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"Pour réaliser un film, je suis prêt à aller à l’autre bout du monde" (Nabil Ben Yadir, réalisateur du film "Les Barons")

"Pour réaliser un film, je suis prêt à aller à l’autre bout du monde" (Nabil Ben Yadir, réalisateur du film "Les Barons")

Un scénario plus qu’étonnant. Nabil Ben Yadir l’a écrit et réalisé dans son premier long métrage “Les Barons”. Un rêve devenu réalité, le “rêve américain” version bruxelloise. De façon modeste et sincère à la fois, il partage une partie de son parcours dans cet interview. Il sait exactement d’où il vient et où il veut aller.

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Un scénario plus qu’étonnant. Nabil Ben Yadir l’a écrit et réalisé dans son premier long métrage “Les Barons”. Un rêve devenu réalité, le “rêve américain” version bruxelloise. De façon modeste et sincère à la fois, il partage une partie de son parcours dans cet interview. Il sait exactement d’où il vient et où il veut aller.

Vous avez commencé l’écriture lors de votre adolescence. Y a-t-il eu un événement déclencheur qui vous a motivé à écrire ?
J’ai toujours aimé raconter des histoires. J’ai commencé l’écriture très tôt, à l’école. J’écrivais des “faux mots” des parents, les petits mots pour justifier l’absence d’un élève. Je l’écrivais et je le vendais à 50 francs. J’ai donc commencé dans l’illégalité en faisant des faux mots. (rire) C’était un peu l’élément déclencheur. Je me suis rendu compte que ça marchait. Et j’essaie à chaque fois d’être original dans la manière d’écrire les histoires, les scénarios etc.

Vous étiez également acteur (“Au-delà de Gibraltar”, “9mm”). Avez-vous eu des ambitions de devenir humoriste stand-up?
Oui, puisque “Hassan”(le personnage dans “Les Barons”) c’est un peu moi, mais je n’ai jamais osé. Monter sur scène et raconter sa vie, c’est très compliqué car il faut oser. Et en devenant scénariste, c’est un peu pareil, sauf que je ne m’expose pas. Je préfère rester discret. Monter sur scène et y raconter sa vie c’est un exercice que j’aimerais faire, et que je ferai peut-être un jour, mais j’ai toujours ce trac. Et je me dis “en quoi ma vie serait intéressante pour que les gens se déplacent pour me voir”.

Votre vie est assez intéressante pour en faire un film, vu que “Les Barons” est partiellement autobiographique. Vous y racontez un peu votre vie, n’est-ce pas?
Oui tout à fait, mais on a des gens comme Jan Decleir et Edouard Baer , on les met devant. Je raconte ma vie mais je me mets derrière, je ne me montre pas. J’aime imaginer des plans, derrière la caméra, comme un espèce de chef d’orchestre, visualisant le tout en image.

Vous en avez fait votre métier. Comment vous y êtes-vous lancé?
On vous dit “Tu as une caméra, tu fais ce que tu veux, amuses-toi”. Je n’ai pas de références cinématographiques. Je n’ai pas été dans une école spécialisée. J’ai la liberté de faire ce que je veux sans me prendre la tête. Je connais le béaba des codes du cinéma, mais personne me l’a appris.

Maintenant que vous avez appris à connaître le métier, qu’est-ce que vous avez remarqué que vous ne connaissiez pas encore?
L’image, voir le résultat, que les gens rient à des moments bien précis, que les gens pleurent à des moments où vous voulez qu’ils versent une larme. C’est ça qui est intéressant. Que nous avons décidé de donner de l’émotion et que l’émotion marche. C’est super! Mais c’est également dangereux une caméra, car on peut vous faire avaler n’importe quoi.

L’actrice Amelle Chahbi a également choisi de jouer le rôle de “Malika” car elle trouvait son personnage innovant, vu qu’elle recevait souvent des propositions de rôle de femmes battues et martyrisées. Mais elle a aimé le rôle de Malika, une femme épanouie qui fait ses propres choix, c’est rare de voir cela au cinéma.
Oui, on ne le voit pas souvent parce que cela ne correspond pas aux stéréotypes qu’on voit à la télé, qu’une femme peut être d’origine maghrébine, qui a réussi, qui est intelligente et qui fait des choix personnels. Ce n’est peut-être pas intéressant pour certaines personnes, car il faut les montrer comme ‘femmes battues’, ‘femmes soumises’. Ne montrer que ça, c’est mentir. Occulter une vérité, pas dire toute la vérité, pour moi c’est mentir. Je ramène une autre réalité. Car les ‘Hadja Lahbib’ et ‘Hakima Darmouche’ existent [journalistes, présentatrices du JT]. Il y a pleins de jeunes et de gens avec ce profil.

Pensez-vous avoir réussi à ouvrir une porte pour les femmes maghrebines pour le même genre de rôles à l’avenir?
Je ne sais pas, mais en tout cas dans mes films, j’essaierai de montrer les choses qui ne se montrent pas. Continuer sur ma lancée, avec la comédie ou un autre genre. Pour réaliser un film, je suis prêt à aller à l’autre bout du monde, tout en restant fidèle à mes histoires et mon cinéma.

Est-ce que vous avez été soutenu par vos proches, car un long métrage est un projet de longue haleine?
Le cinéma est tellement abstrait, c’est tellement inimaginable de faire du cinéma et de faire un film avec Jan Decleir, que les gens attendent…Au début c’est comme une utopie, “oui, il ne va jamais le faire…”. Les seules personnes qui m’ont vraiment soutenu ce sont mes frères, mais surtout ma mère. C’était son rêve, et j’ai réalisé en quelque sorte son rêve en poursuivant le mien.

Voyez-vous une différence avec votre premier court métrage, “Sortie de Clown” et maintenant “Les Barons”, qui est votre premier long métrage?
Ah oui, un long métrage est beaucoup plus visible. Aujourd’hui nous sommes en première page du Soir, du MAD, de “La Libre Culture”, de “La Capitale”, on a 3 pages dans Télémoustique. On est partout, c’est énorme. Il a vraiment un truc incontrolable, que tout le monde se dit, “il y avait une attente pour ce film”. Cela me met un peu la pression, mais c’est super.

Un peu de pression ne peut mal, cela doit sûrement vous motiver davantage?
Oui, je ne travaille qu’avec la pression, l’envie d’aller au bout de quelque chose. Voilà je suis fière que “Les Barons” existe et qu’il est exploité au cinéma dans des grandes salles telles que le Kinepolis et l’UGC. Et que c’est un film belge. Les gens ne disent pas “ah oui c’est un film marocain”, non car c’est un film belge.

Justement vous avez clairement dit que vous vouliez éviter toute histoire sur l’intégration. Dans un premier temps vous aviez écrit dans ce sens là et plus tard vous avez mis à la poubelle votre première version, comme vous l’expliquez dans une autre entrevue. Qu’est-ce qui vous a motivé dans ce choix?
Parce que quand je me réveille le matin je ne me dis pas “est-ce que je suis intégré ou pas?”. Je suis né à l’hôpital Saint-Jean à Bruxelles centre-ville. De quelle intégration parle-t-on? Si en plus je devrais parler de cela, ça voudrait dire qu’on a un problème. Ce sont de gros clichés et c’est faux. Pourquoi demande-t-on encore à une personne qui est née à Bruxelles de s’intégrer à Bruxelles. Elles sont intégrées. Certaines personnes, ayant des apriori sur cette communauté, devraient les intégrer dans leur tête. A partir de ce moment là, tout ira bien. J’espère qu’ils les feront passer de leur tête à leur cœur, mais c’est encore un long chemin.

Est-ce que l’humour pourrait y contribuer?
Il faut d’autres films, car l’humour est la seule manière de dire les choses dures.

Quelle est votre partie préférée du film?
(rire) J’ai souvent vu le film et j’ai du plaisir à le voir… c’est une question à laquelle je n’arrive pas à répondre. J’espère que les gens prendront du plaisir à voir le film comme j’ai pris le plaisir à le réaliser et comme les comédiens ont pris le plaisir à le jouer.

Comment vous êtes-vous senti après avoir terminé la réalisation de ce film, quand tout était bouclé, prêt à être lancé pour la promo?
J’ai eu envie de dormir pendant un an. Je me suis dit “je vais rentrer chez moi et je vais éteindre mon gsm pendant un an”, car c’est beaucoup de travail, de discussions, de rencontres, de collaborations, à trouver des idées artistiques. Mais c’est un bonheur de voir les gens rire lors d’une avant-première et voir qu’ils ont compris le film, qu’ils en avaient les larmes aux yeux. C’est le plus beau cadeau.

Ainsi vous observez votre public, vous allez dans la salle de projection…
Je prends un plaisir à les voir dans les salles, voir comment ils réagissent. Lors de l’avant-première nous avons eu beaucoup de bonnes réactions. C’était magnifique. C’est très agréable. J’en garde d’excellents souvenirs. Toutes les rencontres en tournant ce film sont de très belles rencontres. Par exemple, j’ai toujours rêvé de travailler avec Jan Decleir, un grand acteur. Et lui entendre dire que pour lui “Les Barons” est un des meilleurs films qu’il a fait, c’est le plus beau des cadeaux.

Là vous avez non seulement reçu une collaboration de rêve mais également un compliment de la personne qui a contribué à réaliser votre rêve. Quels sont vos projets d’avenir?
Il y a pleins de projets. Je continue à écrire.