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Aux origines de la crise : les réactions des Etats-Unis (2/8)

Aux origines de la crise : les réactions des Etats-Unis (2/8)

Nous avons vu comment au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale le capitalisme s’est réorganisé. Les pays occidentaux ont pu ainsi connaître une période de croissance rapide et de développement grâce à des compromis sociaux nationaux et aux règles financières mises en place à Bretton Woods. Ce système s’est lézardé dès la fin des années 60. Notamment, les Etats-Unis doivent faire face à une concurrence accrue. Nous allons voir leurs réactions dans cette partie.

A la fin des années des 60, les USA doivent faire face à deux concurrents : l’Europe et le Japon, alliés au plan stratégique, mais rivaux au plan économique. Cette concurrence entame sérieusement leur part dans le produit intérieur brut mondial. Le dollar étant la monnaie de référence, il circule partout dans le monde. Les billets verts s’accumulent dans les coffres des banques européennes. Ce sont les eurodollars. Là, ils sont transformés en or. Ce qui diminue la part des USA dans les réserves mondiales : de 60 % au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, elle passe à 15 %. A cela s’ajoutent les conséquences de l’onéreuse course aux armements avec l’Union Soviétique et de la guerre du Vietnam. Cette dernière est financée par un déficit budgétaire, ce qui génère des conséquences inflationnistes déstabilisatrices pour le système financier international.

Démantèlement des structures de Bretton Woods

Tous ces phénomènes amènent Washington à se dégager des règles internationales qu’elle avait elle-même imposées. Le 15 août 1971, le président Richard Nixon annonce sa décision d’abolir la convertibilité du dollar en or. Le système mis en place à Bretton Woods s’effondre, car l’or en était le garant. Les monnaies se retrouvent laissées à elles-mêmes. Suite logique : les taux de change sont libéralisés. Ils deviennent flottants à tous les endroits de la planète, heure par heure, seconde par seconde. Au grand bénéfice des spéculateurs, qui sortent d’hibernation. En 1973, on instaure le système des changes flottants, encore en vigueur. Après avoir subi relativement peu de bouleversements depuis 1945, nos économies entrent dans une nouvelle ère d’instabilité.

Augmentation des taux d’intérêt et conséquences

En 1979, Paul Volcker, président de la Banque Centrale américaine, procède à un relèvement important des taux d’intérêt, notamment dans le but de casser l’inflation (hausse du niveau général des prix), qui frôle les 10 %. L’inflation permet aux personnes endettées de rembourser leurs emprunts avec de l’argent de moindre valeur. Mais elle implique que les banques voient leurs prêts perdre 10 % de leur valeur. La décision de Volcker montre bien la priorité choisie : la valeur du capital financier et les banques. Toutes les entreprises se retrouvent endettées, mais certaines plus que d’autres. Ainsi, il était bien connu que les entreprises européennes et japonaises, qui financent traditionnellement leurs investissements par des emprunts bancaires, étaient plus endettées que les étatsuniennes, davantage tournées vers la Bourse.

Le cours du dollar monte en flèche et les investisseurs sont attirés. Tous les Etats subissent les conséquences de cette décision. En particulier les pays du Sud : ils ont emprunté à des taux d’intérêt variables, souvent alignés sur ceux de Wall Street et de la City, pour pouvoir bâtir leur industrie. Avec ce brusque relèvement, nombre d’entre eux n’arrivent plus à rembourser. Ce que leur rapportent leurs exportations ne suffit plus. En 1982, le Mexique est au bord de la faillite. L’année suivante, c’est au tour de l’Argentine et, en 1984, le Brésil suit. C’est la crise de la dette. Elle met le système bancaire étatsunien et occidental en difficulté, mais elle permet aux USA d’imposer, via la Banque mondiale et le Fonds Monétaire International, des programmes de restructuration draconiens qui allaient ouvrir l’économie des pays du Sud aux multinationales.

Libéralisation des mouvements de capitaux

La libéralisation des mouvements de capitaux fut décidée au lendemain de l’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher en 1979 avec la suppression du contrôle des changes. Les USA suivent rapidement. La liberté de circulation des capitaux est un élément primordial dans le changement du rapport de forces entre capital et travail, au bénéfice du premier. Le capital peut en effet pratiquer le chantage à la délocalisation afin de comprimer la hausse des salaires réels et réduire la part des salaires dans les gains de productivité. Il peut aussi mettre dans une certaine mesure cette menace à exécution, grâce au fait que des pays pratiquent de bas salaires et ont des normes sociales et écologiques très faibles, voire inexistantes. C’est ce qui fait éclater le compromis social de 1945.

Cette libéralisation s’accompagne aussi d’une dérégulation financière et bancaire, dont une libéralisation des taux d’intérêts. Cette libéralisation est intervenue par la création de vastes marchés obligataires auxquels les Etats font appel pour leurs besoins de financement. Précédemment, ils recouraient à la planche à billet, avec le risque d’inflation à la clé. Sous l’influence de la pensée néolibérale, ils vont chercher leur argent chez les marchés financiers. Les taux d’intérêt se retrouvent libéralisés progressivement car ils vont être fixés comme n’importe quel prix, par la loi de l’offre et de la demande. Avant, ils étaient très encadrés par les Etats.

On assiste à une prolifération progressive de produits financiers. Les grands groupes souhaitent en effet connaître à l’avance leurs taux de change ou leurs taux d’intérêt. Cette prolifération va de pair avec le développement d’immenses marchés de spéculation, développement favorisé par les mesures du gouvernement étatsunien. Nous verrons cela plus en détail dans le prochain épisode.

Sources pour en savoir plus

R. SAVAGE (sous la dir. de), "Histoire inédite de l’économie en Belgique. De 1945 à nos jours", éditions Couleur livres, collection "L’autre économie", Charleroi, 2004.

"La crise du système", Etudes Marxistes n° 84, 2008.

"N’ayons pas peur de l’inflation", par J. SAPIR, in La Revue pour l’Intelligence du Monde n° 17, novembre-décembre 2008.

"Globalisation financière et financiarisation des groupes d’entreprises : le laisser-faire politique", par F. MORIN, dans "Les Groupes d’Entreprises et la Décision politique", CH du CRISP n° 20