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« Le droit et la dignité des sans-papiers n'existent pas en Belgique »

« Le droit et la dignité des sans-papiers n'existent pas en Belgique »

Tel est le sentiment des réfugiés de l'église Saint-Boniface à  Ixelles. Au cours du mois de janvier, trois d'entre eux ont en été arrêtés et emmenés dans des centres fermés. Des arrestations qui semblent ciblées vers les sans-papiers qui tentent de mobiliser l'opinion publique sur la façon dont ceux-ci sont traités en Belgique.

Barry Ibrahima est un jeune Guinéen. Il est venu en Belgique pour suivre des études qu'il a réussi avec succès. Malade (il a plusieurs ulcères), il a demandé une prolongation de son séjour pour raisons médicales. Sa demande a été refusée sous prétexte qu'il pouvait se faire soigner dans son pays, ce qui est faux car les soins dont il a besoin ne sont pas disponibles en Guinée.
Se trouvant dans une impasse administrative, Barry a rejoint l'église Saint-Boniface. Le 4 janvier, il est arrêté et placé pendant plus de 24 heures en détention avant de recevoir un ordre de quitter le territoire et d'être enfermé dans le centre fermé de Vottem.
Une situation scandaleuse pour deux raisons, comme le souligne son avocat : « D'un part Barry est malade et les conditions de détention ne lui permettent pas d'obtenir des soins suffisants, d'autre part il n'a commis aucun acte répréhensible, au contraire, il cherchait une solution , il participait à  des manifestations, à  des discussions avec des parlementaires pour sortir de sa situation. Il n'y avait aucune nécessité de l'enfermer, il ne se cachait pas! ».
Son avocat a introduit un recours devant la chambre du conseil de Bruxelles, qui, ne pouvant écarter les preuves médicales, s'est retranchée derrière une astuce de procédure. Elle a rejetée l'appel sous prétexte que monsieur Ibrahima n'avait pas de résidence à  Bruxelles. Or Barry a toujours résidé à  Bruxelles et résidait à  l'église depuis octobre. Le curé en a témoigné mais cela n'a pas suffit, le procureur allant jusqu'à  considérer que la présence de Barry à  l'église était une voie de fait (usage d'un droit pas la force), ce qui est complètement faux, les occupants étant accueillis par le curé.
Pour l'UDEP (union de défense des sans-papiers), cette décision n'est ni logique, ni même juridique, c'est une décision politique.

Deux autres sans-papiers ont été arrêtés, respectivement le 16 et le 17 janvier. Monsieur Vincent Aleini, un des fondateurs de l'UDEP résidait depuis près d'un an au centre ouvert le petit château. Il s'est fait arrêter alors qu'il se rendait chez le médecin. Très actif dans la lutte pour la régularisation des sans-papiers, il avait déjà  subit des intimidations répétées pour ses activités militantes par la direction du petit château. Lors de son arrestation, il a été amené à  l'office des étrangers puis à  l'aéroport pour une expulsion. On l'a empêché de téléphoner à  son avocat ( en lui répondant « on est pas en Amérique ici ») et on a tenté de l'expulser à  deux reprises mais il a réussi à  résister. Tous ses droit ont donc été bafoués: il n'a pas eut le droit de prévenir son avocat et aurait pu se faire expulser, sans aucun recours possible, dans l'heure qui a suivie son arrestation.
Son avocat a fait appel pour arrêter la procédure d'expulsion. Il est passé le mardi suivant devant le conseil d'état qui s'est déclaré incompétent. Transféré au centre fermé de Merksplas, Vincent a finalement pu introduire une nouvelle demande d'asile et sera entendu dans les prochains jours par l'office des étrangers.
Monsieur Aleini a entamé dès son arrestation une grève de la faim et de la soif et aurait déjà  maigrit de 5 kilos.
David Issa Balaya a lui aussi été arrêté lors d'un contrôle d'identité et il a rejoint Vincent au centre fermé de Merksplas. Vendredi, lors de la conférence de presse, les avocats n'arrivaient pas à  obtenir monsieur Balaya au téléphone, ni aucun renseignements à  son sujet.

Mais il n'y a pas que les réfugiés de l'église Saint-Boniface qui subissent des traitements inhumains. Le cas de monsieur Hagi, Tunisien de 40 ans en Belgique depuis 1992 est assez explicite: En détention depuis novembre 2005 au centre fermé de Vottem, il téléphone mercredi passé à  son avocat pour lui faire savoir qu'il ne se sent pas bien. Son avocat envoie un fax à  12 heures 15 pour demander qu'on lui envoie un médecin.
Réaction du centre: à  16 heures, on l'appelle pour lui dire: « demain matin, vous retournez en Tunisie ». On ne lui permet pas de contacter son avocat. Ensuite, des personnes du centre l'attrapent, le déshabillent et l'enferment dans une cellule de 19h45 à  4h45. Soit neuf heures, nu dans une cellule sans matelas ni chauffage! Le lendemain matin, il est amené, en pyjama et sans chaussures, à  l'aéroport de Zaventem. Heureusement, il refuse son rapatriement et est finalement ramené à  Vottem le jeudi soir. Vendredi matin, son avocat a obtenu sa libération (L'office des étrangers savait que l'avocat passait devant la chambre du conseil ce jour-là , d'où sans doute la tentative d'expulsion la veille). Ce cas est, selon l'avocat de monsieur Hafi, particulièrement significatif : « On maltraite un réfugié, on l'affaiblit pour essayer de le renvoyer sans qu'il ne résiste ».

Selon l'UDEP, les choses vont de mal en pire. En trois mois d'occupation, trois arrestations et trois personnes enfermées, ce n'est pas un hasard. Les arrestations semblent ciblées contre des personnes qui luttent activement pour la défense de leurs droits et ceux de tous les sans-papiers. « Les gens ont peur de sortir de l'église car on craint de subir le même sort que nos amis » déclarait un des occupants.
Un climat de peur s'est donc installé, mais les occupants de l'église n'abandonnent pas la lutte pour autant: « On ne demande pas grand chose, juste d'être traité de façon humaine et d'être écouté. On va continuer le combat mais on ne peut gagner sans vous (les belges) ».

Pour soutenir les sans-papiers, vous pouvez les rejoindre aux sittings qu'ils organisent chaque lundi matin à  11 heures devant l'office des étrangers. Une manifestation contre l'enfermement d'enfants est aussi prévue le dimanche 29 janvier à  14h au départ du parc de la citadelle (Liège), pour une marche jusqu'au grilles du centre fermé de Vottem.