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Piano Solo: How far can you fly?

Piano Solo: How far can you fly?

En guise de clôture de la 10ème édition du festival du film méditerranéen était projeté le film italien « Piano Solo » de Riccardo Milani qui retrace la vie du pianiste de jazz Luca Flores. Un film à l’image de l’artiste : hanté, troublant dont on pressent dès les premiers plans qu’il ne nous laissera pas indifférents

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Ce qu’il y a de bien avec les films italiens c’est qu’ils obéissent à des codes esthétiques similaires – du moins en ce qui concerne les productions récentes, nous mettrons donc de côté les grands noms du 7ème Art qu’il s’agisse de Fellini, Rossellini ou encore Pasolini. Et le moins que l’on puisse dire c’est que « Piano solo » ne déroge pas à la règle, les images y sont superbement voilées, l’omniprésence de la chromatique grise auquel se mêle subtilement des rayons de lumière naturelle, l’utilisation des diagonales et des symétries dans les plans de narration, le traitement du thème familial comme clé de voûte bref ce genre de petits détails qui sans doute n’intéresse personne. En un mot, les images viennent comme envelopper les failles de nos personnages, les porter au-delà d’eux-mêmes.Et se porter au-delà de soi-même voilà bien toute la problématique qui aura entouré l’existence du pianiste virtuose Luca Flores.

C’est sous le soleil brûlant du Kenya que le petit Luca grandit entouré de sa famille et qu’il voue un amour filial absolu à la figure quasi mystique que représente sa mère. Cette relation entre mère-fils sera à jamais anéantie par un drame banalement humain, un accident de voiture qui lui volera celle qui sans doute restera la femme de sa vie. Pour noyer cette souffrance indicible, Luca va se lancer à corps perdu dans l’apprentissage du piano plus que pour le simple plaisir d'en jouer, par souci de survie. La musique deviendra alors son refuge, son rempart contre le désespoir. D’un brillant soliste classique, tiré par des rencontres hasardeuses, il découvre alors le jazz, le chant du désespoir par excellence. De cette rencontre là encore sans doute il ne relèvera pas.

En faisant ses armes dans un petit club de jazz florentin joliment appelé « La Rosa » il percute de plein fouet son existence à cet étrange sentiment qu’est l’amour. Et l’amour en ce cas présent répond au doux prénom de Cinzia. Tandis que se renommée se fait grandissante, qu’il accompagne même jusqu’au Saint des jazzmen Chet Baker, le passé ne cesse de le hanter. L’image maternelle laissée sur le bord d’une route ensablée, le poids d’une culpabilité qu’il va se créer vont peu à peu lui faire perdre la raison. Et doucement mais implacablement Flores va sombrer dans des abysses paranoïaques et dans le plus poisseux des deliriums. Pour exorcicer cette folie qui le consume et qu’il peut encore appréhender il disparaît alors dans la musique, délaissant le monde qui l’entoure. L’amour, qu’il soit familial ou passionnel, se révélant bien trop faible pour le ramener à la surface de sa propre existence.

Commence alors la lente agonie, la noyade programmée d’un génie insoupçonné. Et les gammes elles non plus bientôt ne l’apaiseront plus. Comme le dira le personnage incarné avec toute la clairvoyance et justesse de l’excellent Kim Rossi Stuart ( dont je ne peux que vous inviter à visionner son tout excellent film Libero) : « Je lutte pour ne pas être englouti par des idées négatives ». Mais de la folie peu ne revienne et la tragédie n’est pas forcément l’apanage des grecs…

Piano Solo est un film dont on connaît la fin. Et finalement cela tombe assez bien car le réalisateur évite ainsi l’écueil des lieux communs habituels. Son film n’a dans le fond rien de mièvre, au contraire plus le temps avance et plus les couleurs se font chaudes, les plans suffoquants. On pénètre les errances de Luca pas à pas et le cinéma c’est cela, ça n’est même rien d’autre que ça.