurs familles dans leur pays d’origine, alors que leur pension varie entre 448 Euro et 600 Euros/ mois.

Leur seul souhait est de rentrer au pays, et de percevoir là -bas, auprès de leur famille, cette pension qui leur est due. Pour ces anciens combattants, le combat continue, et ce malgré les efforts qu’ils ont fait pour libérer certains pays européens.

Ce documentaire est à voir et à revoir, car il rappelle à notre souvenir les anciens combattants, témoins de la bravoure de leurs compagnons d’armes africains ; de même qu’il vient rafraîchir la mémoire des peuples européens. En effet, beaucoup de pages restent à ajouter à nos livres d’Histoire.

LA COULEUR DU SACRIFICE – Un film de Mourad Boucif
A partir du 8 novembre 2006 dans les salles.

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