Liliane De Gussem02 december 2006 – 20:44

Sifflets, tambours, pour annoncer le démarrage de cette mobilisation des travailleurs métalo qui, aujourd'hui, ne savent toujours pas de quoi demain sera fait...

En plus des représentants des Trois Mousquetaires1 belges, tous vêtus de vert, rouge & bleu, quelques personnages se profilent dans la foule, notamment un représentant solitaire du Chemin de Fer national avec son bel uniforme, largué dans la foule à la recherche de son groupe. Des banderoles étrangères s'agitent parmi la foule : La CGT métallurgie, Bloco de Esquerda portuguais, Syndicat des Travailleurs portugais et espagnols, La Gauche européenne - qui siège au Parlement européen (GUE); plus loin un groupe européen (ETF) qui se préoccupe de la mobilité et du transport dans la Communauté européenne; ensuite, précédant le Parti Communiste et venant d'Italie, une délégation colombienne ainsi qu'une bolivienne sont aussi venues apporter leur solidarité aux travailleurs de VW ainsi qu'à ceux des sous-traitants qui fournissent différentes pièces pour les voitures et qui risquent par la même occasion de perdre leur emploi.

SOLIDARITE est certainement le mot clé de cette manifestation qui, en plus des travailleurs et des travailleuses de chez VW, rassemblent ceux de Renault, Volvo, Ford Genk; tous ceux qui connaissent des problèmes dans le domaine de l'emploi sont aussi venus montrer leur SOLIDARITE à ceux qui souffrent actuellement.
SOLIDAIRES eux aussi parce qu'ils craignent pour leur emploi : le ''non-marchand'', les Services publics et bien sur, ceux de DHL et plus récemment ceux de Kraft : c'est triste Léo va devoir déménager de chez nous ! Bizarre ils seront tous vraisemblablement délocalisés en ex-RDA !

A mi-chemin des militants d'Oxfam, les Sans Domicile Fixe du Boulevard Waterloo qui, avec Manu, vendent un bol de soupe pour offrir des gâteries pour les enfants) manifestent leurs solidarités envers les enfants des travailleurs de VW et se proposent d'organiser une Saint Nicolas peu ordinaire avec le Comité de Soutien VW et sous-traitants en coopération avec le front syndical, le 6 décembre après-midi sur le site même de VW.

Rythmée au tambour brésilien la manifestation continue son chemin. Malgré l'angoisse de l'avenir, tout se déroule dans la bonne humeur; la police n'aura pas à intervenir aujourd'hui : le mot d'ordre des organisateurs est discipline.
Jusqu'à présent personne ne veut faire de commentaires. Probablement attendent-on que leurs portes paroles s'expriment !

Deux heures plus tard, au terminus de la manifestation, un énorme podium abrite quelques musiciens qui donnent l'impression de vouloir couvrir toute la planète de leurs chansons; le bruit est assourdissant faisant palpiter le coeur de chaque personne présente. Il est maintenant l'heure d'entendre ce que leurs représentants ont à dire :
Le premier à s'exprimer est un représentant des Rouges; dans son discours il rappelle que les travailleurs sont dos au le mur; il n'y a pas de négociation possible avec les patrons de VW; le problème de l'emploi n'est pas uniquement belge mais l'Europe toute entière sera concernée par l'emprise des actionnaires et du patronat. Ce qu'ils vivent est un défi monstrueux face à l'Europe sociale. “Mais attention ! Aussi bien les actionnaires que le patronat ont encore besoin de votre aide”.

Lorsqu'un second délégué FGTB prend la parole pour déclarer “il faut continuer à combattre pour trouver des alternatives”, une nouvelle question fuse de la foule : '' mais quelles alternatives ? Vous n'avez plus de programme politique à proposer à vos affiliés !''.

Quant au représentant des Verts, il déclare “l'heure n'est pas pour faire des beaux discours mais à l'action”. Parmi les manifestants des voix s'élèvent et demandent : “Mais quelle action ? C'est nous qui allons perdre notre emploi, qu'ont-il à nous proposer ?''.

Les Bleus ne peuvent dire que “il faut lutter pour son emploi”...

Quelques pas plus loin une ancienne de la Sabena demande à la ronde : ''vous croyez encore à ce que racontent les délégués syndicaux ? Nous, ex-personnel de Sabena, nous avons payé le prix fort de notre naïveté, croyant que le monde syndical défendait notre emploi. Regardez où nous en sommes !''.

De déception en déception, après l'écoute du Trio Syndical, et des commentaires alentour, il est difficile pour les manifestants de ne pas se sentir désabusés, de croire encore à ce qui leur est dit, malgré le dernier brin de musique. Chacun retourne chez lui en ayant un goût amer et en se disant “le primo ministre est un pantin des multinationales”.