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Congo / Pour les habitants du Kivu, Kabila remporte les présidentielles

Congo / Pour les habitants du Kivu, Kabila remporte les présidentielles

Uvira, Bukavu – Dans l’est du Congo et à  coup sûr dans la province du Sud-Kivu, c’est Joseph Kabila qui, sans le moindre doute, remporte les élections présidentielles. La population y reconnaît massivement le grand mérite de Kabila : il est allé jusqu’à  mettre sa tête en jeu pour le rétablissement de la paix.

Uvira, dix jours après les élections historiques du 30 juillet. La commission électorale (CEI) loue une maison en construction. À l’étage, les maçons s’affairent. Au rez-de-chaussée, les officiels se démènent parmi des monceaux de résultats qu’on leur a apportés depuis les territoires (arrondissements) de Fizi et Uvira. Les résultats de la course à  la présidence ne sont pas encore connus mais personne ne doute d’une large victoire du président en exercice Joseph Kabila.
Des données très partielles encore pour l’ensemble du pays attribuent à  Kabila 51 % des voix, contre pas même 20 % à  son plus proche rival, Jean-Pierre Bemba. Mais les résultats des grandes agglomérations de l’est, comme Lubumbashi au Katanga, Kisangani dans la Province-Orientale et Bukavu, le chef-lieu de la province du Sud-Kivu, ne sont pas encore rentrés. Ces résultats feraient fortement pencher la balance en faveur de Kabila. Va-t-il gagner directement au premier tour ? On ne le saura que lorsque tous les résultats auront été enregistrés. La date limite de leur publication demeure toujours fixée au 20 août.
Au Sud-Kivu, Kabila est on ne peut plus nettement en tête. À Bukavu, 80 % des électeurs auraient voté pour lui. Ailleurs dans la même province, à  l’exception de Minembwe, les concurrents de Kabila font encore moins bien. Toutefois, Minembwe est un cas à  part – sur les plans ethnique et politique. Dans cette région éloignée des Hauts-Plateaux surplombant Uvira, la communauté banyamulenge prédomine. L’ancien rebelle et vice-président Azarias Ruberwa est originaire de cette région. Mais, même là , Kabila a arraché la victoire avec une différence de quelque 900 voix.
Le facteur principal qui détermine le comportement électoral dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu n’est autre que la guerre. La région, du nord au sud, est limitrophe de l’Ouganda, du Rwanda et du Burundi et c’est elle qui a dû subir le plus gros choc du tumulte politique qui, ces quinze dernières années, a déferlé sur le pays et qui provenait en partie aussi de ces pays voisins. Mais, ce qui rend la population extrêmement sceptique et attentive, c’est surtout le traumatisme de la deuxième guerre qui, dès août 1998, a débuté par une invasion à  partir du Rwanda et de l’Ouganda et a débouché sur la terreur d’une occupation qui allait se prolonger jusqu’en 2003.
Joseph Kabila qui, en janvier 2001, a succédé à  la présidence à  son père assassiné, vient non seulement à  bout des sceptiques, mais il est également le héros de la population. Les gens l’appellent familièrement « le petit » ou « notre fils ». Il est l’« Artisan de la Paix », l’homme qui a subi de multiples humiliations afin de préserver l’intégrité du Congo et, en fin de compte, rétablir la paix dans le pays. L’opinion publique a ensuite en tête les humiliations politiques et militaires. Kabila a accepté la fameuse formule « 1 + 4 », c’est-à -dire un président flanqué de quatre vice-présidents, qui a amené au sein du gouvernement les anciens rebelles et collabos de la guerre Bemba et Ruberwa. Cette formule a été imposée au Congo par l’Occident, suite à  des négociations. Mais, au sein de l’Union européenne également – même si c’est encore en coulisse –, on reconnaît aujourd’hui que cette formule 1 + 4 a été une catastrophe, et pour la gestion de l’État congolais, et pour les caisses de l’État. En juin 2004, Kabila a dû se pencher sur la façon dont le mutin Laurent Nkunda, soutenu par le Rwanda, semait la terreur à  Bukavu. Beaucoup estiment que Kabila n’est pas intervenu militairement du fait qu’agir de la sorte aurait relancé la guerre contre le Rwanda. Comme le dit la chanson de Koffi Olomide : « Tia Moto Bakata » (pour son peuple, le président a mis la tête sur le billot).
La propagande anti-Kabila, qui prétend que Joseph Kabila est « un Rwandais », fait peu impression. Les gens reconnaissent qu’il ne se comporte pas comme un Congolais, puisqu’il prend le temps d’écouter et de décider. D’où son surnom de « Monsieur Subiri », en congolais-français : « Voyons voir », alors que les Congolais moyens, selon leurs propres dires, passent volontiers à  l’action avec beaucoup de fougue. Mais de là  à  en faire un étranger ? À Uvira, une militante des droits de l’homme du Groupe Jérémie – faisant partie des observateurs électoraux le 30 juillet – présente sa série d’arguments. Joseph Kabila est originaire du Katanga; son père, sa mère et ses ancêtres sont connus ; des historiens ont prouvé tout cela de façon irréfutable. En outre, le général Sylvestre Lwetsha a témoigné de la façon dont il a vu grandir Joseph Kabila et sa sÅ“ur jumelle Jeannette dans le maquis dirigé par leur père à  Hewa-Bora, un coin éloigné du Sud-Kivu. Et il ne serait pas congolais ? Quoi encore ? Kabila a amené la paix et, de par ce seul fait, il est « plus que Congolais ».
De même, les accusations proférées par certaines ONG européennes et prétendant que Joseph Kabila a bazardé les richesses du Congo et surtout l’entreprise minière de l’État, la Gecamines, à  des étrangers plus que douteux, n’écornent même pas ses principaux mérites. Nous ne savons rien de cette histoire, répond-on du côté d’Uvira, nous savons seulement combien nous avons souffert de la guerre et à  quel point nous sentons aujourd’hui que la paix est revenue.
Des individus menacent de replonger le Congo dans le chaos si Kabila devait quand même perdre les élections. Mais les organisations de base au Sud-Kivu, qui sondent sans arrêt l’opinion publique, préparent de nouvelles actions pour expliquer que les gens doivent accepter le résultat des élections quel qu’il soit. Le 11 août, par exemple, un séminaire a encore eu lieu à  ce propos au siège de l’ONG L’Arche d’Alliance, à  Uvira. La question reste de savoir si la population va descendre en masse dans la rue pour donner force à  ses préférences électorales. S’il faut en croire les experts de la MONUC, la force des Nations unies, elle s’est surtout montrée très tolérante envers les anciens collaborateurs et leurs partis.