Awaydays by Pat Holden

Liverpool, sa région, le Punk est mort. Vive le Post-Punk.

Carthy est un jeune garçon sans histoire, à peine endeuillé par la disparition de sa mère, il fait la rencontre de Elvis- un garçon sombre aux Forest Hills virginales. Elvis fait parti du groupe "The Pack"- pas exactement de type gendre idéal, le groupe tue le temps dans des escapades un peu particulières. Nous sommes aux prémisses d'un mouvement d'un autre genre: le Hooliganisme. Et pour intégrer "The Pack", le rite initiatique veut que l'on prennent les armes et pas n'importe lesquelles: celle du groupe est le cutter.

Voici donc l'histoire hors-norme d'un garçon sans histoire, dont rien ne semblerait pouvoir expliquer ce goût si cru pour le sang et l'annihilation. Une histoire qui vous provoque et de suite vous met KO.

Dans des scènes de bagarre d'une rare violence, le regard plein de fureur de Carthy le trahit. Il ne frappe pas les autres 'lads' en réaction à quelque chose, il répand le sang pour assouvir un désir profond de destruction. Le film décrit avec une justesse effrayante l'absence de remise en cause de la barbarie de ces jeunes, enrôlés dans un cercle de camaraderie viril où le système hiérarchique permet de contrôler chacun. Mais les jalousies peu à peu se laissent deviner, les relations de plus en plus troubles apparaissent. Et tout semble inéluctablement mener "The Pack" au Clash. Détruire, détruire pour exister, voilà qui pourrait être le credo du groupe.

Pat Holden, cinéaste anglais qui signe ici son deuxième long-métrage, ne ménage pas le spectateur. Il retransmet avec une fidélité glaçante de réalisme la folie meurtrière de "The pack". Il dépeint sans jamais apposer de jugement un regard distancié sur le Hooliganisme qui sans doute choquera une majorité des spectateurs mais l'audace dont il faut preuve, au travers de cette histoire - vraie, de surcroît - le place indiscutablement dans la veine du cinéma social britannique rappelant le "This is England" de Shane Meadows. Il nous a confié, après la projection de "Awaydays" qui lui avait fallu pas moins de dix ans pour trouver les financements nécessaires à la réalisation du projet. Rendons grâce ce soir aux producteurs qui osent prendre des risques.

S'il fallait encore vous convaincre d'oser aller voir le film pour vous faire votre propre opinion, la bande son regorge des meilleurs titres de Joy Division.

Le film a été projeté ce lundi soir à 20h à Flagey
dans le cadre de la compétion officielle du Brussels Film Festival.

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