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Spectacle érotique et hystérie collective

Spectacle érotique et hystérie collective

Notre actuelle « société du spectacle » est inondée en permanence par des flots d’images produites par l’omniprésente télévision, les réseaux informatiques, les journaux, l’affichage publicitaire et la propagande politique.

Cette submersion collective par les images est tout à fait remarquable aujourd’hui mais c’est, bien sûr, leur rôle d’identification qui permet d’y reconnaître une socionévrose hystérique.

Le spectacle propose des rôles auxquels chacun peut s’identifier au moyen d’accessoires produits industriellement et diffusés en masse sur le marché actuel ; accoutrements vestimentaires, gadgets électroniques, ameublement et décors, livres et autres objets « culturels ».

Des associations pertinentes de ces divers éléments sont proposées à chacun grâce aux compositions audiovisuelles de la publicité commerciale et de la propagande politique : rôle de «jeune», de «responsable d’entreprise», de «révolté», d’intellectuel ou de « créatif », tous rôle permettant à chacun de se choisir une personnalité d’emprunt et éventuellement d’en changer à chaque saison.

Au spectacle actuel répondent donc une mythomanie généralisée, une plasticité de la personne et surtout une occultation complète de la réalité vécue. Le chômeur, le salarié, le téléspectateur, le cadre humilié s’identifie à Bill Gates, à Madonna, à Zidane, à Ben Laden, au séducteur ou à la séductrice du dernier feuilleton télévisé, plutôt qu’à leur consternante réalité qui n’a aucune place dans ce spectacle.

La mythomanie généralisée actuelle résulte bien d’un vide abyssal de la personnalité, d’une occultation complète du sujet vivant individuel. Si le spectacle a réussi à dominer toute la vie sociale moderne, c’est bien d’abord parce qu’il rencontrait un tel vide, et qu’il permettait de le combler illusoirement.

«Le spectacle n’est pas un ensemble d’images», notait Guy Debord en 1967, «mais un rapport social entre des personnes, médiatisé par des images». Un tel rapport social définit très précisément l’hystérie.

L’actuelle socionévrose hystérique se manifeste encore par une érotisation ostentatoire de toute la vie sociale moderne, accompagnée d’un manque tout aussi manifeste de satisfaction sexuelle.

La banalisation des images et des spectacles érotiques est assurément un fait nouveau dans nos sociétés. L’industrie florissante et indiscrète de films, de revues et d’ouvrages pornographiques témoigne déjà de cette invasion de notre monde par l’imagerie sexuelle, naguère cachée et honteuse, comme aussi de l’insatisfaction sexuelle de ceux qui s’en rassasient.

Mais plus encore que ce commerce spécialisé, c’est l’érotisation de la publicité, des accoutrements vestimentaires et même du vocabulaire commun qui aurait étonné nos concitoyens d’il y a moins d’un siècle. Est-il besoin de telles mises en scène érotique pour vanter les mérites d’un appareil électroménager ou d’une boisson gazeuse ?

Quant aux conduites sexuelles réelles et surtout aux satisfactions qu’elles procurent, on peut mesurer leur vide tragique à l’aune de telles préoccupations et d’un tel exhibitionnisme. Elles sont, au sens propre, des conduites hystériques.

Cette façon de n’être au monde que par la médiation d’images a donné lieu à d’extravagantes manifestations collectives, caractéristique de notre époque hystérique, et que l’histoire n’avait pas revu depuis le bas Empire romain.

L’extraordinaire importance des rassemblements sportifs d’un bout à l’autre du monde et l’intérêt que leur apportent les médias relèvent bien de l’hystérie moderne. Il en est de même des “divertissement” musicaux actuels. À Woodstock ou à Bercy, comme dans les rues de la “fête de la musique”, des auditeurs-supporters s’identifient aux histrions de l’estrade et se mettent eux-mêmes en spectacles comme amateurs éclairés, recouverts de l’aura de leur modèle admirable. L’identification est si complète et le modèle si parfaitement intériorisé qu’il peut n’être aujourd’hui que fantasmé dans des raves party ou des gay prides.

Cette hystérie collective est aisément mobilisable par les gestionnaires actuels pour diriger les foules et les faire participer à des entreprises utiles dans certaines conjonctures économiques. Les fêtes de Nurenberg, les grandes manifestations fascistes, les défilés de la place Rouge ou la mitlitarisation des écoliers maoïstes ont montré au monde ce qu’un pouvoir pouvait faire à partir d’une telle folie.

Cette utilisation politique de l’hystérie collective est maintenant devenue habituelle. Elle est à l’oeuvre dans toutes les élections des pays dit “démocratiques” : pour chaque candidat, il s’agit de présenter au public une image adéquate à laquelle il pourra s’identifier et, par son vote, se hisser lui-même au niveau de sa propre représentation. Le récent triomphe de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle française en est le plus sinistre exemple, à la limite de la caricature même – et son effondrement sera à la hauteur de ses promesses illusoires.

Claude Covassi