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Interview de Peter Anger,

Interview de Peter Anger,

Les réalisateurs professionnels de documentaires animaliers en Belgique peuvent se compter sur les doigts de la main. Peter Anger en fait parti et nous explique ici, comment il travaille, mais surtout pourquoi les reportages animaliers ont du mal à  trouver leur place dans le paysage audiovisuel belge.

Présentation :

Peter Anger est depuis longtemps un artisan du documentaire animalier. Plusieurs de ses réalisations furent primées dans divers festivals nationaux et internationaux. Il est aujourd’hui en charge de la cellule nature de la RTBF dont il est également à  l’initiative. Cet outil lui permet de réaliser des co-productions qui sont diffusées soit sur l’émission nature de référence, « Le jardin extraordinaire », soit à  travers l’émission « Grands documentaires » mais ce département permet surtout de représenter ce genre de reportage sur nos chaînes nationales ».

Interview :

Comment se porte, selon vous, le documentaire animalier en Belgique ?

« Bien que quelques rares festivals amateurs font apparaître de courtes réalisations de grande originalité et surtout de qualité, peu de chose se passe au niveau professionnel, car il est très difficile pour les réalisateurs de réunir les fonds nécessaires à  la production d’un film. Pour ma part, j’ai la chance de pouvoir exercer cette activité de façon récurrente uniquement parce que je suis soutenu par une structure fixe, la RTBF. Mais les réalisateurs indépendants ont beaucoup de mal à  persister en Belgique qans exercer une autre activité en parallèle ».

Quelles seraient selon vous les causes de ces difficultés?

« Evidemment, je me suis déjà  posé la question, et bien que mon analyse soit purement subjective, je pense que plusieurs facteurs sont à  l’origine de cette carence :

Tout d’abord, comme je l’ai dit précédemment, c’est la difficulté à  récolter les moyens financiers nécessaires à  la production qui pose le plus problème. Mais le problème s’étend à  bien d’autres facteurs tout aussi importants. Pour commencer, les belges en général n’ont pas un contact privilégié avec la nature puisqu’une grande partie de notre territoire s’est vue accaparer par les villes, l’industrie, l’agriculture, les autoroutes, ne laissant finalement que peu de place à  la nature pour s’exprimer librement. Et, de ce fait, il en résulte que les gens sont beaucoup moins respectueux de celle-ci (pollution en forêt) et moins intéressés à  la biodiversité qui les entoure. Ensuite, notre pays compte beaucoup moins de richesses naturelles que d’autres pays comme la France, où la diversité du climat et de la végétation engendre une biodiversité bien plus importante que dans nos régions ».

« Il y a également un facteur de choix des directeurs de programmation qui ne veulent pas multiplier l’offre et les budgets accordés à  ce genre de réalisations, alors que généralement en audiovisuel, lorsqu’on lance un type particulier de programme en masse, le public a tendance à  suivre. Toujours en ce qui concerne le public, la Belgique possède une audience potentielle restreinte par rapport à  la France, l’Angleterre ou encore les Etats-Unis. De même, le retour publicitaire s’en retrouve également diminué, ce qui explique le manque de moyens.

Bref, tout se tient, et rien ne pourrait brusquement changer la situation actuelle, si ce n’est, un lourd investissement, comme l’Autriche a réalisé il y a quelques années, ce qui lui a permis de rejoindre les grands producteurs mondiaux du genre animalier à  savoir l’Angleterre, le Canada, les Etats-Unis et la Nouvelle Zélande ».

En quoi les productions belges se distinguent des productions étrangères ?

« En Belgique, on travaille comme des artisans, c’est-à -dire sans gros moyens. Que ce soit en ce qui concerne les ressources naturelles, le matériel utilisé ou le personnel mis à  disposition, les productions belges ne peuvent pas être comparées aux productions de la BBC (par exemple), qui sont en mesures de fournir des images époustouflantes grâce à  un materiel spécialisé et hors de prix (suivre simultanément le mouvement des pingouins surgir hors de l’eau pour rejoindre la banquise, filmer à  partir d’hélicoptères, faire des plans larges et mobiles à  partir de grues, …) ».

Quelles sont les approches qui vous servent de fil rouge dans vos films ?

« En reportage animalier, soit on est le meilleur (reconnu par le milieu), ce qui est de plus en plus difficile puisque nos moyens restreints ne nous permettent pas de rivaliser avec les superproductions (BBC, National Géographic, Gédéon, Saint-Thomas). Soit on s’en écarte, on se différencie à  travers des sujets plus originaux, des approches décalées. Ainsi bien souvent, nos films mettent en avant la sensibilité plutôt que les prouesses techniques ».

Comment procédez-vous à  la mise en place de vos réalisations ?

« Je commence par étudier la faisabilité du sujet, ensuite je cherche un co-producteur, et je soumets le projet à  la RTBF. En général, avant de partir sur le terrain, je me documente encore à  travers diverses lectures et d’autres conversations avec des gens expérimentés sur le sujet. Ensuite, je tourne, je monte et je soumets le travail à  la chaîne qui s’occupe de la diffusion, de la promotion et de la vente ».

Comment travaillez-vous en général lors des tournages ?

« Seul. Je pars en forêt, caméra à  la main, jusqu’à  ce que je recueille suffisamment d’images pour passer à  l’étape du montage. Les seules personnes qui m’aident sur le terrain sont des gardes forestiers ».

Comment procédez-vous pour approcher les animaux ?

« Cela se fait naturellement pour la plupart du temps. Je travaille beaucoup dans la forêt de St- Hubert que je connais parfaitement. Cependant, il faut quitter cette vision éco romantique que les gens portent naïvement envers les reportages animaliers. Ainsi, il m’arrive de nourrir les animaux pour mieux les approcher ou de placer des tours pour observer les comportements des oiseaux dans leurs nids, mais toujours avec le souci de ne pas déranger les espèces, ni de changer leurs habitudes ».